Second tour de l’élection présidentielle : Bazoum,lourdement handicapé dans la course aux alliances

Malgré les boulets qu’il traîne aux pieds et qui s’entrechoquent au pont de faire peur à tous ceux qu’il approche, Bazoum Mohamed continue de multiplie les actes de bonne foi. Des actes de bienveillance dont le plus récent est cette attitude qui est toute totalement nouvelle chez le candidat du Pnds Tarayya et qui faite de condescendance. La période électorale polit en général le comportement de l’homme politique. Mais, de là à constater que l’homme qui clamait fièrement que « plus comploteur que moi, tu meurs », se plie en quatre pour solliciter un soutien, quitte à cirer les chaussures pour les leaders politiques qu’il a régulièrement méprisés, il y a tout de même de quoi être interloqué. Bazoum est devenu, le temps qu’il finisse de comploter et de gagner le soutien, improbable, de Seïni Oumarou et d’Albadé Abouba, l’homme politique le plus respectueux, le plus attentionné, le plus déférent. Si les deux susnommés le souhaitent, Bazoum ne verrait sans doute aucune gêne à être leur garçon de course. Il est dans le rôle du séducteur froid et imperturbable.

Avec le séjour de Dahiru Mangal à Niamey et la révélation du journal algérien, Bazoum s’est tiré des balles dans les pieds

Lancé dans une course au soutien de Seïni Oumarou et d’Albadé Abouba, Bazoum Mohamed ne compte pas se contenter de négocier avec les deux leaders qu’il a dans son viseur. Il est en train de déployer d’immenses moyens de pression pour les contraindre à un OUI forcé. Le récent séjour, à Niamey, de Dahiru Mangal, le sulfureux homme d’affaires nigérian en disgrâce dans son propre pays et grand ami du régime, a été un des traits hideux des démarches entreprises par le pouvoir de Niamey pour faire plier Seïni Oumarou et Albadé Abouba. Il n’y a pas que Mangal. Un journal algérien a récemment révélé un deal passé entre le chef du renseignement algérien – limogé depuis lors – et Bazoum Mohamed qui aurait bénéficié de deux millions de dollars pour sa campagne en échange d’une reconnaissance par le Niger de l’État sahraoui dont le chef, selon le protocole, devrait être invité à la cérémonie d’investiture de Bazoum Mohamed.

Deux faits qui attestent que Bazoum n’a pas foi au choix libre de Seïni Oumarou et d’Albadé Abouba. Deux faits qui prouvent également que s’ils décident de soutenir Bazoum Mohamed, ils n’ont aucun mérite personnel aux yeux de Bazoum qui sait comment il a dû ruser pour arriver à cet épilogue.

Peut-on faire confiance en quelqu’un qui dit fièrement que « plus comploteur que lui, on meurt » ?

Bazoum Mohamed a-t-il vraiment une autre alternative que de ruser vis-à-vis d’Albadé et de Seïni pour les mettre dans son camp ? Nombre d’observateurs estiment qu’il n’a pas une autre possibilité que de ruser. En termes de passé, Bazoum traîne de lourds boulets qui rendent, en principe, inaccessibles, ces deux personnalités et d’autres comme Ibrahim Yacoubou de Kishin Kassa. Arrogant et suffisant, l’homme n’a pas été tendre avec ces deux leaders qu’il courtise, aujourd’hui, leur déniant tantôt le moindre mérite dans la force du camp au pouvoir, tantôt tout avenir politique. Et lorsque ce n’est lui qui claque la langue pour les réduire à rien, c’est son parti politique qui s’en charge. Les invectives ne sont en vérité que la traduction des rapports que le Pnds Tarayya a toujours entretenus avec ses alliés politiques. Perçus tels des attelages dont on peut se débarrasser en route parce que devenus encombrants, les alliés du Pnds, sans exception, ont subi en permanence le diktat et les coups bas. Il faut sans cesse déstabiliser les autres partis politiques et les alliés constituent, dans cette constance chez le Pnds, des cibles faciles. Le Mpr Jamhuriya et le Mnsd Nassara ont été, jusqu’à la veille des élections, des partis au sein des quels le Pnds a suscité et entretenu la division et la cassure. Les cas sont légion et l’affaire Abdoulkadri Tidjani est assez grave. Secrétaire général du Mnsd Nassara, Tidjani a été tellement retourné contre son parti qu’il a attaqué et réussi à invalider, devant la Cour constitutionnelle, les listes du parti aux législatives. Un parti qu’il a quitté, entretemps.

Bazoum Mohamed n’a jamais pu convaincre de sa bonne foi, encore moins de l’authenticité de ses pièces d’état-civil

Outre la vilaine économie qu’il traîne à l’endroit des autres partis politiques et singulièrement le Mnsd Nassara, le Mpr Jamhuriya et le Mpn Kishin Kassa, Bazoum Mohamed n’a pas fini, malgré les arrêts de la Cour constitutionnelle, avec cette histoire de pièces d’état-civil douteuses. L’opposition à sa candidature dépasse largement les limites du politique. Soupçonné et accusé d’utiliser, depuis de longues décennies, des pièces d’état-civil fausses obtenues dans des conditions frauduleuses, Bazoum Mohamed n’a jamais pu convaincre de sa bonne foi, encore moins de l’authenticité de ses pièces d’état-civil. Une affaire qui est devenue une grosse épine dans la plante du pied du président du Pnds. Si les dispositions de l’article 47 de la Constitution sont rigoureusement respectées, Bazoum ne devrait pas être candidat à l’élection présidentielle. S’il l’est, c’est, du point de vue du Mnsd Nassara, notamment, parce que « la Cour constitutionnelle est partisane ». Une position qui a valu à Seïni Oumarou une volée de bois vert de la part du pouvoir.

Le Mnsd Nassara et le Mpr Jamhuriya ? D’autres prochains «pétards mouillés».

Autre handicap majeur pour Bazoum Mohamed, malgré son extrême impopularité, le Pnds Tarayya s’est débrouillé pour se tailler la part belle dans la future assemblée nationale. Avec 80 sièges, Bazoum est déjà assuré du soutien inconditionnel du Cpr Ingantchi de Kassoum Moctar (huit sièges), de Falala d’Alma Oumarou (deux sièges) et probablement d’autres partis à un siège. Tel que configuré, le futur parlement n’offre aucune alternative aux autres que de faire de la figuration aux côtés du Pnds Tarayya. Récemment traité de pétard mouillé, Salou Djibo peut être certain qu’en cas de soutien du Mnsd Nassara et du Mpr Jamhuriya à Bazoum Mohamed, il ne sera pas l’unique pétard mouillé aux yeux du Pnds Tarayya.

Doudou Amadou