Le déni de droit a de beaux jours au Niger et tous ceux qui attendent que justice leur soit rendue sur un dossier quelconque, doivent certainement endurer le supplice de la loi du plus fort. Le plus fort ? C’est celui qui peut corrompre, grâce à l’argent et à des relations politiques, les pouvoirs conférés par l’État servant de moyens de guerre pour anéantir toute adversité. L’affaire Zazi Soumaïla Mahamadou Moctar/ Issoufou Dodo Hafizou est un cas d’école. Et selon une source crédible qui en a informé le Courrier, ce ne sont pas moins des magistrats et des collaborateurs proches d’une très haute personnalité de l’État qui font obstruction à la justice. L’affaire, portée devant les services compétents, notamment la police criminelle pour détournement d’un montant de 149 991 973 FCFA, n’a toujours pas connu son épilogue. Pourtant, elle a été tranchée par la justice. La chambre civile et commerciale de la Cour de cassation, en son audience du 21 décembre 2021, l’a fait. Sur saisine du sieur Zazi Soumaïla Mahamadou Moctar qui contestait l’ordonnance rendue par le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey le 5 décembre 2017, elle a condamné le requérant aux dépens.
Le 6 janvier 2022, encore, ce jugement, qui condamne le sieur Zazi Soumaïla Mahamadou Moctar à payer à Issoufou Dodo Hafizou la somme de 149 991 973 FCFA, n’a pas été exécuté. Pourtant, c’est une dette que le premier a contractée auprès du second. Une dette qu’il n’a jamais honorée et qui a contraint le créancier à menacer d’ester en justice. Craignant d’aller en prison dans un pays — c’était en Côte d’Ivoire, précisément à Treichville — où il ne dispose d’aucun soutien politique pour se tirer d’affaire, Zazi Soumaïla Mahamadou Moctar va recourir à la médiation de proches parents venus du Niger pour intercéder en sa faveur. Un engagement verbal est pris, par la bouche du sieur Soumaïla Allassane. Cet engagement sera corroboré par l’intercession d’un huissier de justice, Me Gnandé Abouadjé Mao Médard qui s’est rendu à Abdijan, dans les locaux de la police criminelle où était gardé à vue Zazi Soumaïla Mahamadou Moctar. Un engagement manuscrit de payer la somme due à Issoufou Dodo Hafizou d’un des frères de l’intéressé, est signé et Me Gnandé en a dressé procèsverbal aux fins de recours en cas de besoin. C’était le 3 août 2017.
Sorti des griffes de la justice ivoirienne, Zazi Soumaïla Mahamadou Moctar va désormais en faire à sa tête. Et même lorsque l’affaire a été tranchée par la Cour de cassation du Niger, il a refusé d’exécuter l’arrêt, soutenu dans cette rébellion par des Magistrats et des collaborateurs d’une très haute personnalité de l’État. Ce sont eux, selon des sources judiciaires, qui entravent l’exécution de l’arrêt de la Cour de cassation. Le 5 Janvier 2022, on a évité pratiquement le pire quand Me Alhou Nassirou, l’huissier de justice saisi par le sieur Issoufou Dodo pour l’exécution de l’arrêt, a voulu procéder à des saisies-vente des boutiques de Zazi Soumaïla Mahamadou Moctar, situées en face du siège du syndicat nationale des agents de douane (Snad) et au grandmarché de Niamey. Les nommés Fousseini Soumaïla Zazi, Alassane Soumaïla Zazi ainsi que Zazi Soumaïla Mahamadou Moctar lui-même se sont vigoureusement opposés à l’opération, abreuvant d’injures et de menaces l’huissier au motif que le requérant ne dispose pas de titre exécutoire. Et finalement, pour éviter tout affrontement, Me Alhou a dû se résoudre de suspendre l’opération et de porter plainte pour rébellion, outrage et résistance abusive à l’exécution d’une décision de justice. À ce jour, l’exécution de l’arrêt de la Cour de cassation est en souffrance et la plainte déposée par Me Alhou n’a pas également connu d’évolution notable. Comment expliquer une telle situation ? La corruption en serait-elle la raison ? L’enquête du Courrier se poursuit et s’intéresserait, prochainement au silence bruyant du syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman) et du Ministere de la Justice sur ces affaires qui entachent la crédibilité des Magistrats du Niger . Dossier à suivre.
Laboukoye.