Sommes-nous un peuple attentiste fataliste, qui ne sait rien entreprendre, qui ne sait pas prévenir et planifier, qui ne sait pas agir ? Cette nuit du mardi au mercredi qui fut celle de la grande pluie et des cauchemars, a rajouté à nos doutes, quant à savoir si la Renaissance peut vraiment répondre aux attentes des populations. Dans la ville, certaines voies goudronnées, sous la pluie sont comme un ravin, avec l’eau coulant si violemment comme dans le lit d’une rivière, effrayant tout passant qui ne pouvait plus croire que c’est sa ville de la veille. C’est comme si aucune étude n’a été faite à installer les quartiers et en ces temps de dérèglement climatique, l’on ne peut à juste titre que craindre le pire. L’on sait que dans certains quartiers périphériques, les constructions sont faites de façon anarchiques et surtout avec des matériaux fragiles qui mettent en insécurité des familles et leurs enfants. L’Etat qui voit, ne peut rien dire, mais il viendra, quand arrive les catastrophes, pleurer et manifester toute sa compassion. C’est d’une société irresponsable, démissionnaire que nous parlons, et il n’y aura jamais de renaissance culturelle, quand d’abord, on ne peut inculquer à l’habitant de la capitale, un certain esprit de la ville.
Il pleuvait donc dans la capitale, et le gros ravin qui traverse Boukoki affolé par les eaux de la ville qui le nourrissait, déversait violemment son trop-plein d’eau dans le fleuve, bousculant le marché « Djamadjé » dont il emportait des étals. Le matin, le marché est désolé quand arrive les marchands : la pluie-vandale a tout emporté, laissant des commerçants hébétés, profondément malheureux. Au pays des misères, il y en a qui se nourrissent du malheur des autres. Et quelques meutes de badauds prenaient d’assaut le fleuve pour y recueillir quelques biens égarés sur les sables mouvants d’un fleuve assoiffé. Et les « chercheurs d’or », piochaient qui ici quelques pommes de terre, qui quelques bouteille de boisson, qui quelques poissons glacés, qui d’autres biens. Alors que d’autres riaient de « l’or » amassé, un peu loin, « Djamadjé » demeurait désolé, avec les larmes intarissables de commerçants qui ressentent, après s’être battu vainement, le sentiment de l’abandon et de la trahison. En effet, l’on se souvient que c’était suite à l’incendie du Petit Marché de Niamey que ces marchands, ont occupé de manière anarchique, ces espaces insalubres de la ville, contigus à ce ravin qui coulent vers le fleuve. Se battant au soleil, bravant la puanteur sauvage des ordures qui jonchent la maison du maire central de la ville, ils savaient se contenter de cet espace exigu et malpropre, indigne d’une capitale pour servir de marché. Pourtant, en cinq années de gouvernance, il était possible, ne serait-ce que dans le projet Niamey Nyalla, de reconstruire le Petit marché sous un style architectural néo-moderne pour recaser ces braves hommes et femmes des soleils et pouvoir ainsi décongestionner les rues encombrées de la ville. Mais alors qu’on ne construisait pas de marchés quand la ville s’est démesurément agrandie, on ne trouvait mieux à faire, qu’à détruire les commerces de gens, qui ont investi leur fortune pour trouver leur place dans l’économie de la capitale. Ce drame de ce jour, remet sur le tapis, l’urgence qu’il y a à construire le Petit Marché de Niamey. En ces temps d’une nature imprévisible, il faut craindre le pire. Face à ce drame, il ne faut plus se taire…
Les commerçants n’ont pas fini de payer !
ISAK.
18 juin 2017
Source : Le Nouveau Républicain