Depuis la révélation de certains de nos confrères sur des zones d’ombre autour du marché de livraison de vaccins au Projet Intégré de Modernisation de l’Agriculture et de l’Elevage (PIMELAN), le Ministre Abdoul Kadri Tidjani indexé dans ladite affaire ne dort certainement pas bien. Il a intérêt à revoir sa dose de café dès lors que l’enquête y relative vient d’être ouverte par la Haute Autorité à la Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA).

Les explications données les responsables du PIMELAN visant à rassurer l’opinion de la régularité dans l’exécution du marché concerné, n’ont pas été convaincantes. Non pas pour la simple raison que nos confrères révélateurs du ‘’scandale’’ y persistent, mais parce que la HALCIA saisie sur dénonciation a finalement donné foi aux soupçons et décidé d’ouvrir une enquête sur cette affaire. Visiblement, il y a des indices tendant à croire aux allégations de nos confrères, d’où certainement tout l’intérêt de l’institution en charge de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées à prendre en charge ce dossier. C’est donc parti pour une fouille minutieuse.

Ce marché de vaccins a-t-il été régulièrement octroyé ? La totalité des livraisons a-t-elle été faite, dans le délai requis ? Des questions et bien d’autres auxquelles les limiers de la HALCIA vont chercher à éclaircir pour confirmer ou infirmer les allégations de la presse, avec des détails ahurissants.  

Les enquêtes antérieures de la HALCIA, faut-il le souligner, ont fini généralement par confirmer les soupçons, aussi bien sous le mandat de Ghousmane Abdourahamane qu’avec son successeur Maï Moussa Elhadji Basshir, les deux magistrats étant connus pour leur rigueur dans le travail, leur sérieux, et leur intolérance face aux faits de détournements de deniers publics et de corruption. L’actuel président de la HALCIA l’est d’autant plus qu’en l’espace de quelques mois seulement d’exercice de son mandat, il compte déjà à son actif un palmarès élogieux en matière de répression de la corruption et des infractions assimilées.

Si donc la responsabilité du Ministre de l’Elevage Abdoul Kadri Tidjani venait à être établie, nul doute qu’il ira répondre de ses actes devant la justice. Il n’y aura rien qui puisse le couvrir, en dehors de ‘’l’avantage’’ que lui accorde la loi, en tant que membre du gouvernement, de jouir du privilège des juridictions, pour des faits commis par lui dans l’exercice de ses fonctions de ministre.

Au même moment où la prise en charge de cette affaire prend forme, un autre risque de rattraper toujours le même Abdoul Kadri Tidjani. Il s’agit, cette fois aussi, d’un marché public de plusieurs milliards de FCFA, plus précisément celui d’aliment bétail, qui a également fait l’objet de révélations scandaleuses aussi bien dans les médias que sur les réseaux sociaux.

Jamais, au Niger, contexte n’a été aussi favorable pour une lutte efficace contre les détournements des deniers publics et la corruption. Il y non seulement une volonté politique affichée de la part du premier magistrat du pays, pour lequel il n’y a pas dix mille solutions pour réprimer la délinquance économique que de sévir contre les auteurs d’indélicatesses dans la gestion des biens publics, mais aussi les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, sans oublier l’accompagnement très active d’une société civile et d’une presse déterminée à mettre sa main dans la pâte.

Oumarou Kané