C’est du jamais vu dans l’histoire électorale de ces trois décennies de démocratie multipartiste ! L’ingérence et le parti pris de la France dans les élections au Niger ne sont plus de l’ordre des suppositions et hypothèses. Alors que les Nigériens sont dans l’attente fébrile des résultats globaux définitifs, probablement envisageables pour les deux derniers jours de ce mois de janvier en cours, Issoufou Mahamadou, le président sortant, s’invite à Paris, en France. Motif officiel : visite de travail et d’amitié. Aucune précision sur le délai de ce voyage surprenant. Encore moins sur la raison réelle.La surprise des Nigériens ne s’arrête pas là.
Bazoum Mohamed, qui peine à obtenir les alliances électorales souhaitables, se fait aussi appeler chez le colon français qui semble plus que jamais déterminé à choisir un président pour les Nigériens.
Ainsi, après quatre jours de présence sur le sol français, et après des conciliabules avec le président de ce pays plus que jamais néocolonialiste, Issoufou Mahamadou est rejoint par Bazoum Mohamed, le candidat qu’il a imposé au Pnds Tarayya et qui est adoubé par la France.
La France veut imposer un président aux Nigériens et l’assume ouvertement
La France, pourrait-on dire, tient à montrer le degré de sa prééminence sur Niamey. Elle a choisi, ouvertement, et sans atermoiements, de soutenir le candidat sur lequel pèsent de lourds et graves soupçons. Ce choix est-il innocent ? Rien n’est moins sûr. Depuis quelques années, le sentiment antifrançais ne cesse de grimper, la France étant perçue, pour des raisons qu’il est loisible d’apprécier, comme un pays envahisseur et certainement proposé à détruire le Niger. Ses choix ne font que l’attester. D’abord, la gestion de l’insécurité où la France fait du cinéma, avec des frappes aériennes planifiées et exécutées, beaucoup plus pour faire de la com et se donner bonne conscience, que pour traquer et détruire les cellules terroristes dont elle connaît les moindres recoins. Ensuite, sa volonté d’imposer aux Nigériens ceux qui doivent présider à leurs destinées, quitte à se faire complice d’une mascarade électorale qui risque d’enflammer le Niger. Et à assumer ce rôle au grand jour.
Pourquoi, donc, la France se donne tant de mal pour imposer aux Nigériens un non Nigérien d’origine ? Comment quelqu’un qui prétend être né au Niger peut-il rester sans acte de naissance et faire tout le circuit scolaire ? Bazoum ne s’est fait établir un jugement supplétif tenant lieu d’acte de naissance qu’en juillet 1985 et un certificat de nationalité, le lendemain, un an après l’obtention de son DEA. Chose curieuse, il prétend avoir fait le déplacement de Nguigmi et de Diffa pour se faire établir ces documents alors que des personnalités qui sont de la même promotion que l’intéressé ont attesté qu’ils étaient ensemble, au cours de la période indiquée, à Maradi, pour la correction du baccalauréat.
Contesté par une majeure partie du peuple nigérien, persuadé que sa candidature vole les dispositions de l’article 47 de la Constitution, le candidat que la France a choisi de faire passer au forceps représente un réel motif d’inquiétude. Bazoum quoi qu’on dise, n’a jamais réussi à convaincre de l’authenticité de ses pièces d’état-civil.
Non seulement, son identité est contestée puisque tous les témoins attestent qu’il s’appelle plutôt Bazoum Salim et que Mohamed est en vérité le prénom de son frère aîné, mais ses pièces d’état-civil sont obtenues dans des conditions frauduleuses. Les preuves qui l’attestent sont multiples.
Le faux est avéré et la classe politique nigérienne n’a fait qu’épouser une aspiration profonde du peuple nigérien que de contester la candidature de Bazoum à l’élection présidentielle.
Selon toute vraisemblance, l’ancien ministre de l’Intérieur avait bien d’autres documents d’état-civil, authentiques, ceux-là, avec lesquels il s’est inscrit à l’école, est parti au collège, puis au lycée et enfin à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal. A-t-il pu faire son cursus scolaire jusqu’à l’université sans actes d’état-civil ? Bazoum va alors se faire établir un jugement supplétif d’acte de naissance qui le fait naître à Bilabrin, à Nguigmi, à la frontière tchadienne, puis le lendemain, un certificat de nationalité qui le fait passer pour le fils aîné de sa belle-sœur.
Une alchimie, aujourd’hui démontée. Malgré les arrêts de la Cour constitutionnelle, les Nigériens sont convaincus qu’on cherche à leur imposer un candidat qui n’est pas Nigérien d’origine et dot les pièces d’état-civil sont même frauduleuses. Une attitude qui écoeure les Nigériens et forge davantage le sentiment anti-français. Tous les juristes de renom, les constitutionnalistes en particulier, ont expliqué pourquoi Bazoum Mohamed ne peut pas et ne doit pas être candidat à la magistrature suprême. Même la Cour constitutionnelle a dû reconnaître qu’elle a retrouvé dans ses archives des élections de 2016, un autre certificat de nationalité autre que celui qui se trouve actuellement dans le dossier de Bazoum Mohamed. Le faux est avéré et la classe politique nigérienne n’a fait qu’épouser une aspiration profonde du peuple nigérien que de contester la candidature de Bazoum à l’élection présidentielle. Les arrêts de la Cour constitutionnelle ? Ils sont perçus, et le Mnsd Nassara l’a bien fait ressortir dans un communiqué public, comme les actes d’une Cour partisane.
Les autorités nigériennes, le trafic de drogue et les narcotrafiquants
Le soutien de la France à Bazoum Mohamed est vu au Niger plus qu’un affront. Il est perçu comme une volonté de détruire le Niger en créant les conditions de troubles sociopolitiques aux conséquences imprévisibles. Issu du Pnds Tarayya dont les Nigériens, dans leur écrasante, tiennent à tourner la page, Bazoum Mohamed est en plus un homme politique qui inquiète à plus d’un titre. Réputé pour ses bourdes inqualifiables, à chaque fois qu’il ouvre la boucher pour parler d’un problème national, le candidat que la France a décidé de soutenir a pourtant des atomes crochues avec certains réseaux extérieurs qui ne peuvent qu’agir à ruiner le Niger. En décrétant et en assumant la continuité, Bazoum a tenu un langage qui, pour les Nigériens, ne peut que représenter l’apocalypse. L’image de Bazoum conduisant l’incinération de plusieurs tonnes de drogue, à Niamey, aussitôt les jours suivant la saisie opérée par l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris), est restée dans les mémoires des Nigériens. Saisie le 15 juin, la drogue a été incinérée dès le 22 juin. Pourquoi Bazoum s’est-il précipité à faire incinérer une telle quantité de drogue qui prouvait tout ce qui se racontait sur les entrées des narcotrafiquants à Niamey ?
La saisie, en juin 2018, de plusieurs tonnes de résines de cannabis, à Niamey 2000, est en réalité la face cachée de l’Iceberg. Plusieurs personnalités très proches du régime de Niamey ont été citées dans le trafic de drogue (résines de cannabis, chanvre indien, cocaïne, etc.). Des personnalités qui sont conseillers auprès des trois premières autorités nigériennes et qui n’ont jamais été inquiétées, le moins du monde, bien que leurs noms soient cités dans des affaires de trafic de drogue. Un d’entre eux, Sidi Ahmed, conseiller au président de l’Assemblée nationale, a été appréhendé, en mars 2019, en Guinée Bissau, avec 800 kilos de cocaïne. D’autres sont là, tapis dans les arcanes du pouvoir, à la présidence de la République, à la Primature et à l’Assemblée nationale.
YAOU