Le deuxième tour de la présidentielle a déchaîné tant de passion au sein de la classe politique et a mobilisé le peuple décidé à réaliser l’alternance politique, car toutes les femmes et tous les hommes, pour exprimer leur ras-le-bol, disent leur désir de changement après la gestion chaotique de ces soi-disant socialistes qu’ils ont enduré pendant dix ans. Ces princes qui aiment tant la brillance ont plus pensé à eux, à leurs familles qu’au sort du Niger et de l’ensemble des Nigériens dont l’école a été abandonnée, la santé sacrifiée, le monde rural royalement ignoré, ne pouvant entendre que les éloges inaudibles et propagandistes de son initiative 3N qui n’aura pourtant rien changé dans la vie des paysans, le pays continuant à tout importer pour nourrir les populations, souvent jusqu’à la laitue. Face à une gestion qui aura été éprouvante pour les Nigériens, économiquement et politiquement, et qui, en plus, au plan sécuritaire aura fait vivre aux populations dans de vastes pans du pays, les tragédies les plus iniques, il était difficile, voir impossible de convaincre les Nigériens à voter pour faire ramener un système dont on ne garde que de mauvais souvenirs.
C’est dans ce contexte qu’intervient le second tour de la présidentielle qui donne aux Nigériens le choix entre deux hommes et deux visions diamétralement opposées, l’une incarnée par le dauphin choisi et imposé par le président sortant Issoufou Mahamadou en la personne de Bazoum Mohamed – et l’autre par le candidat du RDR-Tchanji, également candidat de l’Opposition. Pour des Nigériens qui aspiraient à un réel changement, le choix n’est pas aussi difficile, car entre le mal qu’on a vu et vécu et l’espoir que porte Ousmane du haut de son expérience et de sa sagesse, aucun Nigérien ne saurait tergiverser. Les partis politiques, surtout, avaient à opérer un choix pertinent, historique pas que pour eux-mêmes, mais pour le pays. Comptant sur des additions faciles qui considèrent l’électeur, le militant, comme du bétail, des hommes firent le choix du candidat du pouvoir qu’ils critiquaient pourtant avec véhémence. Seyni Oumarou qui avait d’abord qualifié la gestion socialiste de «satanique » et combattu avec une hargne la candidature de celui qu’il finit par soutenir, avait été celui, que les Nigériens avaient le plus critiqué au point d’être agacé par tant de mots déplaisants qui fusent de partout.
Un choix maladroit…
En plus du fait que ce choix n’obéissait à aucune logique si ce n’est de céder à la promesse d’un confort qu’on lui miroite pour occuper le poste «juteux» de président de la future Assemblée nationale et donc de deuxième personnalité du pays, ou des menaces pour des détournements de deniers publics dans sa gestion à la Primature dans les années 2008 et d’autres dossiers de ses soi-disant lieutenants dans divers services de l’Etat, l’on peut comprendre que ce choix ne vient d’aucune concertation avec les bases. Car, depuis que dans la discrétion des semblants commerces engagés nuitamment avec le camp du pouvoir, le patron «ensorcelée» du MNSD, par le rêve de sa prochaine promotion dirait-on, oubliait qu’il ne tienne qu’un seul bulletin de vote qui ne saurait sauver son nouvel champion et son fauteuil positionné. Ses menaces de faire quitter du parti tous ceux qui ne peuvent se plier à son “choix commercial” ne peuvent rien changer à la donne : les militantes et les militants sont restés fiers d’eux-mêmes, tenant à une dignité pour faire un choix plutôt raisonné. Depuis, beaucoup d’analystes disaient qu’il ne va qu’être très difficile à Seyni Oumarou d’honorer son engagement auprès de Bazoum Mohamed pour lui verser sans sa gibecière électorale ses 8% qu’enviait le candidat en difficulté, en mal d’alliances sincères. Dans sa dernière alliance avec le régime «satanique» les militantes et les militants ne virent aucun changement dans leur vie quand lui pouvait se sucrer dans son poste douillet de «Représentant qui ne représente pas». Les militantes et les militants, loin du chef qui se la coulait douce dans la petite île que le régime lui aménagea, ne virent rien, ni pour eux-mêmes, encore moins pour le pays où l’insécurité ne fait que prendre chaque jour des proportions inquiétantes. La dernière attaque, le jour du vote, dans la commune de Dargol, a renforcé les doutes quant à la capacité de ce régime à faire face à un tel défi qu’il traine depuis sept ans sans être capable de le juguler, le laissant s’étendre et se complexifier. Beaucoup de ceux qui, de son parti ou même du parti du candidat qu’il soutient, après avoir voté ce jour, pouvaient à la suite de cette dernière tragédie, vivre le remord, le regret même de leur choix si jamais dans l’urne, ils avaient été amenés à porter son candidat. On ne vit plus depuis que la psychose de l’insécurité gagne toute la région, tous les villages, tout le pays, pour venir si près, si près à Dargol, si près à Kouré...
Pour tant de raisons, à Tillabéri, à Diffa, à Maradi, à Zinder, à Agadez, à Dosso, à Niamey, beaucoup de militants ne pouvaient pas comprendre son choix. Ils étaient d’ailleurs nombreux à s’en distancer, refusant de suivre aveuglément, presque bêtement une consigne alimentaire qui ne se fait que pour le bonheur rêvé d’un leader qui ne sait plus penser le peuple et le parti, glanant au Guriland la dernière pitance qui lui prépare une retraite politique qui arrive à grands pas pour échapper à la précarité qui lui cerne les talons depuis que, dans sa reconquête du MNSD par la trahison d’une amitié, il avait fini par se faire ruiner.
Son affaire n’était donc pas facile quand partout, à travers le pays, on peut entendre dans son parti des voix discordantes qui marquent leur désaccord avec le choix qui avait été le sien et qui soulevé un tollé au MNSD qui ne pouvait se reconnaitre dans une telle démarche alimentaire. On savait donc que le MNSD ne suivra pas et la preuve est donnée depuis des jours à la suite de la proclamation des résultats du second tour.
La douche froide à Tillabéri….
Désormais, Seyni Oumarou et tous les leaders qui peuvent lui ressembler savent qu’il y a des risques à prendre lorsqu’on ose des décisions délicates sans y associer ceux qui, par la force de leur votation, pourraient crédibiliser un leadership. Les détracteurs du patron du MNSD peuvent d’ailleurs croire que l’homme depuis des jours ne dort plus, bien agacé par des résultats qui peuvent lui faire comprendre à quel point son leadership ne rassure plus depuis que, ici et là, à travers le pays, les militants peuvent défier son autorité politique en refusant s’obtempérer aux injonctions qu’il pouvait leur donner, mais se trompant de cadre car c’est trop caricaturer que de vouloir faire croire que l’adhésion à un parti serait tout aussi coercitif qu’elle oblige comme dans une relation maritale dans laquelle, comme épouse docile, l’autre n’a de métier que d’obéir mécaniquement oubliant qu’on est ici en politique et en démocratie où la contradiction et la liberté d’opinion restent la règle. C’est d’autant tragique pour Seyni Oumarou que son Tillabéri natal se rebelle et lui envoie derrière les résultats sortis des urnes un message fort qu’il peut ne pas comprendre pour ne réagir qu’avec de la rancoeur. Les populations ne sont plus ces moutons qu’on peut conduire où on veut, y compris à l’abattoir pour les livrer à leur bourreaux. Ce pays est gravement malade et il est dommage que Seyni Oumarou soit incapable de le lire, de le comprendre à travers ces colères muettes de populations à qui un pouvoir à tout arracher sans être capable de lui donner en retour, la paix qu’il est en droit d’espérer de sa part depuis sept ans qu’il a restreint sa vie, sans mesures d’accompagnement.
Cette catastrophe, tout le monde le prédisait pour le MNSD et son président, à Tillabéri comme ailleurs où des pontes du parti sont sortis pour dire leur préférence pour le candidat Ousmane, a fait clash et le Baobab tremble, menacé d’effondrement.
Dans la commune urbaine de Tillabéri, à l’instar de toute la région, Mahamane Ousmane, a battu son candidat. On imagine que c’était difficile à digérer pour le souteneur qui a pris ses quartiers à Tillabéri dans l’espoir d’envoyer la bonne nouvelle à Bazoum afin de lui rappeler la promesse à tenir vis-à-vis de lui. Et il rêve des motards qui sifflent devant lui, dans ces cortèges orgueilleux qui le font traverser la ville. Mais ça n’a pas marché : il n’y a pas eu de report de voix. Et on se débrouille pour arranger les choses avec les voix commandées de Tahoua. La nuit aura été dure et longue. Tillabéri commune a refusé.
Il faut rappeler que la commune compte 64 bureaux de vote. Le quartier du couple est Zongo qui vote dans trois bureaux de vote situés à l’école quartier de la ville. Dans un, Mahamane Ousmane a 223 voix contre 20 pour son challenger, 193 dans un autre contre 96 pour Bazoum et dans le troisième 197 contre 79 pour l’homme à qui il promettait la victoire à Tillabéri. Dans d’autres grands quartiers de la ville à savoir Tillakaïna Koira Zéno (3 bureaux de vote), Tillakaïna Mébéréi (2 bureaux de vote), Gandatché (2 bureaux de vote) et Kabia (5 bureaux de vote), Ousmane devance son champion dans tous les bureaux. A Tillabéri la CAP 20-21 a plié l’élection : Ousmane est son héros !
Équations ?
On imagine que depuis cette catastrophe électorale pour le MNSD et son leader, que d’interrogations qui assaillent l’ancien haut représentant qui peut d’ailleurs croire que sa promesse est à l’eau, Tillabéri lui ayant mis du sable dans son «dambou» pour lequel on lui promettait pourtant bien d’huile. C’est terrible. Comment peut-il justifier cette débâcle pour se faire pardonner son échec qui, forcément, lui fera perdre, la grande attention dont il pouvait jouir auprès de ses amis aux côtés desquels il se battait confusément pour une certaine unité nationale quand tout le monde sait que c’est pour un poste juteux qui lui a été miroité disons et qui lui a donné des zèles dans la campagne où il a perdu jusqu’aux bonnes manières pour parler aux Nigériens : et il n’avait été facile pour lui de résister à l’appât viandé. Et depuis, partout, l’on se demande quel pourra être le sort du MNSD et de son leader ?
Le naufrage ?
L’on sait que depuis quelques jours, son leadership est contesté par nombre de responsables politiques qui ne comprennent pas la gouvernance du parti devenu une boutique pour assouvir les ambitions de son président qui s’en servir à commercer avec pour trouver ou un poste anticonstitutionnel de «Haut Représentant » ou de président d’Assemblée nationale. Maintenant que tout le monde aura compris que le président du parti, chez luimême ne commande plus grand monde, on pourrait probablement assister dans les mois à venir à des frondes qui vont se réveiller dans le parti pour demander sa tête afin de restructurer le parti et de le sauver du naufrage dans lequel le perdent les gloutonneries de ses responsables.
Gobandy