La vérité est amère, mais elle reste la voie de la dignité et de l’honneur. La vérité est amère, mais elle est, de loin, préférable au mensonge et à la duplicité car elle est porteuse de sérénité, de stabilité et de concorde. Ceux qui ont fait du mensonge, du faux et de la duplicité leurs armes de combat politique ont toujours été rattrapés par leur histoire, à un moment où ils sont trop puissants au point de se croire infaillibles. C’est vrai partout et le Niger offre un cas probant, celui de Bazoum Mohamed, le président et candidat du Pnds Tarayya. Ayant mené une carrière politique digne de convoitise sans accrocs judiciaires, il est aujourd’hui sous les feux de la rampe, contraint de justifier l’authenticité de pièces d’état-civil soufrant de crédibilité. Et s’il a été, malgré tout, déclaré candidat à l’élection présidentielle, c’est bien du fait de son appartenance au Pnds Tarayya qui règne sur le Niger depuis dix ans, pratiquement sas partage. Les partis politiques avec lesquels il a gouverné ? Ils sont perçus et traités comme de simples accompagnants qui n’ont rien à dire que de se taire et d’applaudir lorsqu’il leur est demandé de le faire. À l’heure des comptes, il est bien attendu que le Pnds Tarayya soit le seul à trimer. Et Bazoum, autant pour ses pièces d’état-civil que pour la gouvernance scabreuse, sans respect et sans considération pour les autres, qu’il incarne, va nécessairement payer les pots cassés. Il le sait et l’assume, quitte à être davantage détesté par les Nigériens. En revendiquant la continuité, Bazoum s’est fait prisonnier. Et ce n’est pas, loin s’e faut, parce qu’il quelque mérite à vanter auprès des Nigériens, mais bien parce que Issoufou Mahamadou ne peut souffrir de le voir prendre le contre-pied d’une gouvernance dont l’évocation rebute pourtant les Nigériens. Bazoum est, donc, un prisonnier. Mais un prisonnier heureux de pouvoir compter sur la complicité du chef sans lequel, de toute façon, il n’y aurait pas eu de candidature. Cependant, il peut et va compter sur ce chef jusqu’à quand ? C’est une question à laquelle il faut laisser le soin à l’histoire de répondre.
Selon toute probabilité, l’histoire des élections, en cette année 2021, est loin d’être terminée. Le second tour de l’élection présidentielle se prépare et on peut percevoir les difficultés qui risquent de gâter l’affaire. La CENI, mise en cause dans de nombreux cas de braquage et de bourrage d’urnes, vat- elle prendre des mesures visant à rassurer davantage les Nigériens sur sa volonté de réussir sa mission ? Rien n’est moins sûr. Il le faut pourtant. La CENI doit prendre nécessairement un certain nombre de mesures appropriées qui s’imposent de par ce qui s’est passé lors du premier tour. Elle doit s’y mettre dès à présent afin de convaincre qu’elle n’a pas de parti pris et qu’elle est prête à prendre toutes les dispositions, conformément aux missions qui lui sont dévolues par la loi, pour que le second tour se passe sans bourrages et braquages d’urnes. La CENI doit, à ce propos, s’approprier l’idée avancée par la coalition CAP 20-21 à propos de la sécurisation, par l’armée, des opérations de vote dans certaines zones du pays. Elle doit également entreprendre des missions et une campagne médiatique de sensibilisation sur sa volonté de poursuivre quiconque est accusé d’interférences quelconques dans les opérations de vote.
En un mot comme en mille, la CENI est au pied du mur. Si elle reste l’arme au pied, sans prendre des dispositions en vue d’éviter tout ce qui pourrait ternir l’image du second tour, la CENI ne peut se soustraire au jugement, sévère déjà, des Nigériens qui pensent qu’elle est complice de tout ce qui a été remarqué lors du premier tour. Issaka Souna et ses collègues ont à convaincre. Et pour ce faire, ils doivent mettre le Niger en avant, sans parti pris. Leur mission, c’est d’organiser des élections propres au bout desquels chacun reconnaîtra qu’ils ont joué leur partition de citoyens ayant travaillé dans le respect de leur serment confessionnel et pour le Niger, pas d’un parti politique.
Or, pour mener à bien leur mission, les membres de la CENI doivent sans cesse se remettre en cause et travailler à améliorer les procédures et les opérations électorales de façon à renforcer la transparence et le sentiment du respect strict des suffrages. Le premier tour de l’élection présidentielle ayant donné lieu à des évènements qui ont entaché les opérations électorales et la CENI, il y a lieu, pour Issaka Souna et son équipe, de se retrousser les manches et de dire, à temps, aux Nigériens les mesures qu’ils comptent prendre afin que le second tour soit exempt d’incidents. Au finish, la CENI doit travailler à redorer son blason. Elle en a les moyens et la capacité.
Bonkano