Du jeudi au 3 au vendredi 4 décembre, une mission conjointe de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine a séjourné à Niamey dans le but de «pré-évaluer » le processus électoral en cours. A l’issue des rencontres qu’elle a eues avec les différents acteurs, cette mission conduite par le président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, a relevé un «climat de méfiance» persistant entre les différentes parties prenantes. Sortie de son contexte diplomatique, cette observation veut tout simplement dire que le processus électoral en cours au Niger n’est pas consensuel. C’est pourquoi sans doute la mission de la CEDEOA et de l’UA a invité les différents acteurs à aller vers un consensus, invitant au passage les candidats à l’élection présidentielle à élaborer et à signer un «code de bonne conduite». La démarche de la CEDEAO et de l’UA d’envoyer cette mission au Niger est certes salutaire. Mais elle intervient trop tard étant donné que la campagne électorale pour les différents scrutins est déjà lancée. Cette mission serait la bienvenue et les Nigériens l’auraient beaucoup applaudie si elle est venue quelques mois plus tôt. Aujourd’hui, le processus électoral est totalement pris en otage par le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDSTARAYYA) dont le candidat à l’élection présidentielle Bazoum Mohamed est entré très tôt en campagne sous le couvert d’une prétendue «visite de proximité» aux militants de son parti. Bénéficiant de la complicité de toutes les institutions chargées de veiller au respect strict de la Constitution et de la loi électorale ; l’homme a parcouru des dizaines de villes et villages du Niger en animant des meetings au cours desquels il tenait des discours tendant à vanter sa candidature à l’élection présidentielle. Pire et la mission conjointe de la CEDEAO et de l’UA l’a sans doute appris des bouches les plus autorisées, le PNDS-TARAYYA et son candidat ont refusé le moindre consensus autour de la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et de la Cout constitutionnelle dont le rôle est déterminant dans l’organisation d’une élection. C’est la première fois, depuis 1993 qu’il organise des élections démocratiques, que le Niger aborde des élections sans le moindre consensus entre les différents acteurs, par la seule volonté du parti au pouvoir qui veut, à tout prix, gagner les élections. L’appel de la mission de la CEDEAO et de l’UA de recourir aux juridictions pour régler tout différend peut-il être entendu quand certains acteurs du processus électoral ont de sérieuses réserves sur l’indépendance de ces juridictions ? Par leur tendance à vouloir plaire aux pouvoirs en place, même lorsque ces derniers foulent aux pieds les règles élémentaires de la démocratie, la CEDEAO et l’UA sont en train de perdre leur crédibilité aux yeux des peuples des peuples de leurs pays membres.
Hamidou Bello