La vérité est, certes, cruelle, mais elle est bien meilleure au mensonge. De même, la félonie est certainement plus facile, particulièrement lorsqu’on dispose du pouvoir d’État, que de servir son peuple dans la dignité, l’honneur et l’esprit de sacrifice. Dans le cadre de la lutte contre la corruption qu’il a entrepris de mener, le Président Bazoum Mohamed est face à ce choix. Soit, il fait allégeance à la corruption et à ses gourous, en faisant comme ceux qui, malgré la grandeur de leur fonction, demandent leurs parts des marchés octroyés par trafic d’influence, qui prennent des dessous de table et qui détournent dons et prêts négociés et obtenus au nom de l’État ; soit, il s’écarte de cette voie de la facilité amis synonyme d’indignité, d’ignominie et de bassesse pour prendre à bras le corps les problèmes du Niger.

La voie de la facilité est plus tentante puisque faite de moeurs et de complaisances extraordinaires consécutives à la compréhension qu’à son prédécesseur de la chose publique, de la corruption et de la reddition des comptes. C’est cette voie que des hommes, curieusement tous proches de l’ancien président, adjurent Bazoum Mohamed d’emprunter au prétexte qu’il leur doit ce pouvoir. D’autres, qui gravitent autour de ce premier groupe, tiennent un autre discours, plus subtil mais visant toujours à «raisonner », comme ils disent, le Président Bazoum. Pour eux, ce dernier ne sait pas ce qu’il fait. À la limite, il est considéré comme un homme dénué d’intelligence.

Ah, le Niger est vraiment tombé trop bas. Qui aurait cru qu’un jour viendrait où des hommes se battraient ouvertement contre la corruption et les détournements des deniers publics, un fléau qui a ruiné le Niger. Nous en sommes pourtant là, avec des figures bien connues. C’est un combat à visage découvert.

La vérité est que Bazoum Mohamed a fait un choix clair : diligenter des enquêtes dans maintes administrations afin de voir vers quelles destinations est parti l’argent public qui a déserté le Trésor public.

Bazoum Mohamed n’est ni fou ni dénué d’intelligence. Au contraire, il sait parfaitement ce qu’il fait, ce qu’il cherche et comment doit-il procéder pour y arriver. Il a fait le choix du Niger et de ce qui doit servir les intérêts de son pays. Le reconnaître et le dire, le défendre et le promouvoir, n’est certainement pas se conduire en laudateurs. Ce combat contre la corruption est celui de tous les Nigériens soucieux d’une gouvernance vertueuse, bref, du sort de leur pays. Comment peut-on cautionner, dans un pays où tout est priorité, que des individus détournent à leurs profits personnels des milliards ?

Comment peu-t-on cautionner et soutenir des individus qui s’enrichissent en vendant à leur armée des armes et des munitions défectueuses ?

Bazoum Mohamed est en tout cas lucide. Son choix, il l’a fait en toute responsabilité et en toute connaissance de cause. Issoufou Mahamadou a choisi le champagne pour quelques-uns, Bazoum Mohamed, lui, a choisi l’eau pour tout le monde. Le premier a déjà fait, on a vu et ceux qu’il a arrosés l’ont remercié. Le second a tracé sa voie, mais il lui reste à faire le chemin afin de convaincre.

Le Niger est certainement à la croisée des chemins. Si Bazoum Mohamed réussit, c’est le Niger qui gagne puisqu’il renouera avec une gouvernance vertueuse ; ce dont il s’est littéralement écarté avec Issoufou qui a favorisé et entretenu la corruption durant ses 10 années de pouvoir. En revanche, s’il perd, c’est la corruption et ses adeptes et partisans qui gagnent, avec, à la clé, une justice qui envoie ceux qui dénoncent en prison pour protéger ceux qui sont en porte-à-faux avec les lois et règlements.

Le choix qui est proposé aux Nigériens est très clair : soutenir la corruption et ceux qui l’ont entretenue ou bien soutenir le Président Bazoum dans ce combat pour lequel, pour le moins, les Nigériens doivent lui accorder le bénéfice du doute. Ce soutien doit être constant et perceptible jusqu’à ce qu’il donne la preuve qu’il amuse plutôt la galerie. Dans ce combat, Bazoum Mohamed sait qu’il ne dispose pas de tout le temps et qu’il a fait, aujourd’hui, assez de route pour s’arrêter à mi-chemin ou faire marche-arrière. Il doit d’ailleurs hâter ses pas pour avancer au plus-vite, faute de quoi il va se planter…comme un cardiaque.

BONCANO