Après de cinq jours d’attente, les Nigériens ont finalement eu droit, le samedi 2 janvier, à la publication des résultats globaux provisoires du double scrutin présidentiel et législatif du 27 décembre. Il ressort des résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) que c’est Bazoum Mohamed, candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDSTARAYYA) qui arrive en tête parmi les candidats à l’élection présidentielle, avec un score de près de 40%. Aux législatives c’est aussi le PNDS-TARAYY qui se place en première ligne avec 80 sièges sur les 166 sièges pourvus en attendant les cinq de la diaspora qui n’a pas pu prendre part aux élections de cette année. A première vue et surtout pour les non avertis et une partie de la communauté internationale, le candidat Bazoum Mohamed et son parti le PNDS-TARAYYA sortent victorieux du scrutin présidentiel et législatif du 27 décembre. Mais il n’en est rien en réalité. Pour la présidentielle, il faut rappeler que le candidat du PNDS-TARAYYA a bénéficié du soutien de plus de quarante partis politiques, parmi lesquels certains ont parti à plusieurs élections présidentielles et sont bien implantés dans certaines régions du Niger. Quand on déduit l’apport de ces partis, on se rendra assurément compte que le PNDS-TARAYYA a nettement reculé par rapport à ses performances de ces dernières années dans une élection présidentielle. En plus du soutien de la quarantaine des partis politiques, le candidat Bazoum Mohamed a bénéficié de beaucoup d’autres avantages qu’aucun des autres candidats à l’élection présidentielle n’a eus. Avec sa position de candidat du principal parti au pouvoir, il a bénéficié de l’appui de l’appareil de l’Etat en entrant en campagne électorale plusieurs mois avant l’ouverture officielle de la campagne, au vu et au su de toutes les institutions chargées de veiller au respect de la loi électorale.

Ses meetings étaient régulièrement couverts par les médias publics qu’on avait l’impression un moment qu’il était l’unique candidat à l’élection présidentielle. Le candidat Bazoum Mohamed a aussi bénéficié de faramineux moyens financiers, dont les Nigériens connaitront peut-être un jour la provenance, qui ont servi à le rendre plus visible que la trentaine d’autres candidats à l’élection présidentielle. Rien qu’à Niamey, ses affiches et autres effigies de campagne qui jonchent les principales artères renseignent assez sur l’énormité de ses moyens financiers. L’autre avantage que le candidat Bazoum Mohamed a eu a été d’avoir comme directeur de campagne le propre fils du président sortant. Cela a sans doute eu une forte influence sur certains segments de la société nigérienne, notamment les institutions de la République et sans doute aussi la chefferie traditionnelle dont certains membres auraient pris une part active dans la mobilisation des électeurs au profit du «candidat du pouvoir » dans certaines contrées du Niger. Avec autant d’avantages, un autre candidat que Bazoum Mohamed allait l’emporter sans difficulté dès le premier tour. En refusant le fameux «coup K.O» à son candidat, les Nigériens ont sans doute exprimé leur rejet des dix de gouvernance du PNDS-TARAYYA.

Une gouvernance caractérisée par des détournements massifs des derniers publics, la violation des libertés individuelles et collectives, la destruction du tissu économique, l’arrogance et le mépris sous toutes leurs formes. A part les zones nomades et certaines localités de la région de Tahoua où le PNDSTARAYYA s’est arrangé à faire le plein de voix, avec des taux de participation de près de 100% et des votes favorables à près de 100% pour le seul parti, presque partout au Niger les électeurs ont démontré leur rejet des dix ans de gestion du pouvoir par le président Mahamadou Issoufou et ses camarades.

Hamidou Bello