Manifestement, les choses sérieuses n'ont pas tardé à commencé après la proclamation des résultats globaux provisoires du premier tour de l'élection présidentielle. Et le camp de Bazoum, avec ses méthodes grossières et rebutantes, semble ne pas lésiner sur les moyens d'usage pour faire plier certains leaders politiques à leur desiderata, c'est-àdire les contraindre à soutenir Bazoum Mohamed au second tour, prévu le 21 février 2021. Un challenge qu'il n'est pas prêt de remporter mais pour lequel il est prêt à user de tous les moyens de pression possibles à leur portée. Albadé Abouba, le président du Mpr Jamhuriya, en sait quelque chose. Arrivé troisième du premier tour de l'élection présidentielle, Albadé Abouba est déjà dans l'oeil du cyclone. Allié du régime jusqu'à sa démission du gouvernement, la toute première, le président du Mpr Jamhuriya est aujourd'hui l'objet de chantages et menaces divers. Le camp de la continuité des massacres des populations civiles et militaires, des détournements massifs des deniers publics, des pillages des ressources nationales, de la corruption, de l'injustice, du trafic de drogue, de la violation répétée de la Constitution et autres crimes et délits connexes ne comptent pas s'entourer de scrupules pour faire plier les leaders politiques ciblés. Tous les artifices sont en train d'être mis en oeuvre, sur fond d'usages des moyens et institutions de l'Etat pour exercer chantages et menaces à peine voilées sur Albadé Abouba. C'est dans les moeurs du régime.
Issoufou Mahamadou, le "démarcheur" de Bazoum Mohamed
Le vendredi 1er janvier 2021, l'année a débuté plutôt sur des chapeaux de roue pour Bazoum Mohamed et ses soutiens inconditionnels. Des soutiens inconditionnels parmi lesquels l'on compte Issoufou Mahamadou, le président de la République sortant. L'ayant imposé comme candidat au Pnds Tarayya, le parti politique qui l'a porté au pouvoir mais il n'a jamais pris congé, Issoufou Mahamadou ne compte visiblement pas s'arrêter en si bon chemin. " Saï Bazoum " est probablement de son cru pour se donner tant de mal à lui faire passer toutes les barrières. Il travaille d'arrache-pied pour transformer en passoire ce qui semble infranchissable pour Bazoum. Aussitôt les résultats du premier tour connus, le pouvoir de Niamey , selon une source politique proche du gouvernement, aurait instruit un commis du ministère de l'Agriculture, le département ministériel que le président du Mpr Jamhuriya a dirigé durant cinq ans pour monter un dossier compromettant contre Albadé. Tous les marchés publics dudit ministère passés sous le magistère d'Albadé seraient rassemblés et épluchés avant d'être transmis à la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia). C'est cette institution qui serait chargée du reste du boulot qui consisterait à chercher quelques poux sur le crâne rasé d'Albadé. Un dossier que l'on compte utiliser en dernier ressort en vue de faire courber l'échine au président du Mpr Jamhuriya.
Parallèlement à ce dossier en cours de montage, Albadé Abouba a été reçu par Issoufou Mahamadou, à la demande de ce dernier. Selon notre source, la rencontre visait à demander à Albadé de soutenir, malgré tout, Bazoum Mohamed au second tour. Une situation fort embarrassante pour le président du Mpr Jamhuriya qui se compte parmi les leaders politiques ayant récusé la candidature de Bazoum Mohamed pour usage de pièces d'identité obtenues de façon frauduleuse. Selon notre source, Issoufou Mahamadou a échoué dans cette tentative, mais n'en démord pas. Un observateur a d'ailleurs fait remarquer qu'Albadé n'ayant pris aucun engagement, il est certain que la Halcia va nécessairement entrer dans la danse et jouer sa partition. Albadé Abouba, selon toute probabilité, sera le tout prochain invité de la Halcia.
Issoufou Mahamadou aurait mis des chefs d'État à contribution pour convaincre Albadé Abouba de soutenir plutôt la continuité que le changement.
En attendant cette ultime étape du plan de broyage mis sur pied à l'encontre d'Albadé pour le plier à une volonté qui n'est pas la sienne, d'autres moyens de pression sont utilisés comme alternative. Selon, toujours, notre source, le pouvoir aurait mis des chefs d'État à contribution pour convaincre Albadé Abouba de soutenir plutôt la continuité que le changement. Les coups de fil pleuvent, confirmant le fait que Bazoum est davantage le candidat d'Issoufou Mahamadou et de lobbys extérieurs décidés à choisir, par personnes interposées, un président pour les Nigériens. Seulement, dans le rétroviseur, il n'y a rien de bon qui milite pour Bazoum et le pouvoir qu'il entend incarner. La loyauté d'Albadé Abouba vis-à-vis du pouvoir actuel ne l'a pas épargné de son mépris pour les autres, de son abus de pouvoir et de ses outrages et affronts. Allié de la plus grande importance pour avoir consolidé la stabilité et la solidité du régime en 2013-2014, Albadé Abouba a été par la suite victime d'actes et propos discourtois, voire, profondément blessants. Il sera, tour à tour, accusé d'avoir fait dissipé pas moins de quatre milliards de "Dosso Sogha", d'entretenir des actions de subversion militaires dans le nord de Tillabéry, de connivence avec des groupes terroristes et son beau-père a été arrêté et déporté à Kollo pour soupçons de complicité avec des réseaux terroristes. À la veille de la campagne électorale, ses comptes bancaires ont été séquestrés pour l'empêcher d'avoir accès à des fonds importants et Albadé Abouba a dû jongler pour trouver de quoi assurer ses déplacements à l'intérieur du pays.
Dans le rétroviseur…
Albadé Abouba a payé cher sa loyauté au pouvoir actuel ses accusations dont il a constamment fait l'objet de la part des communicants du Pnds qui ont abondamment propagé ses rumeurs salissantes pour lui sur les réseaux sociaux, le président du Mpr Jamhuriya s'est vu poignardé dans le dos par Issoufou Mahamadou. Son parti a failli carrément implosé. C'est certainement l'objectif recherché à la présidence de la République où des transfuges et rebelles politiques à la ligne de conduite du parti ont trouvé refuge, avec rang et avantages de ministres. Alma Oumarou, Wassalké Boubary, Amadou Salifou, entre autres, vont être nommés conseillers au président Issoufou alors qu'ils étaient en conflit ouvert avec Albadé Abouba. Une façon de leur procurer de quoi faire mal au Mpr Jamhuriya qu'ils ont, de guerre lasse, abandonner pour créer leurs partis politiques. Aujourd'hui, en faisant des pieds et des mains pour tenter de mener, à nouveau, Albadé Abouba en bateau, c'est, comme dirait Ibrahima Hamidou, le supplier de les rendre davantage forts pour qu'ils puissent parachever le concassage entamé contre le Mpr.
De l'avis de plusieurs de ses proches, Albadé Abouba est un homme de principe qui n'a pas l'habitude de tergiverser. Lorsqu'il est avec toi, il le fait savoir sans ambages. " Le président Albadé ne nous pas habitué aux voltes faces d'un autre genre ", dit-il. Partisan d'une alternance à la tête de l'État, il est inimaginable qu'il retourne vers ceux qui ont tout fait pour le détruire.
Laboukoye