Depuis quelque temps, on parle, dans le milieu politique et de façon insistante, d’un remaniement du gouvernement. Le prétexte selon la plus part des analystes est tout trouvé : le retour de Ibrahim Yacoubou et son parti à la majorité. Il s’agit d’un retour d’autant que l’ancien syndicaliste et douanier était un militant du PNDS. Il ne faisait pas parti des fondateurs mais était, à un certain moment, dans le cercle, le plus restreint, du président Issoufou Mahamadou. Sa proximité avec le président sortant avait fait inévitablement des jaloux. Et il sera entrepris un démontage systématique de l’homme. Il fut, sans avoir la chance de se défendre et sans le consentement, dit-on, de son employeur, le président de la République et leader du PNDS, renvoyé du parti. Il sera par la suite éjecté de son poste de directeur cabinet adjoint à la présidence. Il créera son parti politique et ira aux élections de 2016. Il soutiendra, en dépit de tout, le candidat Issoufou Mahamadou au deuxième tour. Il sera nommé ministre des Affaires étrangères avant de subir une fois encore la terrible rancune et rancoeur du PNDS. Il démissionnera quelques heures seulement avant un remaniement ministériel. Il aurait perdu la confiance du président Issoufou.
A l’opposition depuis les dernières élections, les rumeurs de son ralliement à la majorité présidentielle ont circulé quelques mois seulement après la mise en place du gouvernement de Ouhoumoudou Mahamadou. Maintenant, c’est acté. Déjà les députés du parti auraient changé d’appartenance. Ils quittent un groupe parlementaire de l’opposition pour s’affilier à un groupe de la majorité. Et c’est ce qui fait dire qu’un remaniement du gouvernement est en perspective. Cette arrivée permettra de renforcer la majorité présidentielle qui serait tentée de modifier la loi fondamentale. L’épisode de l’hymne national ne serait qu’un ballon d’essai pour d’autres modifications beaucoup plus osées. Ce remaniement du gouvernement, s’il a lieu, intervient après la première année de Bazoum aux affaires. Un anniversaire qui n’aura pas connu le faste habituel dont les renaissants ont le secret. Il n’a pas été beaucoup question de bilan. A dire que les actions du gouvernement n’ont été d’une visibilité suffisante. Comme si cela a été fait exprès. Rendre invisible et inaudible les actions de nos ministres. Ce gouvernement qui, depuis sa formation, portait en lui des tares, n’aurait pu faire mieux. Il était d’abord le fruit des alliances concoctées au cours des dernières élections. Il fallait récompenser les alliés. D’où la présence en son sein de peu de cadres de valeur en mesure de faire bouger les choses. Il n’y avait que responsables de partis politiques. Il fallait surtout faire plaisir au président sortant. Lui qui a mouillé le maillot pour la victoire de son camarade. Et c’est tout naturellement que son dernier directeur de cabinet héritera du poste de Premier ministre. Lui qui fut, avec Kalla Ankouraou, le premier à violer la constitution en donnant un marché à un député en exercice. La démission des deux allait faire oublier cet acte grave. Que peut alors un tel homme à la tête du gouvernement. Pourtant, le PNDS ne manque pas de cadres, d’experts pour dérouler au mieux le programme du président. A la formation du gouvernement, des observateurs avisés avait prédit que ce gouvernement durera au plus un an. Le président formera ensuite un véritable gouvernement de combat avec des hommes suffisamment avertis et surtout soucieux du bien public. Le retour de Ibrahim Yacoubou n’est-il pas le prétexte pour que Bazoum prenne véritablement le rennes du pouvoir ?
Modibo