Dans la lutte implacable qu’il mène contre toutes les menaces que sont le terrorisme et les trafics, le Niger est soutenu par l’Union Européenne et certains de ses Etats membres au point bilatéral. Le ministre de la Justice a rappelé qu’au sommet Euro-africain de la Valette sur la migration en 2015, le Président de la République SE Issoufou Mahamadou a fait des propositions importantes à ses homologues « pour réussir le combat pour la sécurité collective ». Au sortir de ce sommet l’Union Européenne a mis en place un fonds fiduciaire d’urgence qui a permis le financement de l’AJUSEN ainsi que son élaboration, suivie de son adoption en juin 2016. Le ministre de la Justice a expliqué que ce projet s’inscrit dans la continuité du PAJED II financé par l’UE et du projet JUSSEC financé par la coopération française qui ont, a-t-il ajouté, beaucoup contribué à « renforcer les services centraux du ministère de la Justice et assurer un traitement judiciaire de la lutte contre le terrorisme et les grands trafics conformément aux règles ».
Le projet AJUSEN, qui s’inscrit dans la continuité de ces deux précédents projets, offre, de l’avis du ministre Marou Amadou, encore plus une heureuse perspective pour le Niger. Les infrastructures, les équipements ainsi que le renforcement des capacités constitueront l’épine dorsale du projet AJUSEN tant pour son volet Justice que pour celui relatif à la sécurité intérieure. Le ministre a précisé qu’en ce qui concerne le volet Justice, l’appui budgétaire sera consacré à la construction de nouvelles infrastructures à travers le pays. En effet, cinq tribunaux et cinq maisons d’arrêt seront construits à Ayorou, Belbédji, Iférouane, Tilia et Torodi. En outre, des travaux complémentaires seront réalisés au niveau de trois tribunaux d’instance à Banibangou, falmeye et In’Gall.
L’aide complémentaire de 5,6 millions d’euros octroyée par l’UE, signée en mars dernier avec l’AFD a pour objectif de renforcer les capacités des acteurs judiciaires en vue d’améliorer le traitement judiciaire du crime organisé dont le trafic illite des migrants et la traite des personnes, a dit le ministre. Plus précisément l’aide permettra de renforcer les capacités des services centraux et des structures rattachées au ministère de la Justice et la chaine pénale, d’appuyer l’ANLTP/TM, de créer un fonds d’indemnisation des victimes et de renforcer le bureau de coopération et d’entraide pénale internationale du ministère de la Justice. Le ministre a rendu un hommage mérité au directeur sortant de l’AFD M Philippe Renault et souhaité la bienvenue à son successeur tout en assurant le chef de la délégation de l’UE et de l’AFD de l’engament de son département ministériel à mettre en œuvre efficacement le projet AJUSEN.
Prenant la parole à son tour, le chef de la Délégation de l’UE, M Raul Mateus Paula a souligné l’étroite collaboration de son institution avec les autorités nigériennes et plus singulièrement avec le ministère de la Justice. L’ambassadeur a rappelé les objectifs assignés au projet doté de six millions d’euros qui sera mis en œuvre en 48 mois. M Raul Mateus Paula a aussi rappelé que l’enveloppe financière a bénéficié d’une augmentation substantielle grâce à la contribution additionnelle de 50 millions d’euros fournie par l’Italie au fonds fiduciaire dont l’avenant a été signé le 21 juin dernier, faisant passer l’enveloppe de 30 à 80millions d’euros. Affirmant qu’une tranche de 10 millions a été déjà décaissée, le chef de la délégation de l’UE a mis en exergue l’engagement du Niger et de l’UE dans une étroite coopération sur la migration irrégulière qui est un sujet de préoccupation et d’enjeu crucial pour les deux parties.
Le directeur sortant de l’AFD a souligné toute l’importance du projet AJUSEN en ce sens qu’il vise à renforcer les capacités des acteurs judiciaires dans la lutte contre le crime organisé et la traite des personnes. AJUSEN est le premier projet de l’AFD avec le ministère de la Justice a dit M Philippe Renault qui s’est félicité de la qualité de la collaboration avec les services dudit ministère. Il a réitéré la disponibilité de l’AFD à envisager de nouvelles interventions dans le secteur de la Justice qu’il trouve très peu appuyé par les partenaires techniques et financiers. « Le portefeuille des projets financés par l’AFD dans le secteur de la gouvernance au Niger est en construction et le secteur de la Justice y a toute sa place », a conclu le directeur de l’Agence Française de Développement.
Zabeirou Moussa(onep)
13 juillet 2017
Source : http://lesahel.org/