Depuis le début de la contestation des résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle du 21 février dernier, on assiste à une pluie de déclarations de la part de certaines organisations internationales et nationales. A travers des déclarations, lesdites organisations condamnent les violences enregistrées au cours des manifestations et appellent les parties contestant les résultats des élections à se référer aux juridictions compétentes pour trancher les litiges électoraux, allusion faite ici à la Cour constitutionnelle. La question que bon nombre d’observateurs se posent est de savoir où étaient toutes ces organisations internationales et nationales depuis le début du processus électoral que tout le monde savait porteur des germes d’une crise post-électorale. En effet, pour en avoir été parties prenantes, certaines organisations internationales savaient mieux que quiconque que dès au départ le processus électoral était biaisé avec le refus de l’opposition de siéger au sein des différents organes chargés d’organiser les élections et la décision des tenants du pouvoir à poursuivre le processus avec uniquement les partis de la mouvance présidentielle. C’est depuis cette phase que ces organisations internationales devaient réagir pour amener le pouvoir à créer les conditions d’un processus électoral inclusif. Malheureusement et pour des raisons qu’elles seules connaissent, les organisations concernées ont choisi de fermer les yeux, donnant carte blanche à un pouvoir qui avait plus à gagner à tenir l’opposition à l’écart du processus électoral. Les mêmes organisations internationales pouvaient aussi réagir après certaines bavures constatées lors du premier tour de la présidentielle du 27 décembre afin de prévenir ce qui s’est passé au second tour. Là aussi, on a assisté à un silence troublant de la part de ces organisations internationales dont on peut légitimement s’interroger sur l’attachement aux valeurs de la démocratie et des droits de l’homme.

Sinon, comment des institutions aussi crédibles que les Nations unies, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Union européenne, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) peuvent "convaincre" les Nigériens et le monde entier qu’elles n’ont pas vu venir la crise post-électorale en cours au Niger, avec toute la polémique qu’il y a eu autour du processus électoral ? Pourquoi ont-elles préféré attendre que la crise s’installe pour oser hausser le ton alors qu’elles avaient mille et un moyens de la prévenir, surtout au regard du contexte sécuritaire au Niger et dans la région du Sahel de manière générale ? Quel crédit peut-on désormais accorder à ces institutions quand elles clament à tout vent qu’elles oeuvrent pour la promotion de la démocratie et des droits de l’homme en Afrique et au sein de leurs pays membres ? Quel est l’intérêt pour les peuples africains que ces organisations continuent à financer, à coup de centaines de milliards, des élections dont les résultats sont presque connus d’avance, alors que cet argent peut être utilisé dans des secteurs sociaux de base comme la santé, l’éducation ou l’agriculture ? On peut aussi légitimement s’interroger sur les motivations réelles de toutes ces organisations nationales subitement devenues bavardes, alors même qu’elles ont observé un silence total lors que l’opposition contestait la manière dont le pouvoir voulait conduire le processus électoral.

Hamidou Bello