On se souvient que traversant le Burkina Faso et le Niger, venant de la Côte d’Ivoire pour aller au Mali, une colonne de l’armée française avait rencontré des difficultés sur le trajet, certaines populations lui ayant opposé une résistance, refusant qu’elle puisse avancer pour arriver à destination quelque part au Mali. La raison invoquée pour s’opposer à la venue de l’armée française au Sahel est qu’à tort ou à raison, les populations l’accusent de jouer à la duplicité, officiellement en soutien aux Etats, et dans l’ombre, complotant avec l’ennemi pour aider les terroristes à semer le bordel dans nos pays. C’est d’abord en terre burkinabé que les premières résistances ont été menées, avec une jeunesse hostile qui refusait que les soldats français arrivent dans l’espace sahélien, craignant que le problème ne prenne des proportions inquiétantes par ses complicités soupçonnées. Pendant une semaine, les populations, à Kaya, avaient contrarié le convoi militaire français à avancer, avant qu’à la suite de médiations âpres, elles ne consentent à laisser partir la colonne malaimée de la France qui se croyait alors en territoire conquis pour y agir comme bon lui semble. Les Sahéliens doutaient tellement de la coopération militaire de la France dans la guerre contre le terrorisme que partout, ils demandaient à voir ce qu’elle convoie dans ses véhicules pour traverser les pays. Et cette France ne peut pas comprendre que les Africains aient le droit de douter d’elle et rejeter ses bons offices.

Alors qu’en terre du Burkina Faso, nonobstant un blocage d’une semaine, l’armée française n’osa jamais tirer sur les foules déchainées, au Niger, c’est seulement en une journée de résistance que la France excédée, donna l’autorisation de tirer sur la foule de jeunes rassemblés à Téra, donnant suite aux colères qui se sont exprimées à Kaya.

C’est donc pendant près d’une semaine que le convoi a été bloqué sans que l’on ne note un seul incident grave alors même que là, avec un lance-pierre, un garçon, devenu héros national, pouvait faire descendre un drone français qui survole les manifestants. La France s’était alors maitrisée à ne pas aller à l’abus. Mais c’est au Niger, à Téra que, passant, les militaires d’Emmanuel Macron, bloqués, peuvent enfin dégainer, tuer, commettre des crimes, sûrs certainement de ne pas répondre ici de leurs crimes. On a d’ailleurs vu avec quel mépris des responsables français, notamment la ministre des Armées de l’époque, Florence Parly, pouvait réagir face à la tuerie, pour dire de manière arrogante que face à la détermination des manifestants, ce fut la « réponse adéquate ». Quelle insulte ! C’est-à-dire qu’en français facile, ces jeunes pour s’être opposé à la venue sur leur territoire de troupes étrangères, françaises, méritent qu’on les tue. Pauvre Niger. C’est à peine que d’autres ne demandent pas qu’on applaudisse le crime ! Trop grave propos d’une ministre qu’on ne saurait tenir même en 1940, sous la colonisation. Tuer l’enfant d’un autre et prétendre que c’est normal ! La réaction qui frise l’insulte à l’égard de tout un peuple ne peut jamais indigner des autorités nigériennes, obligées d’avoir du respect pour des « maitres » auxquels ils doivent plus qu’à leur peuple. Les autorités françaises pouvaient même ajouter qu’elles ne feront aucune enquête pour faire la lumière sur le crime. Mais déjà tout le monde savait qui était le coupable, même si pour couvrir le « maitre » assassin de son crime immonde, le néo-colonisé pouvait sacrifier certains de ses enfants révoqués de leurs postes pour faire croire qu’il agissait dans le sens du désir du peuple qui appelait, lui, à une justice exemplaire pour que de tels crimes, plus jamais, des forces étrangères, remettant en cause notre souveraineté, ne posent de tels actes.
Soupçons avérés de la culpabilité française irrécusable…

De l’avis de la population, les gendarmes nigériens présents sur les lieux de la manifestation, sont hors de causes car, jamais les jeunes qui manifestaient de les avaient vus s’en prendre à eux, a fortiori, tirer sur leurs frères nigériens qui n’expriment là qu’une colère généralisée dans le pays avec cette méfiance que l’on a partout vis-à-vis de la présence militaire française au sahel. On a même vu, dans quelle précipitation, l’aviation française, on ne sait à partir de quelle position, a survolé la manifestation, pour jeter sur les jeunes en colères des armes létales, montrant ainsi qu’elle a après tout une capacité d’intervention rapide, pour sauver les siens, non pour protéger des populations sahéliennes qui sont tout le temps la cible de groupes terroristes opérant à motos, groupes qu’elle ne peut ni voir avec ses drones ni attaquer avec ses avions-sorciers positionnés au Sahel, on ne sait d’ailleurs pour quel usage. Selon des sources concordantes, les douilles utilisées pour tuer et trouvées sur place sont bien celles utilisées par l’armée française en opération et par un tel indice corroboré, nul doute que le crime vient des soldats français. Ce sont donc ceux qui venaient pour protéger qui tuent. Comment peut-on dès lors faire confiance à de tels hommes ? Et nos députés de la majorité trafiquée, les yeux fermés, peuvent ne rien comprendre pour donner une base légale à l’installation controversée des bases militaires étrangères dans le pays alors même qu’ils ne savent rien des clauses du partenariat militaire sur lequel, on ne leur a rien dit avant de l’approuver. Il est d’ailleurs assez curieux de constater que le Chef suprême des armées, le sieur Bazoum Mohamed, lors de la visite du Chancelier de la République fédérale d’Allemagne M. Olaf Scholz en tournée africaine qui l’a conduit au Niger le 23 mai 2022, et avant au Sénégal et après en Afrique du Sud, pouvait mieux apprécier la coopération militaire avec l’Allemagne à laquelle il demandera d’ailleurs de rester encore quelque temps, sans même requérir l’avis de la représentation nationale. On aura compris par une telle appréciation qu’il y a des coopérations qu’on apprécie moins. Laquelle ? Suivez mon regard…Bazoum Mohamed a son idée, peut-être celle que tous les Nigériens ont de ces installations militaires qui se font dans le désordre.

Pourquoi, c’est au Niger seulement que l’armée française pouvait tirer sur des manifestants pour tuer ? Aurait-elle passé par quelques autres portes du pays, pouvait-elle avoir la même attitude assassine ? Cette question dérangeante explique aujourd’hui les colères que se vivent dans la population qui ne peut pas comprendre, la solution à l’amiable, disons, arrangée proposée directement aux victimes pour croire qu’on pouvait ainsi taire définitivement l’affaire qui reste une grave blessure dans l’histoire, et notamment dans l’histoire tumultueuse d’une France avec une Afrique qu’elle n’a jamais voulu respecter, surtout quand des hommes comme Le Drian devraient être les maîtres à penser Afrique pour une France qui ne sait plus ni lire ni comprendre l’Afrique malgré ses nombreuses années de copinage avec le continent.

En vérité, depuis que la France a décidé qu’elle ne mènera pas d’enquête pour des moins que rien, eut-on cru, l’on savait que les autorités de Niamey, malgré l’indignation nationale et l’appel à la justice que l’on peut entendre de partout, ne pourra rien faire car il n’a ni la volonté ni force de contrarier Paris, le seul soutien encore réel par lequel il tient dans le pouvoir depuis que, sous Issoufou déjà, les Nigériens rejetaient ces hommes et leur socialisme faussement de Gauche.
On était là à attendre que le gouvernement, censé défendre les intérêts du peuple, annonce les résultats de son enquête, car elle au moins, a le devoir moral et politique de donner quelques lumières sur le crime pour calmer une opinion nationale très remontée contre la France quand elle peut tuer et se moquer tant du peuple qu’il brutalise et des âmes dont elle abrégeait la vie sur terre pour profaner leur mémoire avec sa parole vile. Et on apprend le communiqué du ministère de l’Intérieur, non de la justice, qui annonce un traitement à l’amiable de l’affaire.

Un arrangement de la honte qui choque l’opinion…

On aura cru comprendre par le communiqué rendu public qu’il était difficile, voire impossible de voir clair dans le crime pour déterminer ceux qui auront commis les meurtres quand même tout était trop clair pour laisser place à quelques tergiversations. Comment, peut-on dire ça aux Nigériens, en tout cas s’il n’est pas question pour le gouvernement nigérien de la Renaissance de couvrir la France de ses crimes commis en terre nigérienne. D’ailleurs, le seul fait de négocier avec des familles un tel arrangement qui met au centre du crime des questions d’argent pour contenter chacun de quelques sous, peut-il absoudre le crime pour pardonner l’ignoble forfait des militaires français en terre nigérienne ? Faut-il croire que désormais les crimes au Niger se régleront, hors des palais, évitant le Juge, pour trouver des arrangements tortueux du genre de ce que l’on annonce aujourd’hui aux Nigériens ? Pourquoi était-il devenu important de l’annoncer quand, l’arrangement concerne des familles qu’on a cru plus touchées parce qu’il s’agit en premier de leurs enfants ? Pour le mal qui est fait à un pays, les Nigériens sont tout aussi concernés par l’affaire pour attendre mieux que cet arrangement boiteux, pécunier, à la limite insultant pour croire que les montants « gracieusement » versés paient le mal fait, les crimes commis, les vies ôtées. Ces Nigériens ne demandent pas de l’argent mais de la justice et surtout de la vérité. C’est en cela que les colères d’Omar Hamidou dit Ladan Tchana pouvaient être comprises. Le reportage de TV5 veut montrer que parce qu’on a donné de l’argent et que les familles s’en contente il n’y a plus rien à dire surtout quand certains parents peuvent dire, fatalistes, que c’est fini et qu’il ne faut plus en parler, les morts étant morts. Quelle justice ! Quelle honte pour nous !

Un homme député s’exprime sur l’arrangement nauséabond

Réagissant à l’annonce de la solution arrangée de l’affaire de Téra pour laquelle, après les trois morts évalués cyniquement à 150 millions, d’autres restent toujours à l’hôpital gravement blessés, avec un avenir compromis pour porter un handicap mais eux aussi « gratifiés » de quelques millions, le député national, Omar Hamidou Tchana, n’est pas allé du dos de la cuillère pour exprimer toutes ses colères face au mépris qu’on semble afficher pour des vies humaines « bousillées », pour des avenirs détruits et donner dans des mains quelques sous, pour croire qu’on se serait, par une telle générosité sadique, débarrassé du dossier, l’argent réglant tout dans l’empire des socialistes nigériens. L’Honorable Omar Hamidou fulmine, ne pouvant comprendre que des gens donnent « quelques euros pour faire place à l’impunité ». L’homme était hors de lui-même, ne comprenant pas une telle solution pour un problème aussi grave lorsque des gouvernants ne peuvent ni comprendre la sacralité de la vie humaine, l’importance de l’homme qu’on ne saurait évaluer pour lui donner un prix.
Comme quoi, pour le respect que l’autre nous doit, dans cette affaire, les Nigériens ont droit à une vérité qu’on ne peut leur cacher ad vitam aeternam.
ISAK