Le Président Bazoum Mohamed est laxiste, trop laxiste et ce serait certainement manquer à un devoir de vérité que de le taire. D’abord, parce qu’il a promis aux Nigériens qu’il livrerait une guerre sans merci contre la corruption et que ce fléau s’est davantage, sinon amplifié, du moins consolidé avec une impunité garantie aux auteurs et complices par la loi. N’est-il pas du laxisme, cette extraordinaire volteface de Bazoum Mohamed qui, dans sa volonté de ne pas fâcher les délinquants impliqués dans ce dossier, ne s’est pas même pas soucié de la crédibilité que suppose la promesse qu’il a faite à ses compatriotes le 2 avril 2021. C’est d’autant plus critique pour lui qu’il ne s’agissait pas de promesse de campagne, mais d’engagement solennel pris devant le peuple nigérien et le monde entier. Il a, donc, préféré, faire droit aux attentes et aspirations de personnes que la justice qualifierait certainement de criminels, eu égard , d’une part, à la nature des actes posés, consciemment, en vue de s’enrichir et aux conséquences dramatiques pour le Niger, en termes de pertes en vies humaines que ces actes ont induits.
Le Président Bazoum a été trop laxiste, c’est incontestable, avec les auteurs d’un fléau que luimême, toujours le 2 avril 2021, a décrit comme étant « une grave source de discrédit pour un régime ». Soit, il n’était pas conscient des propos qu’il tenait, soit il n’avait pas mesuré leur gravité et leur portée pour tant d’hommes, puissants, qui l’ont porté au pouvoir.
En octroyant l’impunité aux auteurs et complices des détournements des fonds de l’armée, le Président Bazoum a laissé agir à sa guise le partisan Bazoum. C’est Bazoum Mohamed, le militant et président du Pnds Tarayya, qui a imposé sa doctrine et sa logique à Bazoum Mohamed, le président de la République qui a pourtant juré sur le Saint Coran, de promettre loyauté et fidélité au Niger et à son peuple. Le 2 avril 2021, il a souligné que « la meilleure façon de lutter contre la corruption est de sévir contre ceux qui s’en rendent coupables ».
Mieux, le Président Bazoum Mohamed a précisé que « son credo sera de miser principalement sur la pédagogie de l’exemple en ne tolérant d’aucune façon le principe de l’impunité ». Peuton être plus laxiste en garantissant l’impunité à ceux qui ont détourné, sur des années, les ressources publiques destinées à armer les forces armées nationales, en temps de guerre ? C’est sous Bazoum Mohmed, il faut le rappeler, que l’Etat a déclaré ne pas constituer partie civile dans l’affaire, ce qui, de facto, a fait tomber toute poursuite judiciaire contre les mis en cause.
Le Président Bazoum est laxiste, trop laxiste, ensuite, vis-à-vis de son prédécesseur et de ses obligés.
De plus en plus, et de façon trop flagrante, Issoufou Mahamadou se met en travers de son chemin, lui mettant des bâtons dans les roues et le ridiculisant à outrance. Au nom d’une reconnaissance qui a objectivement ses limites, il le laisse se positionner de plus en plus comme un co-président. En fin de compte, c’est qui perd. Et en termes de crédibilité, et en termes de pouvoir. Combien de fois a-t-il dû reculer face aux rugissements de certains de ses camarades, pourtant fragiles car trempés jusqu’à la tête dans des scandales financiers portant sur des milliards. C’est l’histoire du voleur qui menace le gendarme parce que ce dernier est laxiste. Soit, le Président Bazoum se ressaisit, face il va être nécessairement coulé. Voleur et gendarme ne font pas bon ménage.
Bonkano