Pour qui connaissait l’opposant Bazoum Mohamed, le philosophe ou l’enseignant, il y avait dans son langage souvent des écarts de langage, des mots un peu déplacés qui semait de la polémique. Ceci s’est davantage matérialisé lors des toutes dernières joutes électorales au cours desquelles certains mots qu’il a lâchés malencontreusement avaient failli entacher sa campagne d’irrégularités. Et, le plus souvent, c’étaient ces mots déplacés que les autres saisissaient pour lui tirer dessus. Cette maladresse restait la principale énigme pour les nigériens quand le nouveau président avait été investi. L’on craignait qu’il ne parle mal ; l’on disait même qu’il embraserait le pays un jour avec ses mots qui ressemblaient souvent à de la provocation ou même des insultes.

Pour le moment, rien n’est encore signalé dans ce sens. Malgré plusieurs sorties en direction du peuple, jamais on n’a relevé un mot mal placé qui ressemble à ce que certaines bouches maldisantes avaient annoncé. Est-ce à dire que le président Mohamed Bazoum a lui-même pris la mesure de cette remarque ? A-t-il autour de lui une communication assez nourrie qui lui prodigue les conseils essentiels dans ce sens ? Peut-être question de sagesse aussi ?

L’un dans l’autre, il faut juste rappeler le contexte dans lequel les mots ou paroles déplacées avaient été prononcées. Dans la plupart des cas, c’étaient des situations de guéguerres pour les joutes électorales. C’étaient des moments où les uns et les autres se rentraient dedans, chacun cherchant à discréditer l’autre à son profit. Il faudrait profiter de toute faille laissée par son adversaire pour lui faire mal. C’était dans ce contexte qu’on a enregistré plusieurs mots et réflexions qui ont été brandies comme des bombes lâchées contre certaines couches sociales ou certains groupes de personnes. Rappelez-vous des paroles qui ont été utilisées comme des attaques contre l’unité et la cohésion nationale. Ces paroles ont été savamment exploitées par les militants des autres bords politiques. Et cela a contribué à dresser certaines populations de certaines régions pour se dresser sur son chemin. On a enregistré ces réactions notamment à Tillabéry, à Dosso et à Diffa.

Ceci dit, le calme et la tranquillité qui caractérisent aujourd’hui les sorties du président Bazoum Mohamed sont des éléments carrément à l’opposé de ce que l’on a pensé. L’enseignement a tiré de tout ceci reste que le plus souvent, il faut se méfier des à priori et des idées préconçues.

Surtout que l’homme est de nature fluctuant, pouvant manifester des tempéraments en fonction des circonstances. L’homme peut changer à tout moment.

L’autre enseignement reste dans la force des mots. En effet, pour l’homme public, notamment le politicien qui s’adresse au peuple, il est important qu’il modère son langage et qu’il utilise des mots justes, rassembleurs. Une simple phrase ou un mot mal placé peut provoquer des catastrophes. Dans ce sens, il faut, encourageons le président de la République à tenir compte de cet aspect. Qu’il n’oublie pas que les écarts de langage sont les toutes premières choses que les nigériens lui ont reprochées. Qu’ils sachent aussi que beaucoup l’attendent sur ce terrain. Il doit rester vigilant partout où il est amené à prendre la parole. Quel que soit le degré de l’émotion à laquelle il fait face, il doit se retenir et se dire qu’il s’adresse au peuple, au monde entier. Ses paroles circulent comme l’air et elles vont loin.

A la communication du chef de l’Etat et à son proche entourage, la bataille doit rester permanente. Il faut davantage redoubler de vigilance pour que des dérapages n’arrivent pas dans ce sens. Un seul mot peut porter à mal tout cet enthousiasme qui a saisi les nigériens vers leur nouveau président.

"Tous les moyens seront donnés aux FDS pour assurer convenablement cette mission et je ne veux plus aucune faille dans la conduite des opérations."

Au cours de la conférence de presse qu’il a animée à la résidence des hôtes à Diffa, à la suite des trois jours de sa visite dans la région de Diffa, notamment Baroua où se trouvent des déplacés internes et des réfugiés venus du Nigeria voisin, le Président Bazoum Mohamed a développé deux points essentiels, à savoir la rencontre avec les officiers, sous-officiers et hommes de rang pour faire le point sur la situation sécuritaire. Sur ce point précis, il a reconnu quelques progrès récemment dans la prise en compte de la sécurité avec quelques succès enregistrés par les FDS dans le combat qu’elles mènent contre l’ennemi. Tout en reconnaissant avec franchise un certain relâchement de la vigilance ces dernières semaines où Boko haram s’est approché de plusieurs localités dont Maine Soroa où il a entrepris des attaques. Sans compter d’autres localités où on sent leur présence encore. Là, le Président Bazoum a donné des instructions fermes afin que cette situation change dans les plus brefs délais et a assuré avoir discuter de manière honnête avec les chefs militaires opérationnels pour prendre toutes les mesures nécessaires et sécuriser lesdites localités. Il a promis que tous les moyens seront donnés aux FDS pour assurer convenablement cette mission et ne veut plus aucune faille dans la conduite des opérations.

L’Etat va prendre et assumer toutes ses responsabilités pour le retour de ces déplacés internes qui ont quitté leur domicile pour certains depuis près de 6 ans 7ans. Concernant le second point abordé, c’est la question des déplacés internes et des réfugiés qui sont au nombre de 300 000 environ. Il a échangé avec le gouverneur de Borno pour le retour des réfugiés dans leur pays dans un bref délai. Ces réfugiés nigérians sont au nombre de 30 000. Et pour les déplacés internes qui sont au total 270 000 à 280 000, en relation avec les autorités régionales de Diffa, ils vont tous regagner leurs villages.

D’ores et déjà, quelques-uns l’ont fait au cours de sa visite, notamment ceux de Baroua et Kabalewa. L’Etat a-t-il soutenu, va prendre et assumer toutes ses responsabilités pour le retour de ces déplacés internes qui ont quitté leur domicile pour certains depuis près de 6 ans 7ans. Il a insisté sur cet aspect que c’est d’abord une responsabilité de l’Etat de prendre toutes les dispositions utiles et nécessaires pour le retour progressif de ces déplacés internes et non les partenaires et bailleurs de fonds qui viendront en appui s’ils le désirent. Mais ça sera à l’Etat, sur fonds propres, d’assurer toutes les mesures pour le retour et l’installation de ces déplacés. Il a assuré là aussi que les FDS vont assurer au quotidien la sécurité de ces populations par tous les moyens afin de ne plus revivre une telle situation. Tous les moyens seront déployés pour assurer cette tâche combien importante pour la quiétude des populations de la région de Diffa qui doivent reprendre leurs activités économiques. Enfin, au cours des échanges avec la presse qui l’a accompagné dans ce déplacement, il a réitéré son appel aux partenaires suite à la rencontre du 25 juin 2021, afin qu’ils viennent aider les populations, mais uniquement lorsque l’Etat aura accompli sa mission pour le retour définitif et complet des populations dans leurs villages. Il a beaucoup insisté sur le fait que c’est la mission de l’Etat et il le fera avec ses propres moyens. Autre chose, le Président Bazoum a souligné qu’après le retour de ces déplacés internes, l’administration va reprendre sa place dans toutes ses localités avec le retour des services sociaux et là aussi par tous les moyens pour accompagner les populations.

Yaou