Message du Général Salou Djibo aux Nigériens

Mardi 15 décembre 2020

 

                                                  MESSAGE DU GENERAL SALOU DJIBO AUX NIGERIENS

 

Nigériennes, Nigériens
Mes chers compatriotes

Dans deux semaines, le 27 décembre 2020, inch'Allah, les Nigériens se rendront aux urnes pour choisir leur Président de la République et leurs députés.

Nous mesurons tous l'importance de ces élections pour notre pays. Il s'agit en effet de désigner ceux qui vont présider aux destinées du peuple nigérien pour les cinq années à venir dans un contexte difficile marqué par l'insécurité et l'aggravation des conditions de vie du plus grand nombre de nos compatriotes.

Mes Chers compatriotes.

Vous conviendrez avec moi qu'au regard des enjeux et de la situation difficile dans laquelle
se trouve notre pays, tous les acteurs politiques et institutionnels doivent résolument œuvrer pour des élections libres, justes et transparentes, dans le strict  respect de loi : c’est cela l'intérêt du Niger, notre chère patrie.

 

Or, force est de constater que l’évolution actuelle de notre processus électoral, si nous ne prenons garde, laisse présager une crise politique et des lendemains incertains pour notre patrie le Niger.

En effet depuis plusieurs semaines, le climat politique est en train de se crisper autour de la question de l’éligibilité des candidats aux élections présidentielles.             .

Pourtant, notre Constitution et notre code électoral ont clairement posé les conditions  d’éligibilité aux élections présidentielles.

Mes chers compatriotes,

Le 13 novembre 2020, la Cour Constitutionnelle a rendu son arrêt sur l'éligibilité  des candidats aux élections présidentielles.

Il ressort de cet arrêt que les candidatures de onze de nos compatriotes ont été rejetées comme non-conformes à la loi alors que trente candidatures ont été validées comme conformes à la loi. C’est le lieu de saluer ici l'attitude des candidats qui pour préserver la paix sociale et par respect de la loi, ont pris acte avec élégance et patriotisme de l'invalidation de leur candidature indépendamment de l'acceptation ou non par eux des motifs de cette invalidation. .

Cependant, plusieurs candidats en lice contestent encore la validation de la candidature d'un des candidats, en occurrence Monsieur Bazoum Mohamed.

Les contestations sont sérieuses. Car elles portent sur la nationalité d'origine du candidat Bazoum Mohamed.

Pour rappel, la condition de la nationalité d'origine est une exigence de la Constitution en son article 47 ; exigence qui a fait l’objet d’un consensus de la classe politique nigérienne.

Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes.

La justice nigérienne saisie de cette affaire a alors jusqu’ici rendu des décisions
incomprises par une grande partie de la population, de la société civile et ,des acteurs politiques. Car, à tort ou à raison, elles ont davantage jeté le doute sur l’éligibilité de Monsieur Bazoum Mohamed et exacerbe les tensions politiques.                                                          .

En effet les Nigériens ont relevé que dans un arrêt N° 07/CC/ME du 19 novembre 2020, la Cour
a rappelé que  monsieur Bazoum Mohamed a soutenu sur .son honneur et devant elle ‘’ignorer le certificat de nationalité N° 140/85 en date, du 11 Juillet 1985 et qu’il ne l’a à  aucun moment fait valoir à quelque occasion que ce soit’’ .

Ensuite que la même Cour et seulement trois semaines après sa décision du 19 novembre a, dans un arrêt du 8 décembre, déclaré avoir retrouvé dans ses propres archives le certificat de nationalité de monsieur Bazoum Mohamed portant le numéro N° 140/85 en date du 11 juillet 1985.

Qu'enfin, à la  demande de la Cour, Monsieur Bazoum Mohamed a produit un troisième certificat qui, cette fois-ci, ne comporte pas de numéro.

Mesdames et Messieurs

Mes chers compatriotes

Face à ces faits, l'opinion nationale se pose les questions suivantes :

  • Est-il possible pour une juridiction de délivrer à la même date du 11 juillet 1985, deux
    certificats de nationalités avec deux numéros différents? '

  • Pourquoi le troisième certificat, lui, ne comporte aucun numéro ?

  • Est-il possible de délivrer un certificat de nationalité sans numéro ?

  • Pourquoi, alors même que !e candidat Mohamed Bazoum a déclaré n’avoir  jamais utilisé le certificat numéro N° 140/85 en date du 11 juillet 1985 ; et que la cour a retrouvé ledit certificat dans ses propres archives ni le parjure du candidat ni le non-respect de la  procédure administrative d'enregistrement qui consiste à attribuer à chaque certificat  nationalité un numéro d’identification n'ont pas été soulevées ?

  • Pourquoi, comme par hasard, les recherches effectuées sur l'enregistrement du certificat de nationalité de Bazoum Mohamed par le juge de Diffa sont restées infructueuses?

  • Pourquoi la cour ne procède pas à une véritable instruction au fond de cette affaire en
    entendant les plaignants de Diffa et en collaborant avec le juge de Diffa pour faire éclairer la vérité.

Mesdames et Messieurs

Mes chers compatriotes

Comme nous pouvons le constater, les décisions rendues par la Cour ,jusqu’à ce jour n’ont  pas permis d'établir la véracité de la nationalité d'origine du candidat Bazoum Mohamed , au  contraire, les questions sur la légalité de sa candidature se sont intensifiées et un fort   soupçon est né qu'il existe une volonté politique manifeste d'imposer  aux nigériens un candidat, et pourquoi pas, un Président de la République, sans que tout doute  soit levé sur les conditions d'éligibilité requise par la loi. Le malaise né de cette situation menace la stabilité des institutions et la paix sociale.

Que l'on me comprenne bien,  ces contestations qui me conduisent à prendre la parole ne visent absolument ni un groupe ethnique, ni une région, ni même un individu. Il n’en aurait pas été autrement si le problème avait concerné un autre candidat, ou avait porté sur  une question autre que de la nationalité. Le Niger est un pays de brassage ethniques et familiaux où ces basses considérations n'ont pas leur place.

En réalité il est d’intérêt da monsieur Bazoum Mohamed lui-même que tout doute soit levé sur la légalité de sa candidature. En effet, il est incompréhensible qu’un prétendant à une fonction aussi vitale pour un pays ne veuille pas que sa légitimité soit contestable.

Mais plus important encore, i! s'agit d'une question de respect  des dispositions constitutionnelles , de préservation de la stabilité institutionnelle et de la paix sociale . il s’agit d’un devoir de vérité et de respect de l’électeur,  de respect des candidats invalidés comme en lice et de respect du peuple nigérien.

C’est pourquoi j’invite tous les acteurs politiques et institutionnels à prendre a mesure de leurs responsabilités devant l’histoire, de leur serment et des conséquences de leurs actions sur notre pays, sa stabilité politique et la paix sociale.

J'en appelle en particulier au Président de la République, garant du respect de la Constitution, à s’investir afin que la lumière soit faite sur cette situation, que le droit soit dit et que la paix sociale soit préservée. Car nul ne peut rester indifférent ou neutre face à la gravité de la situation.   
 

J'en appelle précisément au Président de la République pour convoquer le Conseil de la République, conformément à l’article 69 de la constitution.

Pour ma part, j’affirme mon attachement au respect de la loi ainsi que mon engagement à me battre pour un véritable État de droit de droit et un traitement équitable de tous, dans l’intérêt supérieur du Niger, notre patrie.

Aussi. dès aujourd'hui, j’ai demandé à mon Conseil d'introduire une requête devant la cour constitutionnelle pour que notre Haute juridiction nous dise clairement sans artifice juridique,  si le Candidat Bazoum Mohamed répond oui ou non â la condition de nationalité d'origine exigée par les dispositions de l'article 47 de notre Constitution et d’en tirer toutes les conséquences de droit qui s'imposent. Les Nigériens veulent et ont droit à la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.              .' ' .. ,

Mesdames- Messieurs

Mes chers compatriotes 

La réponse de la cour sera décisive pour la suite du processus électoral et déterminera les  actions que nous serons appelés à poser pour faire prévaloir le droit et l’intérêt du Niger.

Dieu Bénisse le Niger

Je vous remercie.