Le retour de Bazoum de ses vacances présidentielles qu’il effectue dans son village de Tesker est impatiemment attendu par les Nigériens accros de la politique, qui s’attendent certainement à des changements dans sa façon de gérer l’Etat. A commencer par un remaniement en profondeur de l’équipe gouvernementale. C’est un vain espoir de leur part de croire que ledit remaniement, même s’il intervenait, va changer quelque chose dans leur quotidien. Ça va être juste quelques têtes à qui on changera des portefeuilles, quelques ouvertures à de nouvelles têtes et peut-être une reconfiguration des départements ministériels. Pas plus ni moins ! C’est comme ça que fonctionne avec les renaissants depuis pratiquement la rupture du PNDS Tarayya, le principal parti au pouvoir d’avec le Moden Fa Lumana en août 2013. Il ne faut guère se faire d’illusions que Bazoum va revenir à Niamey avec une réelle volonté de changer, de mettre de l’ordre dans la maison. La permutation des portefeuilles ministériels et l’entrée éventuelle de nouvelles têtes dans l’équipe ne constituent pas aujourd’hui l’attente de l’écrasante majorité des Nigériens, qui s’attendent plutôt à des mesures hardies dans le cadre de la lutte contre la corruption, le détournement massif des deniers publics dans l’impunité la plus totale au cours de ces dernières années. Ce à quoi ils aspirent aussi en tant que citoyens, c’est des mesures sociales permettant d’alléger leurs souffrances quotidienne, confrontés qu’ils sont à une cherté croissante de la vie et une insécurité armée imposée par des groupes terroristes et que le gouvernement n’arrive pas à endiguer. Concernant la cherté de la vie, le fardeau s’est même alourdi depuis le 1er août dernier avec l’augmentation du prix du litre de gasoil à la pompe de 130 francs CFA qui est systématiquement répercutée par les transporteurs sur les coûts des déplacements et les commerçants importateurs sur les prix des produits. En quoi un remaniement du gouvernement peut-il permettre de régler ce problème épineux, quand c’est le même président Bazoum qui a réuni, avant son départ en vacances, a rencontré les partenaires sociaux (centrales syndicales, organisations de la société civile) pour tenter vainement de leur expliquer le bienfondé de la mesure d’augmentation du prix du gasoil ? Il faut cesser de rêver, un remaniement n’apportera rien comme changement qualitatif les conditions de vie précaires des populations à la base. Ça ne profitera qu’aux proches des promus tandis que le bas peuple, lui, s’enfonce chaque jour un peu plus dans la misère.

Tawèye