On disait qu’il avait une sainte horreur des chiffres. C’est pourquoi il a fait des études en philosophie. Si l’on sait que cette discipline est la mère de toutes les sciences et si l’on veut s’essayer au syllogisme, on dira que Bazoum est un crack dans le domaine des mathématiques. Il en a donné la preuve à l’issue du processus qui a conduit au dernier remaniement du gouvernement et l’entrée du Kishin Kassa. Depuis l’instauration de la démocratie et le choix du régime semi- présidentiel qui a consacré le partage des postes comme mode de gouvernance, jamais partage n’a été aussi compliqué. Le président de la République était en face d’une équation à multiples inconnues avec tous les modes d’opérations : addition, soustraction, multiplication, division et affectation de coefficients. La difficulté de cerner le processus de ralliement de Ibrahim Yacouba et son parti expliquerait, dans une large mesure, la complexité de l’équation à résoudre. Quelques mois seulement après la prestation de serment du président Bazoum, des informations insistantes avaient circulé à propos des velléités de ralliement à la renaissance du parti Kishin Kassa et de son président. Dahiru Mangal, l’homme d’affaire nigérian et ami des renaissants, aurait même été commis intermédiaire. Le président aurait tout simplement et catégoriquement refusé la main tendue et le soutien du MPN. Qu’est ce qui a changé depuis ? Pour que Ibrahim Yacouba ait pu bénéficier de tant d’égards de la part de quelqu’un qui a été à la base du départ de ce dernier du PNDS. Bazoum et un cercle restreint seraient aussi à la base du départ de l’ancien secrétaire général du syndicat des douanes de son poste de directeur de cabinet adjoint du président Issoufou et même de son remerciement du gouvernement qui a suivi les élections de 2016. Qu’est ce qui a bien pu se passer ? Le président du MPN Kishin Kassa a-t-il bénéficié de parrainages conséquents ? Des lobbies français ou Mahamadou Issoufou ? Dans ces cas, il n’aurait pas eu besoin de passer par le MPR Jumphouria pour accéder à la Mouvance présidentielle. La migration du parti MPN rencontrait probablement de problèmes de la part de caciques du PNDS et même de certains alliés. En se fondant dans le groupe parlementaire du parti MPR, Ibrahim Yacouba avait la certitude d’être accepté dans cette mouvance d’autant que Albadé Abouba, président du MPR, est l’une des rares personnes auxquelles le PNDS ne peut rien refuser. On n’oserait pas l’imaginer dans une démarche consistant à desserrer l’emprise des caciques du PNDS, avec à leur tête Issoufou Mahamadou, sur le président de la République. Bazoum cherche t-il à s’aménager son propre espace vital ? Le choix du poste ministériel confié à Ibrahim Yacouba en serai-il la preuve ? Il a en charge les mines et les énergies renouvelables.
Avant ce réaménagement, le département des énergies renouvelables était rattaché au ministère du Pétrole dirigé par le fils de l’ancien président Issoufou Mahamadou. Là, il a été procédé à une soustraction. Ibrahim Yacouba remplace une dame avec la laquelle il a un même domaine de définition : l’Aréwa. Leurs chemins se sont croisés à plusieurs reprises. Ils ont été sécants des fois et tangents par moment. Elle est militante PNDS et est une immédiate concurrente dans la recherche des suffrages. Elle a aussi secondé Ibrahim Yacouba quand celui-ci était directeur de cabinet adjoint du président Issoufou. Dans cette région de Dosso se trouve aussi un cacique du PNDS qui perdra des plumes avec la remise en selle du président du Kishin Kassa. Il s’agit de Foumakoye Gado, président de la région de Dosso. Ibrahim Yacouba a été fait ministre d’Etat. De quoi frustrer les alliés. L’équation avait vraiment beaucoup d’inconnues.
Modibo