De l’injustice naît l’arbitraire et l’arbitraire conduit à la frustration, puis à la révolte et insurrection, ce qui est mène au conflit et fatalement au déchirement ». Le Niger, bien entendu, a déjà parcouru une bonne partie de ce parcours diabolique dans lequel l’a installé la gouvernance d’Issoufou Mahamadou. Si nous ne sommes pas encore dans l’insurrection, le chaos et le déchirement, nous sommes au bord du précipice car il y a longtemps que la révolte a sonné dans les coeurs et les esprits des Nigériens. La moindre étincelle pourrait mettre le feu aux poudres et tout ça à cause de la lâcheté, de l’hypocrisie et de la corruption des hommes. La vérité est bien meilleure conseillère, mais au sein de la classe politique nigérienne, on a choisi de couronner plutôt le mensonge, le faux, l’hypocrisie, la lâcheté, en lieu et place de la bravoure, de la vérité, de l’honneur et de la dignité. Le mal du Niger tire sa source de cette tendance de plus en plus prononcée à faire passer le mal pour le bien, à aimer le mal et à l’adouber, à privilégier le faux sur le vrai. A l’épreuve de faits qui ne souffrent d’aucune ambiguïté, les leaders politiques nigériens ont encore étalé la preuve que leur patriotisme s’arrête aux confins de leurs petits calculs mesquins.
Dans l’affaire Bazoum, tous disent et soutiennent en privé que le candidat du Pnds Tarayya n’a pas qualité, selon les dispositions de l’article 147 de la Constitution Constitution, pour briguer la magistrature suprême mais en public, il n’y a eu que deux d’entre eux qui se sont ouvertement prononcés sur la question. Il n’y a eu que Hama Amadou du Moden Fa Lumana Africa et Mahamane Hamissou du Pjd Hakika qui ont osé dire que Bazoum doit d’abord prouver qu’il n’est pas celui qu’on l’accuse d’être. Tous les autres, par lâcheté et calculs mesquins, se sont tus sur la question, plus préoccupés à cogiter sur des strapontins et quelques liasses de billets de banque à empocher qu’aux intérêts supérieurs du Niger. Aucun, à l’exception de ces deuxlà, n’a osé dire tout haut ce qu’il pense tout bas. Pire, il y en a comme Seïni Oumarou qui ne se sont pas contentés de se taire, mais ont enfoncé le couteau dans la plaie. Lisez ce qu’il répond à Jeune Afrique qui l’a interviewé, il y a quelques trois semaines, aujourd’hui. Jeune Afrique lui fait remarquer que la coalition de l’opposition estime que le code électoral et le fichier électoral biométrique ne garantssent pas un scrutin crédible, Seïni Oumarou indique que les leaders de l’opposition lui ont fait part de leurs revendications et pour la plupart, elles ont été satisfaites, notamment l’établissement d’un fichier biométrique.
Sur la question relative à Bazoum, justement, Seïni Oumarou estime que Bazoum a fait toute sa carrière au Niger et qu’il a objectivement beaucoup apporté. Il ne connaît que le Niger et aucunement la Libye où certains disent qu’il pourrait être né. L’écarter pour une question de nationalité d’origine serait dommage. Légèreté ou calcul mesquin ? Les deux à la fois peut-être ? Quoi qu’il en soit, le président du Mnsd Nassara ne trouve pas scandaleux que Hama Amadou soit recalé pour un article du code électoral dont il connaît parfaitement l’histoire de la genèse, mais ne se gêne pas pour estimer dommage que Bazoum, dont les pièces d’identité sont contestables, soit recalé.
Jusqu’à preuve du contraire, la certitude n’est pas encore faite que Bazoum est né au Niger ; En revanche, le journaliste Baba Alpha est né au Niger. Où était alors Seïni Oumarou lorsque le même Bazoum l’a fait emprisonner et chasser ensuite du Niger ? N’est-ce pas choquant et désespérant ? Avec ça, on aspire à diriger le Niger.
Dans une poignée de jours, le Niger va aller à des élections locales. Pourtant, tout est incertain. La distribution des cartes électorales se poursuit cahin-caha, mais les bulletins de vote, eux, sont encore sous presse. Les partis politiques n’ont même pas eu, pour une première fois, des spécimens de bulletins pour faire la campagne. Selon toute vraisemblance, ces bulletins risquent d’être disponibles, seulement, à deux ou trois jours avant la fin de la campagne. De toute façon, au regard du délai impossible à Tenir pour les imprimeurs, les bulletins de vote ne seront pas dans les 25 798 bureaux de vote prévus. Avec un territoire aussi vaste que le Niger, le challenge est perdu à l’avance pour la Ceni.
Dans cette confusion qui semble avoir été rigoureusement planifiée et exécutée de sang froid, il n’y a eu aucune place pour le Niger. Seuls des intérêts particuliers et particularistes ont prévalu, l’essentiel étant, pour la plupart des acteurs, de continuer à se faire de l’argent sur le dos du peuple. Dans une totale insouciance pour les conséquences sur le Niger. C’est cette perte de valeurs, politiques et morales, qui plombent la démocratie nigérienne depuis trois décennies, aujourd’hui.
Lorsqu’on refuse d’aller à une majorité qu’on traite de surcroît de satanique et qu’on rampe carrément, par la suite, pour gagner quelques strapontins pour soi et ses affidés, on représente forcément une contre-valeur dont le Niger n’a pas besoin.
De même, lorsqu’on cautionne le faux au point de lui trouver de l’élégance et des atouts à exploiter pour soimême, l’on ne peut être garant des intérêts de ce peuple nigérien fier et valeureux. Il faut, de toute évidence, que les Nigériens comprennent que celui qui cautionne le faux et qui lui trouvent des attraits, n’est bon que pour la poubelle de l’histoire.
Bonkano