Pour votre éclairage et celui de vos lecteurs, et dans le souci de transparence qui est notre crédo, nous portons à votre connaissance des éléments d’appréciations qui permettront de ne pas abuser de l’opinion sur un scandale qui n’en est vraiment pas un. Auriez-vous seulement interrogé les services du Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires (DNPGCA) que vous n’auriez pas créé ce sensationnel, ce d’autant que les éléments d’informations sont disponibles et ne prêtent aucunement à confusion.
Lire l'article en question : Scandale financier : Plus de cinq milliards de francs CFA détournés au Cabinet du Premier ministre
Il y a lieu, cependant, de noter pour s’en féliciter, en termes de gouvernance financière, que les comptes du DNPGCA sont régulièrement audités et inspectés tant par l’Etat que les Partenaires de coopération qui contribuent au financement de ses activités.
Il faut aussi rappeler, et c’est nécessaire de le faire, que les audits des exercices au cours des 10 dernières années et les inspections d’Etat de 2014 à 2018 sur les comptes financiers et les stocks de vivres du DNPGCA ont été réalisés dans les formes financières requises, sans anomalies et à la satisfaction de toutes les parties prenantes.
Il y a, comme de rigueur, un audit en cours qui couvre les exercices 2017 et 2018, objet de votre article.
Cet audit est confié à un cabinet international. Il est financé par la Coopération Suisse, partenaire du DNPGCA, et membre de l’accord-cadre Etat-Donateurs signé en 2005.
Cette prestation a démarré en février 2020. Elle a été interrompue en raison de la survenue de la pandémie de la Covid-19. Actuellement, cet audit est au stade de finalisation. Il y a eu le rapport provisoire du cabinet qui a fait l’objet d’un partage entre le DNPGCAet les partenaires. Les premières conclusions des auditeurs sont en phase d’échange contradictoire et nous nous devons à ce stade comme il se doit de respecter le processus en cours sans en tirer un quelconque avis préjudiciable à l’une des parties.
Au vu de ce qui précède, il n’ya point de détournement d’un montant de plus de 5milliards de CFA au Cabinet du Premier Ministre, comme l’affirme votre article. Tous les montants incriminés sont destinés au financement d’activités approuvées par les différents partenaires du DNPGCA, et exécutées conformément aux dispositions des conventions de partenariat prévues dans l’accord cadre Etat-donateurs.
A cette date, toutes les pièces justificatives des activités concernées sont vérifiables et soldées dans nos comptes en bonne et due forme selon les procédures comptables et financières en vigueur ainsi que les termes de référence et les rapports de mise en oeuvre. Il s’agit essentiellement de :
• Un montant de 1 051 340 371 FCFA destiné au financement des activités exécutées par les ONGs dans le cadre des opérations de cash for work ;
• Un montant de 1 111 328 236 FCFA destiné au transport des stocks de vente de céréales à prix modéré exécuté par l’OPVN suivant une convention de partenariat existant entre cette structure et le DNPGCA ;
• Un montant de 703 354 232 FCFA pour financer la surveillance acridienne en partenariat avec le Centre National de Lutte Anti Acridienne (CNLA) ;
• Un montant de 6 172 910 FCFA destiné au suivi des organisations faitières chargé des achats directs de céréales aux producteurs en partenariat avec le Réseau des Chambres d’Agriculture du Niger (RECA NIGER) ;
• Un montant de 103 760 738 FCFA, pour financer les activités d’assistance aux personnes déplacées en partenariat avec une ONG partenaire du Programme Alimentaire Mondial (PAM);
• Un montant de 92 198 316 FCFA pour financer des achats de céréales auprès des organisations faitières (achats directs);
•Un montant de 139 413 781 FCFA pour financer des activités de suivi et de surveillance de la situation alimentaire et nutritionnelle en partenariat avec le Cellule du Système d’Alerte Précoce (SAP) ;
•Un montant de 2 699 814 991 FCFArelatif à un transfert de compte à compte de la Cellule Crises Alimentaires (CCA) pour financer la mise en oeuvre de la Distribution Gratuite Ciblée(DGC);
•Un montant de 150 000 000 FCFAqui constitue un transfert du compte FSA au compte FCD ;
•Des montants de 24 564 000 FCFA et 5 124 483 FCFA au titre de l’année 2008,régularisés par les structures concernées ;
•Un montant de 10 399 200 FCF A destiné à la mise en oeuvre d’un programme d’achat de farines infantiles financé parla Principauté de Monaco en partenariat avec les structures de production locales de ces produits (Misola et Garin Yara).
Les autres activités contenues dans votre article sont également justifiées et les rapports d’exécution sont disponibles. Il s’agit de:
• Un montant de 89 105 079 CFA non comptabilisé destiné aux différents paiements des ONG pour les activités de bandes pare-feu, le transport des vivres, les réunions d’évaluation de la situation alimentaire pour les années 2015, 2017 et 2018;
• Un montant de 304 561 528 FCFA,destiné au financement de l’enquête sur la vulnérabilité des ménages à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en partenariat avec le SAP ;
• Un montant de 46 150 000 FCFA relatif au transport des vivres de la DGC 2016, payé en 2017.
Relativement aux contributions dites non comptabilisées de certains partenaires de coopération, toutes ont fait l’objet d’accords bilatéraux qui déterminent les modalités des versements au Fonds Commun des Donateurs(FCD) et d’exécution des activités à financer.
Quant à la gestion du Stock National de Sécurité (SNS), elle est encadrée par un contrat qui lie le DNPGCA à l’OPVN. Elle ne concerne que le stock physique et non financier.
Ce sont là des éléments d’informations qui sont disponibles. Il aurait juste fallu au « Courrier » de faire la démarche auprès de nos services pour qu’il ait les informations crédibles souhaitées. Cela lui aurait évité cette tempête dans un verre d’eau.
Il est important de rappeler et d’insister sur le fait que les comptes de la CCA et du DNPGCA, de façon générale, sont totalement ouverts et accessibles à toutes les parties prenantes à différents niveaux du processus de mise en oeuvre des activités retenues et ayant fait l’objet de consensus entre l’Etat et ses partenaires de coopération. Aussi, les partenaires et les acteurs étatiques impliqués les suivent régulièrement, tant du point de vue des ressources mobilisées, des dépenses effectuées que des disponibilités en stocks alimentaires.
Depuis 10 ans, les principes de fonctionnement du DNPGCA et de ses cellules n’a pas varié et les informations sont portées à la connaissance de tous les acteurs. Ce qui vous a sans doute permis d’accéder facilement à ces informations malheureusement mal interprétées à des desseins inavoués dans un contexte bien déterminé.
Si seulement, vous aviez contacté nos services pour recouper vos informations, vous auriez sans doute évité de vouloir, par des raccourcis, impliquer le Cabinet du Premier Ministre dans un prétendu scandale financier.
Ainsi, comme vous pouvez le constater aisément, les ressources destinées à toutes ces activités sont de nature à apporter un appui aux populations vulnérables de notre pays, mais non comme vous l’avez insinué pour « gonfler les comptes bancaires de certains commis ».
Il faut préciser pour votre gouverne qu’il n’y a pas d’audit couvrant les périodes du 1er janvier au 8 mars et du 16 novembre au 11 décembre 2020.
En définitive, le compte 47 relatif aux avances aux tiers est quasiment régularisé pour les années 2005 à 2016. Ayez juste la patience d’attendre le rapport final de cet audit pour porter un jugement crédible sur le Cabinet du Premier Ministre comme l’exige la déontologie dans le domaine. Enfin, la publication d’un tel article tendancieux est de nature à éroder à plus d’un titre la crédibilité de votre organe de presse pour tout lecteur averti.
Fait à Niamey, le 15 février 2021
Le Secrétaire Permanent du DNPGCA
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MOT DE LA RÉDACTION DU JOURNAL LE COURRIER
Le Courrier est particulièrement heureux de ce droit de réponse qui apporte de l’eau à son moulin. En principe, et selon les dispositions de l’ordonnance 2010-035 du 4 juin 2010 portant régime de la liberté de presse au Niger, nous ne sommes pas tenus de publier un droit de réponse qui dépasse en longueur l’article incriminé. Mais puisqu’il confirme quelque peu le scandale sans toutefois le reconnaître, il est le bienvenu. Au lecteur de se faire sa propre religion de ce droit de réponse du DNPGCA. D’abord, il n’apporte pas de démenti formel qu’il n’y a pas eu de détournement et c’est le… qui l’écrit : « nous portons à votre connaissance des éléments d’appréciations qui permettront de ne pas abuser de l’opinion sur un scandale qui n’en est vraiment pas un ». Soit, c’est un scandale, soit ça n’en est pas un. Mais, pas les deux à la fois.
Ensuite, le DNPGCA ne réfute pas qu’il n’y a pas de détournement. Seulement, il souligne que : « il n’y a point de détournement d’un montant de plus de 5 milliards de CFA au Cabinet du Premier Ministre ». Le détournement se rapporte à quel montant, en définitive ?
Enfin, le Courrier n’a ni inventé ce qu’il a publié, ni interprété quoi que ce soit. Il a rapporté le contenu de l’audit réalisé et les zones d’ombre, l’absence de pièces justificatives ainsi que le désordre dans les écritures comptables comme l’atteste le compte 14…, ne sont pas du Courrier, mais des auditeurs. Le Courrier ne tente pas non plus « d’impliquer le Cabinet du Premier Ministre dans un prétendu scandale financier ». Il n’en a pas les moyens, car il ni le …, ni le Coho.
Et puis, entre nous, est-il vraiment nécessaire de rappeler que « les ressources destinées à toutes ces activités sont de nature à apporter un appui aux populations vulnérables de notre pays ». ? Mais, puisque vous le faites, vous devez savoir que le gouvernement que dirige le Premier ministre Brigi Rafini est noyé dans une mer de scandales financiers. Pour votre gouverne, il est manifestement de bon ton de vous rappeler que ce sont 15 000 tonnes de riz, don du Pakistan aux populations éprouvées de Diffa, ont été détournées et vendues au port de Cotonou à des fins personnelles. Justement « pour gonfler les comptes bancaires de certains commis ». Sans état d’âme. Le courrier n’a donc pas besoin d’insinuer. Votre gouvernement est coutumier du fait. Pour finir, l’article du Courrier n’a rien de tendancieux. Il révèle, informe, confortant davantage sa crédibilité et son rôle dans la société et si cela a pu éroder la crédibilité de certains, il n’a fait que son boulot. Simplement son boulot d’informer librement. Le reste, gérez ça avec le cabinet d’audit.
La rédaction du journal Le Courrier
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