Cela fait des jours qu’une rumeur persistante, et même la presse, annonçaient l’imminence d’un remaniement ministériel, au motif que Bazoum Mohamed ne serait pas content des performances de son gouvernement dirigé par Ouhoumoudou Mahamadou pendant les douze premiers mois de son mandat commençant demeuré sans bilan. On a attendu pendant des jours, mais Bazoum hésitait à annoncer les changements à apporter pour enfin donner un coup d’accélérateur à l’action du gouvernement censé mettre en oeuvre son programme et conduire sa politique. Il a fallu attendre le samedi, soit deux jours après la tenue du dernier conseil de ministre, pour annoncer le remaniement technique qui a surpris plus d’un, non pas pour avoir été très léger alors qu’il fallait une refonte profonde pour espérer faire bouger les lignes, son gouvernement étant formé de gens incompétents, souvent sans initiatives quand ils ne sont venus que pour la chasse de sous pour s’enrichir comme ceux qui, avant eux, dans le même système, ainsi qu’ils peuvent l’avoir vu dans le rapport de la Cour des Compte, avaient amassé tant de millions et de milliards pour leurs conforts. Il faut dire que ce gouvernement vient aussi un jour après le vote de l’Assemblée Nationale qui autorisait, à travers sa majorité mécanique, l’installation de toutes les bases militaires étrangères qui le voudraient et qui foisonnent au Sahel, sans résultats, hélas.

Deux constats majeurs…

L’un est de l’évidence depuis que, l’annonçant officiellement, Kiishin Kasa, suicidairement, fit le choix de partir à la mangeoire, prétextant une main tendue que personne n’avait pourtant vue, car le dernier message à la nation remonte quand même au 18 décembre dernier et les Nigériens n’ont pas entendu un tel discours. En effet, personne n’a été surpris d’entendre l’entrée au gouvernement de l’ex-colonel des douanes qui a pris la semaine dernière ses clics et clacs pour divorcer avec l’Opposition devenue insupportable pour lui. Et en plus d’avoir un poste de ministre d’Etat qui récompense son reniement et sa soumission, il peut sourire depuis ce samedi de constater que le nomadisme paie au Gonwana pour avoir pour ses soins, un poste juteux qui lui met dans la gibecière en plus de l’énergie, les énergies renouvelables, retirées au Fils du grand camarade quelque peu déplumé de ce point de vue.

Ibrahim Yacoubou, revient donc aux affaires, au sens propre et au figuré et il peut se taper une nouvelle santé pendant que d’autres se laissent moisir dans la canicule de l’opposition. Mais la surprise vient surtout de ce que l’on n’a pas vu entrer au gouvernement des personnalités très connues du grand public, si ce n’est cet enseignantchercheur émérite, jusqu’à ce jour peu connu du grand public, recteur de l’Université d’Agadez qui remplace un autre enseignant-chercheur au poste de ministre de l’Education Nationale où, le SG lui faisant ombrage, l’homme, malgré la rigueur que certains lui reconnaissent, ne put jamais s’affirmer, resté à l’ombre, presque gêné comme l’avait vécu l’ancien ministre Samro. On savait que rien ne bouge à l’Education Nationale mais on s’attendait moins au départ de celui-là. Bazoum finira par comprendre que le problème de ce ministère, pouvait ne pas se situer à ce niveau, et Pr. Natataou, très vite, en prenant fonction, s’en rendre compte aussi. Le MEN est un trou de contradictions et d’adversités, de conflits de compétences qui ne peuvent permettre d’avancer, de concevoir même quelque chose de solide et de convaincant.

La surprise vient aussi de ce que des ministres donnés partants reviennent. Il s’agit notamment du ministre de la santé, de celui de l’enseignement supérieur.

Zada Mahamadou est lui bien liquidé. A force de patience pour déjouer ses coups tordus, Albadé Abouba qui le surveillait dans ses actes défaitistes a fini par avoir sa tête sans coup férir et aujourd’hui, le MPR peut croire s’être guéri de ses subversions, tournant sa page pour faire la promotion d’autres militants. Mais Bazoum peut-il creuser davantage dans le dossier au risque de toucher à des intouchables et donc à des hommes qui se croient l’alfa et l’oméga de son pouvoir ? Faut-il d’ailleurs croire pour donner sens à une telle perspective dans l’affaire quand, l’on apprend que des hommes proches du premier ministre seraient entendus dans le dossier, mais vite relâchés aussitôt ? Si l’information s’avère vraie, alors, il faut croire que le ministre ne saurait seul à payer, à moins que ce ne soit pour autre chose.

Mais alors pourquoi, l’équipe n’a pas pu être remaniée en profondeur ?

La première raison est que, pour les cas des deux ministres du MPR-Jamhuriya, Albadé Abouba pourrait être placé dans une situation très embarrassante au nom de considérations ethnicistes s’il devrait faire partir en même temps, le ministre de l’Enseignement Supérieur, PhD. Mamoudou Djibo, et Zada Mahamadou, ministre de la communication. D’ailleurs, si pour le second, d’un point de vue juridique, rien ne peut justifier qu’on ne trouve pas un remplaçant, pour le premier, pour certains, on voulait simplement se débarrasser de lui car, comme qui dirait, « qui veut tuer son… l’accuse de rage ». En effet, comment, peut-on pour cette faute – si c’en est une – qui a consisté en une incompréhension sur des procédures de recrutements au profit des universités, vite réglées d’ailleurs, lui en vouloir jusqu’à lui prendre son poste quand même, il reste l’un des ministres les plus engagés, plein d’orgueil pour réussir à son poste ? Le sursis qui a permis de le maintenir – et pour combien de temps – ne tient qu’à ses considérations et il va sans dire que Bazoum et Albadé, pour éviter d’autres frustrations dans un pays qui trainent bien de malaises, travaillent à mieux penser les changements à opérer pour avoir une équipe plus technique et plus engagée afin de réussir les ambitions que poursuit Bazoum Mohamed à la tête du pays même si pour un autre, l’homme n’a aucune idée de son pouvoir ; il aurait zéro idée, ainsi que se plaint pour lui Oumar Hamidou dit Ladan Tchana.

Quelque peu affaibli, Abba Issoufou Mahamadou, en perdant des volets importants de son ministère, revient quand même au gouvernant, gardant toujours la manne pétrolière que le régime passé d’Issoufou, visiblement, n’entend pas cédé à un autre, décidé à le garder, à le conserver, confié aux mains du fils, un garçon qui n’a pourtant pas travaillé jusqu’ici mais qui peut, à la faveur de Papa et de son coaching impudique, être catapulté à un tel niveau de responsabilité, toisant les ténors du parti, souvent oubliés s’ils ne sont carrément mis au garage pour faire la promotion des enfants gâtés. Un tel parti qui pourrait faire la promotion par la filiation, par la consanguinité, peut-il attirer des adhérents ? Le pétrole de la nation, pour une famille ?

Et le problème reste entier…

Ce léger remaniement qui n’apporte rien de très fondamental quand la médiocrité est maintenue, tenu peut-être par les jeux des alliances qui dépendent d’ailleurs plus d’un autre que de Bazoum luimême, montre bien que le Philosophe n’a pas une maitrise totale de ce qui serait son pouvoir. De l’avis de bien d’analystes, Bazoum aurait bien aimé se débarrasser de certains ministres mais la pire chose qui lui arrive est de ne pas gouverner seul. Le vote à l’assemblée nationale, la veille du remaniement, en est un signe éloquent.

Tous les alliés d’une certaine importance, y compris le dernier qui vient de rentrer en scène, Ibrahim Yacoubou en l’occurrence, ne sont commandés que par Issoufou et son lobby. Bazoum qui aspire à survivre à la fragilité de son pouvoir, ne peut que s’y plier angoissé par ce qui pourrait lui arriver quand, en plus d’alliance militaire largement contestée par les Nigériens, il se trouve que des adversaires, avec la même hargne, continuent de contester son élection, lui arrachant à la bouche gourmande le goût doux du pouvoir qu’il ne peut consommer sereinement.

Pour le ministère de l’Education nationale, tout le monde le sait, et tout le monde le dit autour de ce ministère, le problème est moins un ministre qu’un secrétaire général qui, se prévalant de quelques relations ou de quelques proximités avec le président de la République, tient le ministère en otage, voulant tout noyauter, pour ne laisser à aucun autre la responsabilité de ses initiatives et de ses fonctions, au point de nuire à la motivation des agents surtout quand pour travailler, il ne le fait qu’avec un cercle restreint, qui plus, du point de vue des nominations, n’ont presque rien à faire pour se les imposer comme collaborateurs pour gérer presque dans l’informel, pas pour travailler, mais juste pour la chasse de prébendes et cela aussi, c’est connu des milieux du ministère. Nous pourrions revenir pour donner des cas précis qui témoignent de la gestion patrimoniale du ministère et qui ne peut permettre d’avoir des résultats. Le primaire se plaint. Le secondaire aussi. L’homme serait puissant. Bazoum tâtonne à trouver la voie. Il est loin des solutions. Il n’a toujours pas les bons hommes.

AI