Dans moins de deux (2) mois, plaise à Dieu le Président Mohamed Bazoum fêtera son deuxième anniversaire à la tête de l’Etat du Niger ! Ailleurs, ç’aurait été un mi-mandat, comme aux Etats-Unis d’Amérique, afin d’évaluer le bilan à-misparcours de l’équipe en place. Au Niger, c’est le régime de la renaissance Acte III de Mohamed Bazoum qui est soumis à cet exercice périlleux, car, depuis son investiture, le Président Bazoum n’aura jamais semblé marquer une rupture avec le régime précédent, celui de son prédécesseur et mentor politique, Issoufou Mahamadou. Le dernier congrès du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS/Tarayya), du 25 décembre 2022, à Niamey, aura fini de convaincre les derniers sceptiques sur l’incapacité actuelle du Président Bazoum de gouverner autrement que de continuer de protéger la gestion politique antérieure dans ses répercussions sur la marche actuelle du pays. Toute la difficulté de la question se trouverait-là, entre un Président de la république voulant se montrer reconnaissant vis-à-vis de son mentor politique à l’égard duquel il serait très redevable dans la conquête du pouvoir suprême, et la nécessité absolue de gouverner le pays dans la justice et la responsabilité. Comme l’on peut le voir, l’impasse apparaît dans la gouvernance politique actuelle, du fait sans doute de cette dichotomie dans la conduite des affaires publiques. Le pays reste, alors, bloqué, étouffé par le climat délétère de l’indécision politique. Mais, eux, les défis n’attendent pas et deviennent, chaque jour, plus nombreux et plus coriaces. Du coup, les regards se tournent vers les membres du Gouvernement, pour procéder à quelques remaniements, en faisant partir certains ministres pour en faire venir de nouveaux,le tout dans une image de chaise musicale digne d’un opéra russe ! Alors, si ça ne marche pas, ce serait seulement la faute de certains ministres transformés, à l’occasion, en brebis de sacrifice d’un système politique plus fondé sur l’esprit du partage des postes de responsabilité que sur un projet commun de construction d’une nation forte et prospère. De ce fait, toutes les alliances politiques nouées depuis le début de l’ère démocratique se justifient plus par des considérations d’ordre rentier que motivées par des soucis de construction nationale. C’est-là, manifestement, l’une des tares fondamentales pour lesquelles le système politique nigérien peine encore à être à la hauteur des exigences démocratiques et républicaines du peuple.

Ces derniers temps, d’après certaines indiscrétions, un projet de remaniement gouvernemental serait à l’étude entre alliés au pouvoir. Comme on le sait, la même configuration politique de la future équipe gouvernementale demeurera, car ce sont toujours les appareils politiques qui proposent les noms de leurs membres à nommer dans le Gouvernement, selon un quota préalablement arrêté pour chaque allié. Mais, cette fois-ci, selon certaines sources bien renseignées, les blocages proviendraient du côté des partis alliés, qui, semble-t-il, n’auraient pas réussi à se mettre d’accord en leur propre sein pour désigner leurs militants à nommer dans le nouveau Gouvernement.

En tout état de cause, les Nigériens, dans leur écrasante majorité, n’attendent rien d’un quelconque remaniement gouvernemental, qui n’apporte strictement rien à sa condition existentielle actuelle, eux qui ploient sous le poids du coût de plus en plus élevé de la vie, de l’insécurité, bref confronté à toutes sortes de défis périlleux. Les ministres peuvent, alors, défiler, telle dans une procession funèbre, les uns après les autres, les problèmes du pays demeureront toujours sans fins et sans solutions. C’est, une fois encore, la preuve supplémentaire que sans les valeurs et principes, les hommes ne peuvent réussir à faire de grandes et durables choses, puisque les hommes passent avec leur histoire, mais les idées et les institutions qui les incarnent, elles, demeurent éternellement. Les citoyens nigériens ne demandent guère de vivre dans un paradis terrestre, mais bien d’avoir, au moins, le sentiment d’être dirigé par d’hommes vertueux et exemplaires à tous égards. En effet, lorsque la lumière vient d’en haut, elle éclaire plus ceux qui sont en bas afin que ceux-ci puissent se guider grâce à cette lumière. Le problème fondamental du Niger contemporain résiderait, très certainement, dans le déficit de conscience politique constaté au niveau de la classe dirigeante, découlant, sans doute, d’une conception rentière de la politique chez la plupart des hommes politiques nigériens. Cette absence de hauteur, de distanciation d’avec les considérations d’ordre pécuniaire, pour se dévouer, corps et âme, à servir la nation et le peuple, expliquerait beaucoup le déclin du système politique nigérien actuel par rapport aux aspirations légitimes des citoyens nigériens. Finalement, sans vertus particulières pour se distinguer des citoyens ordinaires, ils se confondent volontiers avec ces derniers dont ils ne forment plus qu’une seule et unique espèce. Or, si une société quelconque en arrive-là, c’està- dire, lorsque la vertu aura cessé d’être le moteur de l’engagement politique et civique chez les premiers serviteurs de l’Etat, c’est incontestablement la décadence qui pointe à l’horizon!

Adamou Maiga