Si l’on se fie aux propos du Président Bazoum Mohamed et de son ministre des Affaires étrangères, Hassoumi Massoudou, accusant implicitement les autorités de la Transition malienne d’avoir assassiné l’ancien Premier ministre malien, Soumaïlou Boubé Maïga, on pourrait bien faire le parallèle avec le décès de l’officier nigérien, Soumana Zanguina. Accusé de tentative de coup d’Etat en 2018 et arrêté avec le capitaine Kafougou Maï Manga et le colonel Oumarou Hima ainsi que d’autres officiers, le colonel Soumana Zanguina, un valeureux officier des Forces armées nationales (Fan), a tiré sa révérence en décembre 2020, au Centre hospitalier de Lamordé, à Niamey, alors qu’il était en détention. Un évènement remis au goût du jour depuis les autorités nigériennes, on ne sait pourquoi et avec quelles preuves, ont avancé regretter de constater que de telles procédures aient encore cours en 2022. Le Président Bazoum n’a pas d’ailleurs hésité à faire le parallèle entre la mort de l’ancien Premier ministre malien et celle de feu Modibo Keïta, le premier président malien décédé en détention sous Moussa Traoré. Leur allusion est claire : Soumaïlou Boubé Maïga a succombé de conditions de détention délibérées pour conduire à sa mort. Pire, il aurait été empoisonné. La comparaison avec le sort de Modibo Keïta n’est pas anodine.

Elle est même vicieuse. L’ancien président malien est mort en détention au camp des commandos parachutistes de Djikoroni Para de Bamako le 16 mai 1977. Ses geôliers lui auraient apporté de la nourriture empoisonnée.Le colonel Zanguina a-t-il été assassiné par les autorités de Niamey ? Les griefs retenus contre lui depuis 2018 par le régime sont plus que sérieux. Il a été accusé de tentative de coup d’Etat et arrêté. Son procès n’a jamais été tenu jusqu’à sa mort. Si le motif de son incarcération pouvait expliquer son assassinat, personne, en revanche, en tout cas au Niger, n’a émis officiellement une telle idée. Pourtant, ce n’est pas faute de ne pas le penser, les pratiques sous la 7e République ayant donné lieu à de grosses inquiétudes.

Outre les officiers qui, comme Mahamane Laouali Robert, ancien chef de corps de la sécurité rapprochée d’Issoufou, ont été foudroyés par une crise curieuse et dont on aurait pu assimiler les morts à des empoisonnements, un caporal- chef, un certain Mansour Maman, a été récemment enlevé dans les rues de Niamey, en plein jour, et assassiné. Etouffé à l’aide d’une cagoule, il aurait par la suite été étranglé avant de déposer le corps, sans vie, à l’hôpital national de Niamey où un médecin a constaté le décès. Le fait, insolite, n’a jamais dérangé les autorités nigériennes. Ni le ministre de l’Intérieur, ni son homologue de la Défense nationale, encore moins la hiérarchie militaire, n’ont cru devoir faire le moindre communiqué ne serait-ce que pour fustiger et promettre une enquête. Les auteurs de ce meurtre crapuleux ont apparemment agi en toute assurance d’impunité. Le Président Bazoum Mohamed, qui semble si scandalisé par le cas Soumaïlou Boubé Maïga n’a pas, à ce jour, exprimé le moindre mot sur cette affaire qui défraie encore la chronique. Si le caporal-chef Mansour n’a pas occupé les fonctions de son ami Boubé, il est tout de même un soldat de la République qui a servi, loyalement, les couleurs pendant 29 ans, dit-on.

Selon certains observateurs, Niamey a probablement accusé les autorités de la Transition malienne d’un crime qu’elles n’ont pas commis. D’autres vont plus loin, en avançant qu’elle accuse peut-être Bamako de quelque chose dont elle est coutumière. Quoi qu’il en soit, la mort du colonel Soumana Zanguina revient dans les débats, les Nigériens se demandant s’il n’aurait pas été assassiné pour éviter un procès dont les autorités nigériennes n’espèrent rien. L’affaire fait grand bruit à Niamey et s’ils n’espèrent pas l’ouverture d’une enquête, les Nigériens ont déjà fait leur procès et condamné les coupables.

Yaou