On était loin de s’imaginer qu’un socialiste pouvait aimer tant l’argent et surtout que socialisme et bourgeoisie pouvaient avoir autant de connivences, autant de complicités compromettantes. Pire que ceux que l’on avait dénoncés avec une hargne jamais démentie, l’on s’était permis tous les excès, tous les abus, se servant du pouvoir pour rivaliser d’avidité pour s’enrichir avec une telle arrogance que les Nigériens ne pouvaient pas comprendre le socialisme altéré que lui proposaient une poignée d’intellos organisés en camarilla pour s’agripper autour du pouvoir conquis avec un discours séducteur et trompeur. En fait les camarades n’avaient aucun projet sérieux pour la nation car qui peut croire qu’il peut gouverner dans la fracture, dans la blessure, dans la vexation permanente d’une frange sociologique et politique et croire qu’il pourrait ainsi atteindre les objectifs nobles de cohésion et de quiétudes sociales que tout homme d’État pourrait poursuivre.
Le socialisme était ainsi devenu, pour survivre à l’inceste qui l’aura enfanté, le complice de tout ce qui, condamnable, rime avec la mal-gouvernance en protégeant notamment tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont commis des impairs pour lesquels on aurait aimé les voir répondre de leurs actes devant la justice impartiale. C’est ainsi qu’un certain Zakaï longtemps persécuté par les socialistes, après avoir stratégiquement choisi de faire allégeance au Guri, est subitement devenu fréquentable et Bazoum a tellement fini par lui reconnaitre des vertus qu’il a fini par faire de lui son « aboki », son ami qu’il pouvait sans pudeur célébré, oubliant toute l’infamie dont il l’avait couvert en d’autres temps. Misérable politique nigérienne. Ne parlons pas de tout ce discours d’un procureur inconsolable que le parti qu’il dirige avait eu pour l’autre ami – Ibrahim Yacoubou – voué aux gémonies avant de revenir, quand enfin, lui aussi, sans conviction et sans idéal à défendre en politique, devait revenir soutenir ceux qui avaient dit qu’il fallait se débarrasser de lui et le jeter à la poubelle de la politique.
Tous les brigands qui, ayant compris comment fonctionne le Guri-système, ont par stratégie de survie allié la renaissance dont ils sont devenus les alliés et les laudateurs inconditionnels. Ainsi ont-ils infesté le socialisme nigérien devenu une congrégation de malfrats décidés à piller, à spolier et à ruiner l’État tout en se servant du pouvoir comme paravent et promouvoir l’impunité et la rupture d’égalité entre Nigériens. Le Niger devenait ainsi pauvre et alors que certaines projections de la Banque Mondiale ne cessent de surprendre les Nigériens, le régime veut faire croire que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».
Depuis quelques jours, quelques coups d’éclats sont faits pour donner l’impression qu’on est désormais décidé de s’attaquer au problème de l’impunité. Le boucan fait autour de l’opération « main propre » ainsi qu’on aurait aimé le baptiser, ne vise pas moins qu’à divertir les Nigériens à un moment où ici et là, l’on commence par s’offusquer de la gouvernance et à s’indigner de la situation difficile du pays, afin de réorienter les consciences plus préoccupées par la « Taouritude », pour se perdre dans le défoulement que pourraient permettre les débats nourris par des rumeurs tout aussi folles que sensationnelles. Et sur ce plan, le régime est en passe de gagner son objectif car depuis des jours, l’on entend moins « Tayi taouri », car on aura imposé insidieusement dans les causeries, des légendes autour de la foule souvent mythique d’infortunés sacrifiés par lé régime pour détourner les débats en faisant oublier les urgences dans un pays où l’on a commencé par désespérer.
Si l’on ne peut pas croire à cette opération pour cette raison, il reste aussi vrai que parce que l’on ne cherche qu’à faire rembourser ce qu’on pourrait reprocher aux uns et aux autres d’avoir subtilisé, alors quel crédit peut-on accorder à la volonté des tenants du pouvoir à aller au bout des différentes affaires, en faisant répondre effectivement tous ceux qui seraient cités. Faut-il croire dans un État droit que faire payer excuse une faute ? Une telle manière de gérer, ne peut donc pas rassurer et pendant que des hommes, sur dénonciation calomnieuse, croupissent en prison depuis plus d’un an, sans qu’on ne puisse apporter les preuves des accusations qui pèsent sur eux, l’on ne peut pas comprendre que des gens qui auraient reconnu leur faute en acceptant de rembourser, puissent être libérés pour continuer à narguer les Nigériens. Rembourser, peut-il d’ailleurs, autoriser un juge, à s’interdire toute poursuite contre un homme qui aura pourtant commis une infraction qu’une telle réparation ne saurait annuler ? Quoi qu’on puisse dire, la faute demeure, et la morale sociale ainsi que le droit voudrait que l’acte soit puni à la hauteur du crime commis. Peut-on, dans une société normale jouer avec le bien public et mériter quelques circonstance atténuante ? A vouloir seulement faire rembourser, n’est-on pas en train d’encourager l’enrichissement illicite et le détournement des deniers publics ?
La renaissance peut comprendre qu’elle ne peut plus reculer dans la gestion désormais ouverte de ces dossiers car, ayant commencé par les premiers cobayes dont certains vivent le remord de leur choix politique, les intouchables et autres protégés tapis à l’ombre du pouvoir, ne peuvent longtemps bénéficier de l’indulgence du régime car, parce qu’on voudrait croire que tous les Nigériens sont égaux devant la loi, ils peuvent être la cible de dénonciateurs aigris qui ne peuvent accepter de payer seul pour tous car ceux qu’on aura choisi de sacrifier pour rassurer conjoncturellement sur la question de la lutte contre l’impunité, pourraient comprendre qu’ils ne sont que les dindons de la farce.
La météo politique mondiale ne semble plus favorable aux camarades et ils devront comprendre que des situations sont en train d’évoluer, malheureusement en leur défaveur, et que leur régime pourrait en devenir vulnérable pour ne plus résister aux orages qu’augurent les intempéries qui agitent le ciel de la géopolitique mondiale.
On pourrait d’ailleurs, pour n’accorder aucun crédit à cette opération qui n’est qu’un trompe-l’œil, croire que la raison qui pourrait justifier l’agitation de ce « boulala » sélectif, est que ceux qui l’ont initié ne cherchent pas moins qu’à racketter quelques hommes encore solvables, en les intimidant par la menace de la prison pour garnir les caisses vidées de l’État et survivre à la dèche qui, si elle n’est pas contenue, pourrait exploser dans les prochaines semaines, et conduire le pays à des turbulences qui pourraient être ingérables.
La renaissance est sur une pente déclive, dangereuse…
31 janvier 2017Source : Le Canard en Furie