Le Niger s’apprête à vivre sa première alternance démocratique qui doit consacrer la passation pacifique du pouvoir d’un président démocratiquement élu à un autre, depuis 1960. Cette expérience est à saluer et doit faire à la fois honneur au Niger et servir d’exemple à l’échelle du continent africain. Cela est d’autant plus vrai, quand on regarde les mauvais signaux donnés dans certains pays de la sous-région. Le président Issoufou Mahamadou dispose pourtant, tout comme ses pairs, des mêmes moyens sur lesquels certains d’entre eux se sont appuyés pour mettre abusivement leurs peuples au pas. Il ne l’a pas fait. Il ne saurait d’ailleurs le faire sans remettre en cause l’idéal démocratique pour lequel il s’est battu pendant plus de trois décennies, et qui en retour lui vaut à jamais le respect de tous les nigériens sincères et de la communauté internationale. Il nous laisse ici, en caractères gras, une leçon, un héritage précieux : c’est une grave erreur si le destin d’un homme se confond au destin d’une nation.
Pourtant, c’est en ce moment riche d’enseignements que l’opposition nigérienne a choisi pour concevoir un plan macabre qui, si les citoyens n’y prennent garde, risquerait de ternir la fierté inhérente à cette page de notre histoire. Depuis le lancement de la campagne électorale du premier tour, elle n’a fait que multiplier des invectives et des propos haineux destinés à opposer les nigériens les uns aux autres. Déjà à l’issue du 1er tour de l’élection présidentielle, l’opposition avait fait propager des propos faisant de Mahamane Ousmane vainqueur de l’élection du 27 décembre avec des scènes de liesse, manifestement pour mesurer l’effet d’entrainement que cela pourrait avoir sur l’opinion. Ainsi, elle était à son premier ballon d’essai et ce ne sont là que des signes avant-coureurs d’une entreprise reportée. Pourtant, les nigériens tout comme la communauté internationale sont témoins des résultats des élections locales où les partis de Mahamane Ousmane et de son plus grand pourvoyeur de voix, son tuteur et mentor de circonstance en l’occurrence Hama Amadou n’avaient cumulativement réuni que moins de 9% de voix à l’échelle nationale. Les résultats des élections locales et législatives étaient, de par leur transparence, salués par l’ensemble des observateurs nationaux et internationaux. L’opposition n’avait pas daigné y voir un signe de fraude, au regard de leur caractère véritablement transparent.
Lorsque, à sa grande surprise, Mahamane Ousmane s’en était sorti 2ème avec un peu plus de 16%, contre plus de 39% pour le candidat Mohamed Bazoum du PNDS Tarayya classé 1er, la même opposition avait même jubilé à l’annonce desdits résultats.
Plus tard, lorsque le jeu d’alliances, qui a jusqu’ici déterminé le vainqueur au second tour de toutes les élections présidentielles tenues au Niger ne lui avait pas été favorable, l’opposition est encore devenue plus furieuse et plus hystérique. Pour rappel, le parti au pouvoir et ses alliés rassemblent 129 députés sur les 166 qui doivent siéger à l’Assemblée Nationale et le candidat Mohamed Bazoum dispose d’un potentiel électoral qui s’approche des 70% en vue du second tour des présidentielles, avec la configuration actuelle des alliances.
Devant une situation aussi désespérée, l’opposition n’a pas eu d’autre choix que d’appuyer sur le levier du chaos. Ses desseins macabres sont désormais connus. Elle prévoit entre autres les actions suivantes :
- Placer dans tous les bureaux de vote susceptibles d’être favorables au candidat Mohamed Bazoum, des représentants qui recevront l’ordre de ne pas signer les procès-verbaux
- Ne jamais porter la mention « R.A.S » sur un procès-verbal qui ne soit pas favorable au candidat Mahamane Ousmane
- Tout mettre en œuvre pour entacher d’une manière ou d’une autre les opérations de vote dans tous les bureaux de vote favorables au candidat Mohamed Bazoum et chiffonner les procès-verbaux, s’il le faut
- Mettre la machine en marche pour les votes multiples dans tous les bureaux réputés être favorables au candidat Mahamane Ousmane
- Proclamer elle-même le candidat Mahamane Ousmane « vainqueur » dans tous les cas, et dès le lendemain du scrutin
- Faire suivre cette proclamation des scènes de liesses et de festivités à Niamey, comme à l’intérieur du pays et en faire une large presse pour ainsi lui donner le cachet qu’elle n a pas,
- Mettre leurs militants dans la rue dans l’espoir de provoquer le chaos.
Devant cet appel du pied au péril, il est plus que jamais nécessaire que les citoyens nigériens s’investissent à conserver la denrée précieuse qu’est l’unité nationale, en ne cédant pas aux provocations d’une opposition aux abois qui a la pleine conscience qu’elle est à son crépuscule politique. Dans tous les cas, de telles manœuvres se sont produites dans la sous-région, notamment en Côte d’Ivoire, mais n’ont pas permis de changer le cours de l’histoire. Et c’est précisément être politiquement myope que de croire que de telles manœuvres puissent changer le cours de l’histoire que le peuple nigérien est en train d’écrire à travers une alternance pacifique.
La fin politique d’un individu ne saurait s’assimiler à une difficulté existentielle pour une nation. Les nazis l’ont essayé en Allemagne en Avril 1945, lorsqu’Adolf Hitler, sentant sa fin inéluctable, ordonna la destruction des toutes les installations industrielles de son pays et aux allemands de se suicider pour que le pays disparaisse avec lui. On connait la suite : il est parti seul avec ses lieutenants. De cette même manière, les « pyromanes » du Niger disparaitront seuls et le Niger va continuer inexorablement sa marche vers l’émergence, dans la paix et sans les « lâches ».
H. lkassoum
Analyste