La polémique autour des fonds de l’armée détournés n’a pas encore fini de faire couler de l’encre et de la salive que voici de nouvelles affaires qui mettent, de nouveau, le ministère de la Défense au centre du débat public. De nouveaux contrats mettant en cause des hommes d’affaires cités dans le rapport d’enquête qui a fait scandale, il y a quelques mois, sont mis à nu par notre confrère, L’enquêteur. Une information qui jette le pavé dans la mare, éclaboussant, cette foisci, le ministre Issoufou Katambé, cité alors en référence pour avoir dénoncé le scandale et préconisé la peine de mort à l’encontre des auteurs reconnus coupables. Deux contrats, l’un de 8,5 milliards, l’autre de 7,1 milliards, sont donnés, selon notre confrère, à WOPS S.A, une société dont l’identité du propriétaire reste inconnue tandis qu’un marché de 1,750 milliards a été attribué, de gré à gré, à Elhadj Moussa Rambazo, un homme d’affaires résidant à Tahoua. Quant à Mamane Nagari, dont le nom est clairement cité dans le rapport d’audit, il s’est taillé un marché de 606,621 millions de francs CFA.

Des affaires planifiées et exécutées à la veille de la clôture budgétaire, un moment propice aux grandes manoeuvres destinées à carotter des ressources budgétaires non dépensées

Ces marchés, octroyés dans des conditions obscures à des sociétés dont on ignore tout et/ou à des hommes d’affaires épinglés par les enquêteurs dans le premier scandale, rappellent opportunément que les pratiques mafieuses qui ont choqué les Nigériens ont toujours cours. L’impunité, et probablement les méthodes utilisées pour faire obstruction à la justice, ont été un terreau fertile sur lequel ont germé de nouvelles affaires. Des affaires planifiées et exécutées à la veille de la clôture budgétaire, un moment propice aux grandes manoeuvres destinées à carotter des ressources budgétaires non dépensées. C’est justement courant octobre 2020 que WOPS S.A a bénéficié des deux marchés dont les montants cumulés font 15, 6 milliards.

À qui, donc, appartiennent ces sociétés qui se taillent la part du lion et qui ne se revendiquent d’aucun de ces saigneurs du ministère de la Défense ?

À l’instar de WOPS S.A qui vient de rafler 15,6 milliards de francs CFA, dans des conditions non encore élucidées, et dont on ne connaît rien sur l’identité du propriétaire, d’autres sociétés, épinglées dans le premier scandale, ont servi à des individus de faire main basse sur les ressources publiques dans une omerta totale. À qui, donc, appartiennent ces sociétés qui se taillent la part du lion et qui ne se revendiquent d’aucun de ces saigneurs du ministère de la Défense ? WOPS S.A, qui ne figure pas dans la liste des sociétés épinglées dans le rapport d’audit qui s’est retrouvé sur la place publique inaugure manifestement une autre ère du wassoso qui ne finira sans doute qu’avec la fin du système. Le message est clair : la justice, c’est nous. Mal équipée et dans certains cas, équipée de matériels défectueux qui lui ont été livrés par des fournisseurs convaincus de leur impunité, avec la complicité de commanditaires véreux, l’armée nigérienne doit manifestement continuer à servir de vache à lait à une sorte de camarilla décidée à y pomper le meilleur. La reprise des pratiques mafieuses qui ont été faites sur le dos de l’armée nigérienne atteste de la solidité du système. Ceux qui sont impliqués dans cette affaire, qui a tant coûté au Niger, en ressources financières mais surtout en hommes, militaires et civils, sont assurés de leur impunité. Ce sont des intouchables sous ce régime. Le message est clair : la justice, c’est nous. Issoufou Mahamadou termine, selon toute vraisemblance, comme il a commencé, c’est-àdire dans la gouvernance la plus scandaleuse de l’histoire politique du Niger. Il ne s’est jamais remis en cause.

YAOU