L’insécurité dans la région de Tillabéri est préoccupante. S’il est vrai que l’on voit un activisme de la part du président de la République pour juguler la crise sécurité sur l’ensemble du territoire avec ses différents déplacements dans les différentes parties du pays affectées, il reste que malgré tant d’efforts, tant de volontarisme affiché, l’insécurité ne fait que s’étendre, affectant presque toute la région où, juste aux portes de la capitale, la menace s’est amplifiée ces dernières semaines.

C’est pendant que l’on apprend que l’armée aligne les victoires que d’autres mauvaises nouvelles sont diffusées sur les réseaux sociaux devenus aujourd’hui des sources d’informations incontournables. Au moment où, officiellement, certaines informations, pour ne pas contrarier le discours politique ambiant très optimiste qui parle plutôt d’une amélioration sensible de la situation, que sont diffusées des nouvelles pour rassurer l’opinion, étouffant à dessein les violences et les tragédies qui remplissent les cauchemars de populations qui ont appris à vivre avec l’enfer du terrorisme depuis des années maintenant.

En apprenant hier lundi seulement l’assassinat du chef de village de Doumba, un village à la lisière de la ville de Téra, à quelle 10 kilomètres, l’on ne peut que s’inquiéter davantage d’une situation que le pouvoir peine à maitriser. C’est d’autant inquiétant et préoccupant que, comme la dernière fois où c’était à quelques vingt kilomètres de la capitale que les terroristes opéraient, tuant un gendarme, l’on se demande où se trouve alors la base française installée à l’aéroport de Niamey, avec ses drones et ses avions, incapable d’agir pour convaincre de la nécessité de sa présence sur notre sol ? N’a-t-on pas dès lors des raisons de douter d’elle, de sa mission au Sahel ?

Jusqu’à quand, peut-on, dans cette région, regarder se détruire un espace avec des populations contraintes à l’exil et à l’errance, perdant le contrôle d’un espace sur lequel, depuis de longues décennies, elles ont appris à vivre et à rêver ? Quand on voit les complexités du problème, face à un régime qui manque de stratégies, l’on ne peut que s’effrayer que la solution ne puisse jamais venir de ceux qui gouvernent aujourd’hui le pays. En effet, après leur solution miracle d’un forum régional sur l’insécurité et la cohésion sociale, tenu dans la capitale du fleuve, l’on ne peut rien entendre de ce que les organisateurs pourraient donner aux Nigériens, comme bilan à mi-parcours de la mise en œuvre de leurs recommandations-miracles annoncées en fanfare à Tillabéri.

Quelques mois après la fameuse rencontre, la région ne fait que s’enliser. Il y a à craindre davantage avec ces populations, quand on sait qu’avec la saison des pluies, tout l’environnement va se régénérer avec des cours d’eau qui vont se remplir, rendant difficile la mobilité dans ces parties affectées, et offrant, en même temps, des abris aux terroristes et à leurs semblables, pour mieux planifier leurs actions terroristes.

Les fils et les filles de la région, sortant du format voulu par le pouvoir lors de la dernière rencontre que nous évoquons plus haut, doivent enfin se regarder et se parler : c’est une question de survie pour eux !

Aïssa Altiné