Le Médiateur de la République, Me Ali Sirfi Maiga a entrepris une série de rencontres de plaidoyer sur les enjeux de l’actualisation des cadres juridiques protégeant les femmes et les filles des violences. Il était hier à Zinder pour la première étape de sa mission, où il a procéder au lancement de ce plaidoyer en présence du Gouverneur de la Région de Zinder M. Issa Moussa, des Honorables Chefs traditionnels de la région, des représentants des associations religieuses, ainsi que de nombreux invités.
Dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, le Médiateur de la République a indiqué que l’exercice des droits fondamentaux de la personne humaine est un chantier qui sans aucun doute regroupera encore, les gouvernants et les gouvernés , qui se doivent alors de se considérer comme des ouvriers, des manœuvres, des plombiers, des électriciens, des architectes de ce monument dont les travaux de finition et d’embellissement ne prendront jamais fin, non pas parce qu’il est impossible de terminer ce chantier, mais parce que le devoir et le bon sens commandent de ne jamais fermer les yeux, de ne jamais attendre, de ne jamais lâcher. Il a ajouté que le combat en faveur de la jeune fille mérite qu’on s’y penche tous les jours, dans la mesure où dans nos contrées et nos villes, les violations de droits en général et la chosification de la jeune fille en particulier sont récurrentes et la société ne doit plus jamais rester passive et inerte. « Nous avons donc l’ultime devoir de travailler pour convaincre et vaincre les appréhensions et considérations qui retardent l’épanouissement intellectuel de la femme et de la jeune fille. Les statistiques et les témoignages, les constats et les rapports administratifs divers, soulignent la situation dramatique de la jeune fille, à qui on ôte son droit à l’éducation et à l’instruction, son aspiration de devenir une grande femme travailleuse, une fonctionnaire, ou un leader, c'est-à-dire une actrice du développement de son village, de sa région, de son pays. La société nigérienne dans son ensemble doit comprendre le sens et la valeur de cette lutte, à l’effet de poser pour toujours, les jalons d’une société éclairée, qui ne dresse pas des barrières subjectives pour le libre développement de la personnalité dans ses dimensions matérielles, intellectuelles, culturelles, artistiques et religieuses.
La soudaine déscolarisation de la jeune fille, tout comme l’union par le mariage de manière soudaine et précipitée, avant un âge raisonnable, sont des pratiques qui ne peuvent que nuire à notre société et à notre pays » a souligné Me Ali Sirfi Maiga. Le Médiateur de la République a ajouté qu’on a des belles raisons de croire à la réussite de cette lutte, puisque les autorités de notre pays en ont déjà fait la leur, la lutte pour l’éradication de toutes les formes de chosification de la femme, en général, la jeune fille en particulier. Evoquant le chapitre 10 du programme de Renaissance III de SEM Mohamed Bazoum, il a indiqué qu’un certain nombre de défis sont à relever dans ce combat, notamment la question de la démographie, en lien avec la question de l’éducation. « Dans son discours du 2 avril, le Président de la République a encore réaffirmé l’engagement d’affronter la question de l’éducation, avec beaucoup de détermination. Dans le prolongement de cet engagement du chef de l’Etat, nous nous devons de réunir toutes les énergies, pour consolider les droits de toutes les catégories de personnes. En somme, au-delà du toilettage des textes, pour les adapter à l’évolution de notre temps, il faut aussi créer les conditions d’un changement de mentalité à tous les niveaux, parce que les auteurs de ces violations sont peut-être dans un enfermement culturel qui leur donne une grossière appréciation des droits et devoirs de la personne humaine » a dit Me Ali Sirfi Maiga. Il a souligné qu’il garde la conviction que par le truchement de ces cadres, hautement importants, le Niger parviendra à consolider, dans le sens de l’effectivité, les droits de la femme et de la jeune fille. Le Médiateur de la République a enfin remercié le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), dont l’appui technique et financier a permis l’organisation de cette caravane.
Par Oumarou Moussa(onep)
04 juin 2021
Source : http://www.lesahel.org/