L’arrestation du chef service matériel de la présidence de la république du Niger, le sieur Ibrahim Amadou Moussa, alias «Ibou Karadjé», a jeté le froid dans le dos de certaines personnalités proches de l’ancien président Issoufou Mahamadou, qui n’ont plus le temps de sommeil tranquille. Dans les coulisses, il se raconte que d’autres sales affaires tues par le prédécesseur de Bazoum pourraient connaitre sous peu un début de traitement judiciaire.
Si l’on en croit les premières informations reçues dans les milieux du ministère des finances et de la présidence Bazoum, le jeune commis de la présidence n’a pas agi seul. Il a su bien profiter de certaines complicités qui lui ont permis de soutirer à l’Etat des faramineuses sommes d’argent. Des milliards de francs CFA auraient été soutirés au trésor public sur la base d’une supercherie minutieusement orchestrée. Ces milliards auraient-ils tous échoué dans les poches de ce petit commis de la présidence ? Seule une vraie investigation judiciaire, doublée d’un engagement ferme de l’actuel locataire de la présidence, peuvent permettre de le savoir. Les enquêteurs et la justice tiennent le bon bout et n’entendent pas reculer cette fois-ci. Bien que les faits allégués contre ce dernier se rapportent à un seul volet du service de la présidence de la République, beaucoup de nos concitoyens, en particulier des proches du nouveau Chef de l’Etat, saluent le point de départ d’une série d’investigations dans la gestion des dix ans de la gouvernance Issoufou.
Quoiqu’il en soit, même si dans cette affaire d’Ibou Karadjé, il est très difficile d’atteindre l’ancien président de la République, en raison du principe de l’imputabilité dans la gestion des affaires de l’Etat, il n’en demeure pas moins que cette belle prise, relance de plus bel l’urgence de fouiller dans la gestion globale des dix ans de celui-ci.
La volonté politique de mener une vraie opération mains propres, tant attendue des millions de nos concitoyens, est désormais une réalité. Plus encourageant aussi, le président Bazoum Mohamed n’entend pas s’immiscer dans aucune procédure judiciaire de quelque nature qu’elle soit, si tant est qu’elle vise à mettre l’Etat du Niger dans ses droits et à rétablir l’Etat de droit. Au surplus, il l’a lui-même annoncé en substance dans son discours d’investiture que la justice fera son travail loin de toutes intrusions politiques. Un engagement qui le différencie désormais de son prédécesseur Issoufou Mahamadou, lui qui n’a pas jamais laissé la justice traquer tous les voleurs des deniers publics et autres bandits d’Etat, issus de son entourage et de sa famille.
En tout cas, dans les salons feutrés de Niamey, la capitale politique du Niger, cette affaire de vols d’argent public, sur la base des faux documents est très prise au sérieux et inquiète à plus d’un titre le cercle restreint de l’ancien président de la République, y compris dans les milieux de certains hauts gradés qui avaient profité sous l’ombre de l’enfant prodige de Karadjé.
Selon nos sources, celui-ci évite de parler trop, néanmoins il a des choses à dire qui, lorsqu’elles vont être dévoilées, pourraient bien compromettre des personnalités de haut rang. D’ailleurs c’est cette attitude, qui se veut trop précautionneuse en attendant le vrai jugement, qui l’aurait amené à refuser de recevoir certains visiteurs qui avaient pourtant fait le déplacement de la prison de Say, où il a été déféré. Et semble- t-il même durant son séjour au niveau de la police judiciaire, il avait catégoriquement refusé de rencontrer ces mêmes personnalités du cercle de Mahamadou Issoufou, ajoute notre source.
En attendant aussi de savoir si d’autres inspecteurs d’Etat seront commis pour des fouilles supplémentaires au niveau de tous les services de la présidence et d’autres institutions étatiques, où tout n’a pas été géré selon les règles de l’orthodoxie financière, certains de nos compatriotes pensent que par ces genres d’opération, Bazoum finira par acquérir la popularité et la légitimité nécessaires qu’il n’en a pas au sortir des élections de mars 2021, et dont il en a grand besoin en ce moment crucial.
Et le fort prix à payer, semble être le devoir d’ingratitude vis-à-vis de tous ceux qui prétendent avoir un pouvoir d’influence sur son règne. Seulement, dans les milieux proches du principal parti au pouvoir et de l’entourage de l’ancien Chef de l’Etat Issoufou Mahamadou, des personnalités politiques déplorent tout bas, cette volonté de Bazoum de voir clair dans la gestion de son prédécesseur. Une gestion qui a tiré le Niger vers le bas, le maintenant dans son traditionnel rang de dernier pays de la planète durant pratiquement les dix années de règne d’Issoufou, chef d’Etat le plus incompétent de toute l’histoire de sa gouvernance politique. Rappelons qu’Ibou Karadjé n’a pas atterri au hasard dans les affaires de la plus haute institution politique de la République du Niger. Comme on le sait déjà, sous le règne de l’ex chef de l’Etat, n’importe qui ne peut pas être parachuté à un poste stratégique comme celui du chef de service transport de la présidence de la République.
En d’autres termes, il faut avoir soit, la bénédiction du patron des lieux qu’est Issoufou Mahamadou, soit celle d’un membre de son pré carré. «Ibou Karadjé» a eu cette bénédiction et a su bien danser sur l’argent de l’Etat, parce qu’il connait quelqu’un là-bas qui a lui fait tant confiance.
Une confiance qui lui a permis d’être cité parmi les nouveaux riches fabriqués par le régime de la renaissance d’Issoufou Mahamadou. Son brusque instinct de générosité suffit pour s’en convaincre. Une rare générosité qui a fini par faire de lui un mécène de la communauté dont il porte le nom.
AI