Plus comploteur qu’Issoufou, on meurt, peut-on dire quand on se rappelle les propos de Feu Issoufou Bachard qui prétendait connaitre l’homme plus qu’un autre. Il disait, un peu avant sa mort, sur une télévision privée, avoir côtoyé l’homme pendant près de dix ans et en sait beaucoup sur lui, pour dire qui il pouvait être. Il disait alors que depuis qu’il l’avait connu, il ne l’a vu qu’avec le crayon et la gomme pour faire et défaire les plans, pour mettre en place tel plan ou tel autre, tel complot ou tel autre. Une vie qui se résumait à la «complotite». Faut-il s’étonner que le même homme caresse le rêve de défaire l’empire qu’il mettait en place mais qui semble lui échapper, ou du moins de contrôler le système qu’il aidait à installer dès qu’il se rend compte qu’il ne peut pas le manipuler à sa guise ou parce qu’il risque de dévier de la trajectoire qu’il lui traçait pour correspondre à son planning. Depuis quelques jours, l’on peut entendre quelques bruits inhabituels dans le parti de Seini Oumarou, encore visé par des « attaques des terroristes politiques » avec des agents internes instrumentalisés. Le MNSD n’en est qu’habitué et cela commençait depuis le temps de Tandja quand les mêmes hommes – ou peut-être le même homme – réussirent à investir la citadelle pour y foutre le bordel, séparant des hommes qui incarnaient, par eux seuls, l’image réussie d’une unité nationale qu’ils incarnaient merveilleusement par leurs complicités fortes.

Mais de quoi s’agit-il aujourd’hui ?

Le MNDS, selon des informations reçues, s’apprêteraient à aller en congrès et l’occasion, pour les comploteurs, est trop belle pour se servir de certaines divergences dans le parti, et pêcher quelques éléments mécontents qu’il faudra utiliser contre le parti et contre son président à qui, depuis plus d’une décennie, certains milieux du pouvoir se battraient à lui arracher la direction du parti. Mais alors pourquoi ? Pourquoi, Seini, à la tête du MNSD, doit-il gêner au point d’avoir cette fixation sur le parti et sur sa personne ? Si avec Albadé, l’intention était, sachant le défaut de légitimité de son pouvoir, de s’entourer de soutiens divers qui constitueraient un mur de protection face à une opposition qu’il sait plus forte et plus ancrée dans le peuple, aujourd’hui, pourquoi, le même lobby s’agite autour du parti pour espérer le disséquer et le mettre en lambeaux et espérer récupérer des morceaux du Baobab fracturé, re-concassé ? Et à quelle fin ?

La vérité…

En réalité, des «contractuels» politiques ou mercenaires sont engagés pour nuire au parti et à Seini Oumarou. Il s’agit de vrais forçats qui ne voient que l’or qui brille, attirés par les mirages d’un Eldorado perdu, comme celui-là qui a perdu bien de migrants, à jamais vaincus par leurs remords et leurs désillusions. Ils avaient peut-être, pour une raison ou pour une autre, des raisons de régler des comptes à un président de parti, avec lequel, ils pourraient avoir eu des divergences. Traversant cette faille, les mêmes qui savaient instituer sur l’échiquier un Mercato politique, depuis des jours, sont revenus à la charge, préparant à leur manière, le prochain congrès du MNSD, avec, on l’imagine, une contestation prédisposée pour mettre à mal l’équipe actuelle du parti qu’un certain Abdoul Karim Tidjani, vainement, dans la Section de Maradi, avait tenté de saborder. Il est dommage de constater que ce sont les mêmes que le système Issoufou tire vers lui, on ne sait par quels arguments, avant, pour certains, de les isoler dans une île de la déception et de l’aigreur, de la misère et la veulerie. Où sont tous ceux qui partaient, trahissant leurs partis et leurs combats, rêvant de bombance et de dorure ? Comme quoi, le prix de la lâcheté se paie dans la chair, conduisant les hommes jusqu’à perdre la part essentielle de leur être : la dignité.

Dan Dadji, le haut-lieu des intrigues ?

Les nouveaux forçats du MNSD rebellés contre le Nassara, auraient fait, il y a quelques jours, le déplacement de Dandadji où, apprenait-on, toute la stratégie et sa mise en oeuvre avaient été pensées, avec audevant de la prochaine cabale, DKO de la Section d’Agadez, Foukori de la Section de Diffa et Ali Sabo de la Section trop bouillante de Maradi où le séisme, depuis le dernier congrès, n’a jamais pu être maîtrisé. Peut-être que le « pognon » aidant, de retour de «Babylone», il faut s’attendre à la déclaration des hostilités. Et l’on se demande si dans le pays, Dandadji serait le passage obligé pour monter dans le système, et espérer une ascension fulgurante dans le système Guri survivant.

Mais à quelle fin, jouerait-il à ce nouveau concassage ?

Hier, c’était l’argent et la promesse de postes juteux ou pas – et souvent l’impunité face à quelques problèmes de gestion par lesquels l’on ferait du chantage à certains opposants qui refusaient de rejoindre les rangs – qui servaient de dynamite pour concasser les partis. Aujourd’hui, plus que l’argent dont on usera certainement, c’est le contrôle même du MNSD qui est en jeu pour en faire une antichambre du PNDS. L’objectif, visiblement, est de pousser Seyni Oumarou à la porte du parti pour enfin récupérer son parti. Par les hommes que nous citons, on aura compris qu’il s’agit de récupérer avec eux au moins trois sections, celle de Tahoua, pouvant de facto, être acquise entendu que l’argument pouvait être le même par lequel, on arrachait en d’autres temps, Albadé au MNSD et à Seyni Oumarou, Salah Habi au Moden Fa Lumana et à Hama Amadou. On aura compris dans une telle logique, illogique pour la démocratie que ceux-là, peut-on soupçonner, n’auraient aucune raison de cheminer politiquement ces hommes, alors chefs de partis.

Aujourd’hui, l’objet des remous annoncés est plus profond quand, apprenait-on, il s’agit, en récupérant le parti, de récupérer aussi les députés du parti pour leur imposer une conduite peu en phase avec celle de la MRN. Quand on sait qu’Ibrahim Yacoubou répond plus d’Issoufou que de Bazoum Mohamed et que les députés du PNDS, sont plus soumis à Issoufou Mahamadou qu’au président sortant du parti, l’on ne peut qu’imaginer le projet sournois qui se trame derrière la nouvelle conspiration en préparation. Il s’agit d’avoir à ralà la cause qu’il défendrait la majorité des députés de son parti, ceux du MNSD, du parti de Moctar Kassoum, ceux de Kishin Kasa, pour imposer à Bazoum Mohamed un gouvernement et donc pour avoir à décider plus pour sa gouvernance. Depuis que les velléités d’émancipation de Bazoum Mohamed ont commencé à agacer, et que certains jugeaient déjà qu’il sera en passe de « trahir » Issoufou, l’on a compris, face à ces appréhensions, que le « stratège » ne manquerait pas d’explorer d’autres voies pour mieux s’imposer au président de la République.

On connait l’objectif visé, insistent nos sources : mettre à mal Bazoum et lui imposer un gouvernement. Bizarrerie de cohabitation, comme celle-là où, n’étant pas au pouvoir, un homme si fier de lui-même, croit avoir les moyens de s’imposer à un autre, et par-delà à un pays, pour vouloir lui dicter tout, même lorsque, par les principes démocratiques, il est mis à la marge, mais trouvant toujours les moyens de faire parler de lui, à travers une douteuse fondation qui elle-même, par ses sources de financement douteuses pour un homme qui n’a jamais connu de fortune pour prétendre à un telle stature du grand humanitaire, lorsque – et il le sait – la présidence, et notamment du pays qu’il a gardé pendant ses dix années de règne –ne peut rendre un homme riche pour s’autoriser de telles ostentations. Mais il oubliait que dans cette bataille qui s’annonce, Bazoum Mohamed a les meilleures cartes pour dominer le jeu d’échec qu’on lui impose. Si tant que l’ancien président peut se servir de députés godillots pour manipuler le pouvoir, il est clair que la dissolution de l’Assemblée pourrait se révéler au magistrat suprême comme une solution ultime pour éviter au pays les épreuves que le camp interne adverse voudrait imposer au pays pour juste assouvir son égo. Or, en créant les conditions d’une transparence, Bazoum Mohamed ne peut que recomposer le champ politique pour se donner par de nouvelles alliances plus porteuses, une nouvelle majorité plus réelle, plus ambitieuse pour le pays et pour la démocratie. Mais qui, de ceux qui ont accepté de se renier et de jouer ces vils rôles pour le PNDS, a connu les nouvelles gloires escomptées de leur rabaissement ? Aucun. Au contraire.

Et l’homme dans son oeuvre malsaine a créé de «Fama»

Tout le monde connait ce beau récit post-indépendances qui a révolutionné l’écriture romanesque africaine avec son personnage central, le vieil homme malinké qui avait tout sacrifié à la lutte pour l’indépendance, mais sans que le mérite de son investissement ne soit reconnu car lorsque devrait arriver l’heure des partages, il avait été oublié, ou du moins ignoré et quelques alibis peuvent justifier l’ostracisme dont il est victime : « Fama, apprend-on, est, comme la queue d’un âne, analphabète » et que pour ce fait, des bagues ne pouvant servir à un lépreux, on le laissait là, sur les carreaux, ne pouvant plus vivre que de la miséricorde d’Allah, le Seul capable d’entendre désormais dans ce monde injuste et sourd, ses complaintes. Le Niger de la Renaissance est bourré de ces Fama, revenus de l’aventure, brisés et brimés, humiliés et déroutés politiquement. Que devient Abdou Labo ? Que devient Issoufou Issaka, sans doute tristes à ne plus savoir sur quelle terre ils vivent, obligés de revoir à la baisse les espoirs qui les faisaient partir et trahir ? Que deviennent le ministre de la Santé et Abdoul Kadri Tidjani qui, même, confortablement installés dans le système, vivent l’anxiété de la Justice quand, pour des problèmes de gestion que tout le monde connait, ils peuvent savoir qu’à tout moment, la terre peut trembler sous leurs pieds au nom de la lutte implacable contre l’impunité qu’annonçait le Chef de l’Etat et qui doit faire bien de mécontents dans son système ? Pourquoi donc en dix ans – et il continue – Issoufou a passé tout son temps, à semer la zizanie et à mettre trop de désordre dans les partis politiques ?

Issoufou ne croit pas à la nation, ni même à la République

Issoufou, ne peut pas survivre politiquement en se servant seulement de sa région natale, car c’est déjà avoir une conception étriquée de l’Etat, de la nation et de la démocratie que de croire qu’en se servant de manipulation sur son seul ‘’fief politique’’, il pourrait émerger politiquement. Une telle situation suffit à comprendre pourquoi l’homme, dans le pays, comme jamais un autre, est si impopulaire. Lorsqu’il peut laisser échapper de telles préférences, croit-il que d’autres Nigériens, puissent avoir de bonnes raisons de l’aduler comme il voudrait donner l’impression dans son supposé fief où, quoi qu’il fasse, tout le monde, pas même à 60%, ne peut « l’adorer ». Ceux qui sont avec un autre, dans un parti politique, l’ont choisi au non de la nation plurielle et de tels choix sont à encourager au lieu, comme il le fait depuis des années, de tuer ces fraternités politiques, ces alliances politiques internes qui ne peuvent que cimenter la cohésion nationale, comme le MNSD, en une époque en donnait la preuve, avec de grands hommes et de grandes familles politiques qui peuvent ainsi porter la nation dans sa diversité. Ce sont là les secrets de la prochaine cabale contre le parti de Seyni Oumarou…

Mairiga