Voici un an que gouverne Bazoum Mohamed. Alors que les premières semaines de son entrée en fonction étaient marquées par une volonté d’action pour conquérir une opinion nationale qui lui était largement hostile, alignant les offensives de charme en direction de toutes les couches sociales, à l’endroit de la « société civile-ennemie », des syndicats, des magistrats, l’on avait cru à une réelle volonté de changer la continuité annoncée pour la muer en changement radical de ce que les Nigériens ont connu depuis dix ans sous Issoufou, mais le régime, comme marqué du sceau de la fatalité, finit par s’embourber dans un surplace qui ne lui permit pas de prendre son envol, peut-être même d’amorcer sa mise en train, empêtré dans ses contradictions et ses querelles internes qui, même gérées et vécues discrètement, restent réelles, potentiellement explosives. Pour beaucoup d’observateurs, il y avait des signes évidents qui montrent à quel point au départ, le nouveau président voulait imprimer sa marque et sa différence, poussé par un orgueil personnel par lequel, il semblait vouloir montrer aux Nigériens qu’ils pouvaient ne pas avoir de raisons à le rejeter, à le repousser sans l’avoir vu à l’oeuvre, jugé sur pièce ! Après un an de gouvernance difficile du fait d’in contexte régional compliqué et d’un héritage difficile à assumer, Bazoum n’eut pas les moyens de son action, et se perdit dans des nominations commandées, peu pertinentes, ne servant que de marionnette à un autre qui avait intérêt à le placer là pour lui éviter l’humiliation pour ne pas avoir à répondre de sa gestion, et s’éviter un « Tankataféri » qu’il redoutait depuis qu’il pouvait savoir les ravages de son pouvoir, ses injustices, principalement par les lieux proches de son dispositif mis en place depuis 2011 pour faire mainbasse sur les richesses nationales. Un an après, il n’y a pas de bilan. En homme lucide, Bazoum le comprit et pouvait comprendre que plus que de manquer d’idées généreuses pour sortir le pays du gouffre, ce sont les hommes qui lui manquent cruellement pour dérouler sa politique, obligé de collaborer avec une « racaille » le plus souvent voleuse et incompétente qu’on lui imposa pour s’éviter les représailles de ceux qui l’ont aidé à monter en grade, sachant surtout qu’il manque d’ancrage sociologique et électoral dans le pays pour ne pas oser une émancipation à haut risque pour lui, surtout quand commençant son mandat, il pouvait ne pas avoir toute la maitrise d’un pouvoir encore entre les mains de celui qui ne bouge qu’un peu dans le fauteuil pour le mettre à mal sur un trône inconfortable à deux, situation qu’il ne peut qu’endurer le temps qu’une lumineuse intelligence viennent lui souffler le moyen de s’en libérer en se détachant de tous ces pièges qu’on lui pose sur ses marches pour l’effrayer de toute velléité d’affranchissement de l’influence de son tuteur politique.

Après douze mois de gestion du pouvoir d’Etat, Bazoum Mohamed s’est bien rendu compte que ça ne bouge pas trop et qu’il avait à plaindre des hommes, une équipe et son capitaine, ce premier ministre imposé et la personnalité rugueuse, peu lisse pour prétendre dans un Etat de droit normal à une telle charge qui appelle un certain nombre de qualités qui lui font pourtant tragiquement défaut si ce n’est de compter sur cette proximité avec l’ancien président à qui, tout le monde le sait, il doit tout, non à quelques compétences avérées qui pourraient en faire le meilleur du sérail.

Aujourd’hui, c’est sur trois points qu’il est urgent d’agir, pour réorienter la gouvernance sous la renaissance III. Si le président philosophe ne peut pas le faire, et qu’il joue la carte non opératoire de la continuité qui ne lui a pas donné de résultats un an après, gâchant par tant de méprises son mandat déjà amputé d’une année inutile, sinon presque, alors il ira tragiquement et inexorablement à sa perte.

Reconsidérer les urgences…

L’école, la sécurité, la sécurité alimentaire, le climat politique délétère sont des boulets à ses pieds qui ne peuvent lui permettre d’impulser la dynamique souhaitée à son pouvoir vacillant. Tant que ces questions ne sont pas abordées dans un cadre de rassemblement qui sollicite la participation consciente et responsable de chaque Nigérienne et de chaque Nigérien, alors il ne faut s’attendre à aucun changement notable dans la situation difficile que traverse le pays depuis quelques années. Le PNDS, avec ces alliés, peuvent-ils croire que, seuls, ils puissent avoir pour une école aussi malade, toutes les compétences dont elle a besoin pour la sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis des décennies ? Ceux qui, agrippés autour d’une mangeoire et non autour d’une école et de ses défis, ne pourront rien faire tant que ce qu’ils mettent en avant restera le profit auquel leur nouvelle position, pour gouverner l’Education Nationale, leur donne pour penser qu’ils ont désormais la chance et l’opportunité de se faire de l’argent, de se servir des projets de l’école qu’ils peuvent alors détournés, pour s’en mettre pleines les poches gourmandes et insatiables. Quant à la sécurité, l’on ne peut que saluer cette volonté à tout mettre en oeuvre pour équiper les FDS, leur donner les moyens de qualité pour mener à bien leur mission. Mais cela, faut-il en convenir, n’est pas suffisant car ces moyens doivent être mis aux mains de soldats valeureux, de responsables aguerris dans le métier, courageux, professionnellement irréprochables, en dehors de toute autre considération subjective. Au Niger, l’on a quoi qu’on puisse dire, encore et toujours des soldats de valeur, des hommes à qui la nation peut faire confiance pour assurer sa sécurité et son intégrité, sa paix et sa cohésion. Mais on n’y parviendra pas tant qu’on ne sortira pas la politique de cette entité importante de la nation et de la République dont elle se veut l’émanation, la plus grande représentation miniaturisée.

Quant à la sécurité alimentaire, il faut reconnaître que l’année risque d’être particulièrement compliquée et certaines alertes données par certains partenaires ne peuvent que pousser à prendre les devants pour éviter au pays des tragédies, et donc à la nation de sombrer. Cette situation, est surtout préoccupante dans les parties du pays durement frappés par le conflit avec les groupes terroristes. Pour cela, il urge de repenser les 3N, d’avoir des partenariats forts pour alimenter, à la suite d’un effort national d’abord, un stock de sécurité national alimentaire pour sécuriser les populations les plus éprouvées par la menace que redoute OCHA.

La question politique, quant à elle, requiert plus de courage pour oser des rapprochements en vue d’ouvrir un dialogue sincère avec les différents acteurs afin d’apaiser un climat qui ne saurait permettre d’envisager une relance économique durable dans le pays. Mais cet autre défi parait insurmontable au regard de l’environnement politique interne étouffant dans lequel évolue le nouveau président pris en otage par des forces antagoniques qui le tenaillent, l’empêchent de s’épanouir. Dès lors, vouloir plaire à un tel groupe intérêt contre son pays et ses engagements vis-à-vis du peuple, ne peut que paraître suicidaire.

Mais, nous l’avons déjà dit, toutes ces mesures ne peuvent rien valoir, tant que pour les mettre en oeuvre, Bazoum n’ait pas le choix de la rigueur pour trouver l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Plus que jamais, pour le programme qui est le sien – si tant est qu’il en a un – est de trier méticuleusement ses collaborateurs, ceux à qui il devra confier des rôles avec des tâches précises, et des résultats clairement notifiés pour évaluer chacun en fonction de ses performances, de ses résultats. La problématique de l’évaluation dans la gouvernance politique devra être désormais un outil important de l’appréciation de la qualité de la gestion de l’Etat.

Aussi, pour que tout cela soit, il est indispensable et absolument urgent pour mettre les Nigériens en confiance avec eux-mêmes et avec la politique autant qu’avec l’Etat, d’agir vite pour asseoir les bases d’une justice équitable qui passe forcément par une lutte implacable contre l’impunité et la corruption, la restauration du mérite dans la gouvernance administrative. Le Niger a aujourd’hui un immense besoin de justice qu’il faut satisfaire pour rassurer un peuple qui doute de son élite et de la politique, de la juste et de sa démocratie.

Le remaniement que rapportent la rumeur et certaines presses, peutil tenir compte de tant d’attentes de la part du peuple pour oser et avoir le courage politique de certaines initiatives salutaires et salvatrices. Et le temps passe…

Gobandy