Depuis quelques jours, le Niger entier bruit de rumeurs persistantes sur des négociations politiques insolites au profit de Bazoum Mohamed, le président et candidat du Pnds Tarayya qui a malgré tout pris part à l’élection présidentielle alors de très nombreux leaders et partis politiques lui dénient cette qualité. Objet de plusieurs requêtes devant la Cour constitutionnelle, la réfutation de la candidature de Bazoum Mohamed est liée à la procédure frauduleuse par laquelle il s’est fait délivrer des pièces d’état-civil (tenant lieu d’acte de naissance et certification de nationalité) dont la fausseté a été établie à plusieurs niveaux. Obtenues à 48 heures d’intervalle par l’intéressé qui a déclaré avoir fait le déplacement de N’guigmi et de Diffa pour le besoin de la cause, ces pièces d’étatcivil datent de juillet 1985, période au cours de laquelle des témoins de même génération que Bazoum ont attesté qu’ils étaient ensemble à Maradi pour la correction du Baccalauréat en tant qu’appelés du service civique national. Bref, après cinq saisines de la Cour constitutionnelle, toutes restées infructueuses, Bazoum se retrouve au second tour grâce à des voix obtenues par la force de la baïonnette (braquages d’urnes) ou à des bourrages d’urnes ou fabrications de faux procèsverbaux. Il se retrouve pour un second tour face à Mahamane Ousmane, l’ancien président de la République. Prévu pour le 21 février 2021, ce second tour s’annonçait perdu à l’avance pour Bazoum Mohamed bien avant l’issue du premier tour. C’est le pronostic de tous les spécialistes et observateurs avisés parmi lesquels des voix qu’on ne saurait soupçonner d’être contre l’éventualité d’une élection du candidat d’Issoufou Mahamadou. Entre autres, François Soudan de Jeune Afrique dont on connaît l’indulgence vs à vis des autorités nigériennes actuelles, a estimé que Bazoum est le grand favori de l’élection présidentielle et qu’il est obligé de passer au premier tour. Histoire de dire qu’en cas de second tour, il part perdant car sans marge de manoeuvre d’alliance éventuelle.
Albadé et Seïni ont su déjouer les manoeuvres diaboliques de ces «amis»ben singuliers
Bazoum Mohamed, son parrain et le Pnds Tarayya veulent faire mentir les pronostics qui les donnaient perdants en cas de second tour. Tout a mis dans la bataille. Des chefs traditionnels, des réseaux extérieurs aux motivations diverses, des hommes d’affaires sulfureux à l’image de ce Nigérian, Dahiru Mangal qui serait persona non grata dans son propre pays mais grand ami du régime de Niamey, etc. Sur les réseaux sociaux, notamment, on parle de nombreuses et diverses tentatives pour convaincre Seïni Oumarou et Albadé Abouba à soutenir, au second tour, celui dont le parti a tout manigancé pour une dislocation de leurs partis. Selon des informations dignes de foi, tous les démarcheurs engagés dans cette mission ont échoué. Le Mnsd et le Mpr Jamhuriya, dans leurs collimateurs, leur ont opposé un refus poli mais ferme. Fidèle à ses moeurs, le pouvoir entreprend, en sourdine, des manoeuvres visant à soustraire aux deux leaders leurs soutiens internes. Selon des sources internes au Pnds, il s’agit de se payer les services de personnels internes à ces partis en vue de couper l’herbe sous les pieds de Seïni Oumarou et d’Albadé Abouba. Une stratégie qui, si elle paie, serait synonyme de mort politique pour ces deux leaders et leurs partis politiques. Une fois au pouvoir, Bazoum, qui disposerait déjà d’une très confortable majorité de plus de 90 sièges dans la future Assemblée nationale (avec Ingantchi, Rdp et Farilla notamment), susciterait sans doute de nouvelles rébellions au sein de ces partis en vue de les disloquer et les mettre sous coupe réglée. Pour le moment, Albadé et Seïni peuvent rendre grâce à Dieu d’avoir su déjouer les manoeuvres diaboliques de ces anciens «amis» bien singuliers. Des manoeuvres qu’ils connaissent si bien pour en avoir fait les frais durant des années.
Réduit finalement à faire face à ce redoutable second tour, Bazoum Mohamed et son parrain, le président sortant, ont mis tout ce qu’ils ont dans la balance. Sans attendre la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, ils se sont lancés dans une course effrénée d’alliances électorales avec, principalement, le Mnsd Nassara, le Mpr Jamhuriya et le Mpn Kishin Kassa. Des partis politiques qui ne devraient pas exister s’il ne dépendait que de la volonté du Pnds et de ses responsables. Tout a été déployé et mis en oeuvre en vue de déstabiliser ces partis et les réduire à moins que rien. Des membres du bureau politique national sont généralement manipulés et financés pour faire la guerre au parti en suscitant une rébellion rébellion interne. Les cas sont légion.
Au Mpr Jamhuriya, notamment, pas moins de quatre ténors du parti ont curieusement trouvé refuge à la présidence de la République alors que Albadé Abouba a exigé leur départ du gouvernement. Wassalké Boucary, Amadou Salifou, Alma Oumarou sont nommés conseillers avec rang et avantages de ministre, contre la volonté d’Albadé Abouba qui a dû faire profil bas et avaler la couleuvre jusqu’à la lie. Ayant en vain manoeuvrer pour prendre les r^nes du parti, ils ont finalement créé leurs partis politiques.
Wassalké Boukary et Alma Oumarou, le Rpp Farilla et Amadou Salifou, Rcpr As salam. Bien d’autres épreuves déloyales et même indécentes seront imposées à Albadé Abouba qui a bu le calice jusqu’à la lie.
Albadé Abouba, victime d’ingratitude et Seïni Oumarou, accusé de jouer les oiseaux de mauvais augure
À l’endroit de Seïni Oumarou et du Mnsd Nassara, les rébellions internes ont été suscitée et entretenues, avant et pendant que le parti est allié au Pnds. Ce qui a considérablement affaibli le parti. La toute dernière épreuve à laquelle Seïni Oumarou et le bureau politique national a été confronté est venue de quelqu’un dont on s’attend le moins. Secrétaire général du parti, Tidjani Abdoulkadri a été, pendant longtemps soupçonné de flirter avec le Pnds. Et son refus obstiné de se soumettre, à la fois, au verdict des urnes et aux décisions judiciaires, est suffisamment éloquent sous la renaissance pour ne pas se faire une religion définitive sur ses accointances avec les roses. Et comme pour achever le parti dans son fief de Maradi, il crée son parti politique et coup de massue, attaque les listes du Mnsd aux législatives. Il gagne devant la Cour constitutionnelle et lesdites listes sont invalidées. Il y a bien pire, le Mnsd Nassara et son président ayant été régulièrement traînés dans la boue. Le 17 décembre 2020, lors d’une déclaration publique, le Pnds Tarayya a stigmatisé le président du Mnsd qui, pour lui, jouerait les Cassandre, c’est-à-dire les oiseaux de mauvais augure car redoutant les résultats des urnes.
Le Mpn Kishin Kassa et le Pjp Doubara n’ont pas été, non plus, épargnés
Quant au Mpn Kishin Kassa, c’est un parti dont le président, Ibrahim Yacoubou, a pratiquement été chassé du Pnds Tarayya et humilié par Bazoum Mohamed lors d’une déclaration devenue célèbre pour la charge d’avanie portée contre celui qui est arrivé 5e de l’élection présidentielle. C’est une porte en principe fermée pour le Pnds Tarayya dont l’arrivée au pouvoir du candidat est redoutée plus que tout. Déjà en 2016, Ibrahim Yacoubou a eu d’énormes difficultés à convaincre son parti, notamment les cadres, de l’intérêt qu’ils ont à soutenir Issoufou Mahamadou. Chassé comme un malpropre, sans autre forme de procès, celui que des partisans, outrés, ont porté à la tête d’un tout nouveau parti politique, Kishin Kassa, a eu l’occasion d’apprécier la loyauté de ses anciens amis du Pnds.
Salou Djibo ? Il a été traité par le Pnds et ses alliés de « pétard mouillé qui va de toute façon apprendre à ses dépens que ça coûte cher de se faire instrumentaliser par des personnes dont il ne sera qu’une victime collatérale ». Autant dire que le chef de la junte militaire qui a favorisé l’accession au pouvoir d’Issoufou Mahamadou est avisé, autant que Seïni Oumarou et Albadé Abouba du sort peu enviable qui les attend en cas de soutien de leurs partis à Bazoum Mohamed dont les deux, au moins, (Seïni et Salou) ont contesté la légitimité et la légalité de la candidature.
A.Doudou