Le mal nigérien trouve ses racines dans l’injustice qui a caractérisé la gouvernance des socialistes depuis onze ans que le PNDS dirige le pays, rêvant d’une hégémonie sordide par laquelle il aspire à tout détruire pour être seul à exister dans la démocratie, avec l’utopie d’imposer la pensée unique et avec elle, le parti-Etat que devra incarner la structure politique qu’un patronat pilote depuis des années sous le couvert d’une idéologie qui ne sert, en vérité, que d’ornement publicitaire à une identité politique que ses acteurs ne sont pas capables de porter car évoluant aux antipodes des valeurs que porte la pensée socialiste, la vraie, considérée dans son essence. De manière simpliste, le socialisme est une vision noble de la société qui met l’homme au centre de ses préoccupations, proscrivant les inégalités dont il se donne pour mission de les réduire autant que possible tout en faisant en sorte que le politique soit le plus proche possible des hommes, notamment des couches vulnérables à qui il faut donner espoir pour croire en la démocratie et la politique. Mais pendant dix ans, sous Issoufou Mahamadou, on ne vit rien de semblable, l’homme mettant en place une socialisme hybride, presque contrefait, disons pour faire plaisir à un autre, totalement « frelaté ».
Qu’il s’agisse des investissements dans le pays, des nominations, le régime sortant s’était illustré dans l’injustice, faisant la promotion du clan et de familles triées, instituant un sectarisme désuet par lequel, le Niger est plus regardé dans ses différences pour promouvoir des parties pour en délaisser d’autres. Alors que des routes importantes peuvent se dégrader jusqu’à un certain piteux état, comme celles de Tahoua-Agadez-Arlit, celle de Dosso-Doutchi-Konni et Dosso- Béla, Niamey-Kollo, l’homme, privilégiant un populisme local de mauvais aloi, s’y est refusé à réhabiliter ces voies pourtant importantes économiquement et socialement pour en construire davantage ailleurs et de manière inéquitable. Ne parlons pas d’hydraulique villageoise, pastorale. Même pour les fêtes tournantes, on a vu que l’enveloppe consentie pour Tahoua pouvait être exagérément plus importante que celle donnée pour les autres régions du pays et ce sans qu’un tel choix ne soit expliqué aux Nigériens. Certains ministères et certaines sociétés d’Etat, certaines structures nationales, sont essentiellement composés « d’enfants du pays », car, pouvaiton comprendre, dans l’esprit de ceux qui arrivaient au pouvoir, l’heure était venue de servir les siens et réparer une Histoire qu’ils accusent injustement lorsqu’ils ne peuvent d’ailleurs donner aucune preuve de leurs allégations qui ne servent qu’une campagne d’intoxication, pour mettre un certain peuple, dans « leur » combat qui ne pouvait pas être celui du pays car servant plus leurs égoïsmes et leurs rancunes.
Sur le plan politique, c’est la même politique inique qui avait été conduite, poursuivant des combats que la Conférence Nationale finit par abandonner, refusant de les endosser pour le plaisir de quelques hommes égarés, sans éthique, et sans grande ambition pour la Nation. Et les Nigériens ont eu l’impression, par la qualité de la gouvernance que le PNDS mit en place au lendemain du 7 avril 2011, que ceux qui y portaient un certain discours arrivaient enfin au pouvoir et pouvaient, pour leur plaisir, enfin, mettre en oeuvre la vision étriquée qu’ils avaient du Niger et de son histoire. Travaillant à démolir le socle solide sur lequel, pendant cinquante ans, d’autres, avant eux, avaient bâti le Niger, alors fier de ses différences, de sa diversité, ils se mirent à la destruction de notre cohésion et de notre entente nationales pour lesquelles, à chaque fois, Feu Adamou Moumouni Djermakoye, appelait au consensus, terme qui lui était très cher. C’est ainsi que le régime s’acharna contre tous ceux qui peuvent avoir des opinions différentes et qui peuvent les porter dignement, mettant en prison qui il veut pour en laisser un autre même quand il peut tenir des propos similaires. On peut se rappeler qu’à une certaine époque, dans des déclarations de l’opposition, on peut entendre qu’elle a la certitude que si ses militants ou ses responsables passaient par un certain cabinet de juge, ils ne peuvent trouver que « l’abonnement » au « mandat de dépôt ». Comment ne pas s’en écoeurer, quand le même pays, alors que pour une parole, d’autres peuvent passer des années en prison, ceux qui volent des milliards, causent d’énormes préjudices au peuple dans leurs fonctions, soient couverts d’impunité pour ne jamais payer pour leurs inconduites ? Combien d’hommes, combien de femmes, combien d’enfants, politiciens ou non, simples citoyens ou journalistes, ou acteurs de la société civile ou syndicalistes, ont connu la galère sous ces hommes qui ne découvrent leur puissance que lorsqu’ils arrivent au pouvoir abusant du pouvoir d’Etat et de la Justice, alors même qu’en d’autres temps, même hargneux, ils ne peuvent avoir ces allures provocatrices à l’encontre d’autres Nigériens. Le PNDS, comme s’il ne devrait plus croire à la démocratie et à ce que chaque Nigérien puisse avoir le droit de penser différemment et de combattre avec les moyens de droit sa politique lorsqu’il ne lui convient pas, passa tout son temps à persécuter, à anéantir, à vouloir noyer d’autres opinions et les hommes et les femmes qui les portent. Le PNDS était devenu méconnaissable. Son leader, le grand camarade, surtout. Ils aimaient trop la démocratie mais voilà qu’ils la détruisent depuis qu’ils sont au pouvoir pour vouloir être, seuls, vivant dans la démocratie.
C’est donc héritant d’une gestion scabreuse, calamiteuse, que Bazoum Mohamed, le dauphin imposé par les lobbys français, prit fonction, venant au pouvoir par une élection contestée, souvent jusqu’aux rangs de ceux qui le soutiennent aujourd’hui « alimentairement ». La situation, on le devine, pour celui qui manque de poigne pour aller à la demande populaire de justice, ne pouvait qu’être malaisée. Bazoum le comprit tôt, mais les conditions troubles de son accession au pouvoir, ne pouvaient pas lui permettre d’avoir la force nécessaire d’asseoir sa politique, et de faire triompher ses ambitions au milieu d’une camarilla décidée à lui reprendre le pouvoir pour l’en laisser se contenter de strapontins, d’un pouvoir violé, vidé, presque sans goût, poussé à ne nommer que par procuration ainsi que se plaignent pour lui nombre de Nigériens.
On se rappelle quand même de son discours audacieux et brillant à l’occasion de son investiture, speech qui avait donné beaucoup de rêves mais qui faisait trembler une partie d’une salle qui pouvait alors douter de son choix imposé. Ce jour, pour certains, c’était le vrai Bazoum qu’on voyait, le socialiste pursang. Mais son annonce brutale et assez précoce, fit prendre à ses adversaires internes, les devants pour lui poser des bâtons dans les roues, et travailler à contrarier, de manière souterraine, son action pour l’obliger à s’adapter, à ne pas sortir des rangs pour faire le travail pour lequel il avait été recruté par le clan. Et peu à peu, l’homme perdit ses ardeurs, toute la vigueur qu’il aspirait à donner à son action pour marquer l’Histoire et donner des gages à un peuple qui a douté de lui.
Après plus d’un an, la machine semble gripper et son pouvoir semble patauger, ne pouvant amorcer son départ, presque embourbés dans des contradictions et des querelles internes qui ne peuvent lui permettre de s’épanouir dans « son » pouvoir. Une telle situation qui provoque le doute chez les Nigériens, est le fait d’au moins deux signes.
Il y a d’abord, et dès le début de son mandat, à la suite sans doute de la suite à donner à certains dossiers, la démission de son premier ministre de la Justice, partit loin de la pourriture pour garder son honneur sauf et faire droit à ses convictions intimes. On avait compris depuis ce moment, que Bazoum, otage de son clan, ne pouvait pas manoeuvrer plus loin, tenu de laisser tranquille la pègre pour survivre dans le pouvoir. Aussi, quand on voit comment le dossier de Ibou Karadjé et du MDN-Gate sont conduits, l’on ne peut que s’inquiéter pour le volet justice de la gouvernance actuelle. La certitude est désormais faite que le président Bazoum ne peut pas aller au bout de ces dossiers car ayant forcément leurs racines au coeur du système dont les acteurs sur lesquels pèsent bien de soupçons, imposés, sont appelés à collaborer avec celui qui devrait avoir une main forte contre tous les délinquants – et ils sont nombreux – ceux-là qui ont à répondre à la justice de leurs crimes.
Depuis, l’on ne peut que lire aujourd’hui une volonté d’étouffer tous les dossiers emblématiques pour sacrifier sur l’autel de la lutte contre l’impunité annoncée avec fanfare, quelques menus fretins, ou alliés, ou du parti mais qui pourrait être loin du sérail, des centres de décision du PNDS à l’image de ce Ibou Karadjé utlisé par des mains invisibles. L’autre signe – et non des moindres – est cette rencontre d’une part avec le syndicat des magistrats et les associations de la société civile pour lesquels Bazoum Mohamed, après des discours, avait réitéré sa volonté de faire juste et demandait à ses interlocuteurs de l’aider sur un tel aspect capital de la gestion de l’Etat. Mais ce dont on peut s’étonner est le silence de ces acteurs qui, face à la parole qui leur a été donnée, et la souffrance de certains dossiers pour lesquels les Nigériens attendent que justice soit faite, personne ne peut sortir pour alerter et appeler au ressaisissement. Aucun Nigérien ne peut pas être plus Nigérien qu’un autre et sur cette seule base, tous, au prorata de leurs fautes, doivent répondre, par une justice équitable, non pour des règlements de compte, de leurs actes blâmables.
Tout le monde sait que les dossiers sont plus immenses que ce qu’on croit. L’état des lieux de la gouvernance des dix dernières années, après les différentes révélations et les différentes inspections diligentées dans les ministères, dans les projets et programmes, dans les sociétés d’Etat, dans toute la chaine de l’administration, cache des monstruosités qui, s’il fallait tout déballer, pourrait conduire le PNDS au désastre, lui qui a fait le choix, de faire confiance à des brigands, et forcément le régime ne résistera pas à ses coups tortus et leurs implications judiciaires. Il est vrai qu’aujourd’hui, des chefs d’établissement scolaires dorment peu, vivant le cauchemar de leur gestion à l’image de leur système, mais le faisant, pour la JUSTICE, on ne doit pas épargner du même traitement ceux qui nous ont volé des milliards pour le confort de leurs familles. Les Nigériens, avec la société civile, les syndicats qui se sont compromis par leurs silences complices, les acteurs politiques libres et patriotes, doivent dans un élan de sursaut national, appeler à une reconsidération des dossiers en souffrance pour contraindre le régime à faire la lumière sur chacun. Quand on voit ce pouvoir qui, même gonflé d’une majorité trafiquée, cherche toujours à ramener à lui d’autres partis et d’autres leaders, l’on ne peut que s’inquiéter de ce que Bazoum pourrait avoir compris que la lutte contre l’impunité est pour lui, un chantier risqué et qu’il cherche l’unanimité dans la gestion qu’il consentirait désormais à partager avec les acteurs les plus bavards pour ne plus entendre le couteau remué dans la plaie douloureuse de sa mauvaise gestion. C’est une oeuvre salutaire qu’il s’agit. Patriotique surtout. Pour refuser la compromission, d’être complice du mal fait à notre pays.
Gobandy