Depuis que l’annonce du redéploiement des forces françaises et européennes avait été faite, l’on ne pouvait entendre, partout, que des cris d’indignation de Nigériens qui rejettent la décision. Du reste, le pouvoir en place, lui-même, en est conscient et quelque peu effrayé, il a promis, comme pour faire croire que la décision finale viendrait du peuple à travers la représentation nationale à qui, la question devrait être soumise pour décider de ce qu’il faut recevoir sur notre sol ou pas les soldats européens. Bluff…
L’exercice, pour les Nigériens n’était d’ailleurs pas nécessaire parce que d’une part, l’autorisation, de l’aveu même du président français, était déjà accordée par les autorités du Niger qui acceptent que leur pays reçoive les troupes dont ne veulent pas les Maliens qui, eux, sommaient la France de retirer de son sol ses soldats devenus persona non grata pour manque de résultats et surtout pour soupçon de complicité avec des groupes terroristes. L’humiliante et courageuse décision du gouvernement malien avait d’autant profondément irrité l’Elysée que les responsables français, communiquant sur le sujet, manquèrent de retenue pour verser souvent jusque dans l’injure à l’encontre d’un peuple souverain dont ils vouent aux gémonies les autorités comme s’ils devraient être plus légitimes à choisir pour le peuple malien mieux que ne puissent le faire les propres enfants du pays même arrivés au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat qui irrite tant la France, plus que ne peuvent les écoeurer les autres perpétrer au Burkina, au Tchad et en Guinée.
Désormais, les Nigériens sont convaincus des connivences du pouvoir de la renaissance avec les autorités françaises. En effet, quand on peut voir avec quel soulagement les médias français peuvent annoncer le vote au parlement nigérien qui autorise le redéploiement des forces françaises et européennes dans le pays, l’on ne peut que s’en écoeurer quand, pour d’autres sujets non moins importants et qui touchent aussi bien des préoccupations liées à la bonne gouvernance qu’à des questions liées aux droits de l’homme et à la sécurité, le manque d’intérêt outrageant de la France même quand ces questions sont amenées en débat au parlement. Pourquoi donc cette France qui chérit tant la Renaissance peut-elle s’accommoder de ces crimes, de ces brutalités à l’encontre de la démocratie et de la gouvernance électorale ? La société civile, aujourd’hui, doit aller déposer au niveau de toutes les chancelleries, et les organismes internationaux, le rapport fourni par la Cour des Comptes pour que tous les partenaires se rendent compte de la qualité des hommes et du système qui gouvernent ce pays depuis onze ans et que la France et certains partenaires n’hésitent pas, manquant de scrupule, à présenter comme le meilleur exemple de démocratie et de bonne gestion, allant souvent jusqu’à prédire une croissance que rien ne justifie quand, partout, dans le pays, l’on ne voit que misères et ruines, mendicité et misère humaine.
L’argumentation des députés de la « majorité », puérile, à la limite de l’enfantillage, est incapable de mieux cerner l’enjeu de la décision à prendre pour le pays – pas pour un clan contre un autre – et de percevoir la portée historique pour un pays qui n’a aucun intérêt à rester dans le giron de l’impérialisme français qui a détruit nos économies et nos démocraties. Appeler tant d’armées étrangères, avec pour presque chaque pays européen son contingent, c’est pour les socialistes, une manière d’avouer leur impuissance face au terrorisme et leur incapacité à assurer la sécurité du pays que la loi fondamentale classe au rang de devoir premier pour les dirigeants. Pourquoi devons-nous accepter tant d’armées d’occupation ? Notre pays, pourra-t-il nous appartenir ? Combien sont-ils ces Nigériens qui, en apprenant la triste nouvelle de la capitulation d’une majorité sans âme qui oublie jusqu’à l’intérêt général et à son devoir de courage politique pour justifier qu’il soit digne de diriger un peuple, et de porter des ambitions de grandeur et de fierté, sont envahis de honte et d’humiliation ?
Dans le concert des voix qui tentent de justifier la servilité de leur régime à l’impérialisme contre lequel, en d’autres temps, le PNDS avait un discours marxiste, l’on peut entendre une, sans goût, tombée dans le griotisme facile, jouant éperdument au panégyrique déshonorant, dans l’espoir de rattraper le poste pour lequel, il s’aventura sur les rives où, jusqu’ici, il ne vit que le même désert qu’il fuyait à l’opposition dans l’espoir hypothétique de terres clémentes pour avoir la chance d’attraper, lui aussi, de nombreux milliards qui pourraient payer son sabordage, le mercenariat qui l’oblige aujourd’hui à chanter la « peste » qu’il dénonçait il y a quelques mois au sein de l’opposition qu’il désertait pour aller en aventure, presque sans honneur.
Issoufou Issaka, un disque rayé qui agace jusque dans les rangs de la majorité…
L’homme, reconnaissons-le tout de suite, a beau être un technocrate pour lequel il ne saurait être une référence obligée dans le pays, n’a pas le verbe facile, incapable d’avoir un discours charmant, mais toujours forçant à parler sans avoir les talents pour un tel métier. On savait par exemple que comparé à Soumana Sanda, il n’est qu’un parleur ennuyeux, sans accent alors que celui qui devenait son rival sans que lui ne sache pourquoi, de l’avis de tous les Nigériens, pondéré et calme, jouait mieux que lui – et mille fois ! – le rôle délicat de président de groupe parlementaire qu’il vient lui arracher pour son agenda personnel, et là encore, sans avoir les talents d’une telle responsabilité pour laquelle, il est peu doué, et ce même s’il a beau été l’ingénieur dont il se targue.
Alors qu’il aurait pu afficher un profil bas, il eut la hardiesse de prendre la parole et au lieu de montrer en quoi la présence militaire française et européenne est nécessaire pour le Niger, il laissa parler ses rancunes, manquant de courage pour nommer ses cibles pour reste évasif, à la limite confus, jouant sur des insinuations lâches qui ne peuvent tout au plus, que dire des douleurs qui continuent de le torturer quand, se rappelant de ce temps où, faisant nuitamment des promesses à ceux qui l’employait pour la subversion, il finit par se rendre compte qu’il n’avait aucune âme à chambouler le parti de Hama Amadou dont il n’avait pas été un constructeur reconnu pour prétendre être le marteau-piqueur à le démolir pour le plaisir d’adversaires qu’il finit par joindre depuis qu’il a compris qu’il ne peut rien contre le parti et que, en plus, et enfin, tout le monde a compris son jeu trouble dans le parti qui cache mal le mercenariat pour lequel il partit pour le poste juteux qui ne vient toujours pas.
La vérité, peut-il enfin le comprendre, après qu’il ait souvent dit à d’autres ses déconvenues de ne pas avoir l’écoute qu’il escomptait au Guriland où il se réfugie, est que Bazoum Mohamed, de tout temps, n’a jamais brillé pour ceux qui trahissent les leurs. Il sait qu’en le faisant à un autre, un jour, pour peu qu’un vent tourne, ils en sont capables, contre lui aussi. A de tels hommes peu dignes de confiance finalement, il faut savoir se méfier et notamment de leurs éloges et de leurs discours intéressés. Puis, après la piètre prestation qu’on a eue de l’homme qui cherche à plaire lors du débat à un parti qui le voit peu, on vit le même homme, celui que l’on a toujours connu et que jusqu’ici, des Nigériens ont présenté comme un homme peu sociable, gravement suffisant à l’excès, c’est-à-dire un homme sans carrure : un homme incapable d’élévation, de positivité pour comprendre que la politique, même lorsque pour des choix assumés, l’on renie ses convictions, n’est pas un jeu de l’indignité car quoiqu’on dise, il reste noble et pour ce, l’on ne peut pas que verser dans la délation. Avec courage, l’on avance, regardant et fixant son avenir. D’ailleurs, pour le confirmer, l’on peut voir cet entêtement, à occuper concurremment à SS, le poste de questeur, sans doute, par ses intrigues, pour attiser des tensions au niveau du parlement, alors même que l’assemblée Nationale n’en a pas besoin, et le Niger aussi. On peut d’ailleurs se rappeler que revenant de la prison, et regagnant l’hémicycle, il disputa le poste de président de groupe parlementaire à Soumana Sanda quand même il n’a pas la personnalité pour un tel rôle, tenant à aller, s’il le faut, aux élections pour que le parti les départage, mais SS, sage, renonce à cette confrontation fratricide, pour lui laisser fraternellement le poste convoité et aller, à la questure où, aujourd’hui, on ne sait pour quel projet, il vient le trouver alors qu’une certaine magnanimité aurait commandé de sa part un autre comportement et un autre choix pour éviter des frictions inutiles.
Le monologue de l’ingénieur était inconvenant et maussade, fade et sans goût, fastidieux et rébarbatif. Peu brillant pour l’homme d’Etat qu’il peut prétendre être. Une telle intervention ratée, peut-il le comprendre, pour un Bazoum qui cherche à sortir de l’ombre et de ses soucis à sortir le Niger de ses multiples problèmes, ne saurait l’intéresser.
Quand une telle voix, décidément petite, se mêle de celles plus soucieuses à mieux penser pour le pays, il va sans dire que cela crée dans le discours pondéré du premier ministre conscient sans doute de la gravité du sujet, un hiatus qui ne sert pas l’harmonie que Seini Oumarou essaie tant bien que mal de maintenir dans une assemblée nationale aussi envahie par des faucons et autres mercenaires sans âme.
Indigné, le peuple fourbit ses armes…
On n’a pas entendu sur les médias, un seul Nigérien qui se soit réjoui du redéploiement annoncé des troupes européennes au Niger après leur échec au Mali qui a fini par s’en dégoûter pour demander carrément le retrait des troupes désormais indésirables de son territoire, non sans fâcher des autorités françaises qui ne peuvent comprendre ces insoumissions de leur pupille aux velléités émancipatrices. Il est clair que la France ne peut pas continuer à avoir les mêmes relations avec le continent car, ces peuples, de plus en plus, lèvent la tête, fiers de leur statut irrévocable de peuple libre.
Sur TV5, un reportage renseigne sur la réalité des vives contestations dans le pays et des malaises qui le traversent, avec de nombreuses voix qui s’opposent à l’installation de Barkhane et de Takuba au Niger. Quand on sait comment, malgré la mobilisation de troupes et de leur armada au Mali, et que ce pays finit par s’embrasser au point où l’Etat central perd le contrôle de larges pans de son territoire, l’on ne peut que comprendre ces vives contestations et ces inquiétudes légitimes.
Le CIRAC de l’ancien ministre de l’Intérieur du Général Baré, Idi Ango Omar, Niger Debout d’Anass Djibrilla, l’Opposition à travers la voix de Omar Hamidou dit Ladan Tchana, et d’autre citoyens, ont exprimé toute leur préoccupation par rapport au partenariat inquiétant pour notre paix et pour l’intégrité de notre territoire et notamment, lorsqu’on peut encore entendre chez nos autorités, et chez le premier ministre en l’occurrence, que ceux qui viennent ne viennent pas se battre à notre place. Mais alors qu’avons-nous à faire, dans ce cas, de leur présence ? On a même souvent entendu, sous Issoufou, que les armées étrangères ne venaient pas pour se battre et l’on s’était à juste titre demandé si elles ne sont pas là que pour protéger un régime qu’il impose à un pays ?
La France en forçant à s’installer au Niger, joue sa réputation et si, d’ici six mois la situation devrait continuer à se tasser pour ne voir aucune évolution positive dans la situation sécuritaire avec des populations et une armée qui doivent payer le prix le plus fort, alors, ce peuple qui exprime sa désapprobation, ne pourra que s’organiser comme l’a fait le peuple malien vaillant et comme se prépare à le faire le peuple burkinabé, pour prendre en main son destin. Mis dos au mur, les Nigériens n’auront pas d’autres choix. Mais il faut craindre que ce ne soit trop tard.
Mais les colères des peuples sont débordantes…
ISAK