Le Niger, depuis plus de dix ans aujourd’hui, ne vit qu’au rythme de scandales les uns plus rocambolesques que les autres. Le pays n’a jamais su que ses socialistes pouvaient être capables de tant de telles prédations. Alors que le socialisme vrai enseigne l’humilité, eux pouvaient avoir de l’arrogance, voire de l’extravagance. Ils étaient « Lions » – Zaki – mais l’on n’avait su que c’est dans la prédation carnassière, non pour être cet homme autant de poigne que de coeur, capable d’avoir des mains fermes pour châtier chaque fois que de besoin, et aimer sans renoncement l’Homme. Il se trouve malheureusement que le patronat socialiste ne pouvait, hélas, gouverner que dans l’impunité, dans le mal, laissant son entourage miné par la corruption et les détournements les plus hilarants que l’on ne peut pas soupçonner dans un pays normal. Et c’est du fils au père que l’empire des Roses est atteint de la nouvelle peste, perpétuant le crime de génération en génération ainsi qu’on peut voir les fils héritiers se donner souvent, quand ils n’occupent pas des postes de responsabilité, les mêmes relents bourgeois, avides de mondanité et de bonne vie pour « voler » dans le grenier à argent de Papa, afin de s’offrir une vie d’enfants gâtés, pétri de l’arrogance héritée des pères devenus riches.

Cela fait des années que l’on parle de crimes économiques, de scandales, d’affaires qui défraient la chronique, mais aucune de ces affaires, à la hauteur de la faute, n’a connu un traitement judiciaire qui peut faire payer aux présumés coupables, après la tenue de procès équitables, leurs fautes. On n’avait pas fini de parler du premier vaste crime qui avait le plus alerter l’opinion à savoir le MDN-Gate qu’un autre, dans le même ministère, vient choquer l’opinion. Avec ce jeune que l’ancien ministre Kalla Moutari recommandait pour tout marché dans le domaine, lui reconnaissant des compétences que ni son parcours professionnel – s’il en a – ni ses études ne peuvent pourtant pas justifier pour rendre crédible la fameuse lettre qui avait circulé sur les réseaux sociaux, « l’enfant » dont des adultes sans foi peuvent abuser de l’innocence et de la naïveté pour se cacher derrière son nom pour commettre les crimes dont ils ne veule nt pas répondre. Mais depuis qu’il quitta son poste « juteux » de ministre de la Défense pour se « réfugier » à l’Assemblée Nationale, se couvrant de l’immunité parlementaire, l’homme est devenu très loquace, ne ratant aucune occasion pour intervenir sur les médias. On sait que l’homme, depuis quelques temps, est devenu anxieux, au tempérament versatile, ne supportant plus la moindre critique sur la gestion qui fut la sienne à la tête de ce ministère et pour laquelle, un journal proche de leur régime – Le Républicain de Feu Mamane Abou pour ne pas le citer – fit des révélations croustillantes, sans que jamais le débat ne s’estompe et sans que l’on ne cesse de parler de lui et de sa gestion. C’en était de trop au point où, il y a quelques jours, presque agacé, l’homme sortait de ses réserves pour proférer quelques menaces par lesquelles, il dit voir l’aveugle et qu’il pourrait le toucher pour qu’il sache qu’on le voit. Le langage est d’autant soigneusement voilé que tous les observateurs pouvaient voir, un mur qui commence à se fissurer dans l’empire, corroborant la guerre des clans et des groupes d’intérêts qui forment le parti.
Mais affrontant par un tel message un clan de sa majorité qui semble vouloir le sacrifier, Kalla Moutari, ne peut manquer de hargne à faire face à ses détracteurs qu’il peut voir à visages découverts quand les autres, de son camp, peuvent se croire invisibles, pour les menacer à chaque fois de les trainer devant les tribunaux en portant plainte contre eux pour diffamation. Le fait-il parce qu’il se croit innocent ou parce qu’il pourrait compter sur les complicités d’une justice, misant sur l’impunité à laquelle, sous Issoufou toute la gent socialiste pouvait avoir droit ? Peut-il alors savoir que les époques ne sont pas les mêmes et qu’un temps peut avoir changé ? Les hommes aussi ?

Il n’empêche qu’on continue de parler du MDN-Gate et l’on n’arrête toujours pas de parler de l’homme, et de ce qu’il fit à la tête du ministère de la Défense au point de risquer une dépression. Il n’en peut plus et le voilà qui explose, surveillant les réseaux sociaux pour réagir à chaque post pour réfuter des allégations faites à son encontre ou même, dans certains cas, pour menacer de porter plainte contre ceux qui lui chercheraient noise et voudraient le trainer dans la boue. Il n’a peut-être pas tort mais si tant est qu’il est sûr de son innocence, sans doute qu’il trouvera mieux à s’innocenter ailleurs, notamment devant un juge que là, sur cet espace virtuel public qu’est Internet qui n’a que l’avantage de poser les problèmes sans jamais les résoudre.

Le dernier round se passa entre lui et l’annonceur d’alerte qu’est devenu Bana Ibrahim, indépendamment de son rôle d’opposant au régime et de militant d’un parti qui gêne sur l’échiquier. Son dernier post fait l’annonce fracassante d’un autre scandale qui concerne des fonds italiens dont on ignore – et les Italiens aussi ignorent – la destination. Mais Bana Ibrahim, fort de ses sources dit connaitre un peu trop sur l’affaire et peut encore indexer l’ancien ministre qui ne s’empêcher de monter sur ses grands chevaux, disant à qui veut l’entendre que « depuis quelques jours, Monsieur Bana Ibrahim [l’] accuse ouvertement, fermement et répétitivement d’avoir détourné un fonds italien. [il prétend même, se plaint Kalla] qu’[il aurait] même utilisé ces fonds pour payer une caution, la caution d’un ami. Je ne sais d’où, [s’indigne-t-il] Monsieur Bana tire son assurance. [Et il conclut,] je démens ferme ».

Ici, contrairement à ses habitudes, l’ancien ministre de la Défense se contente seulement de « démentir », sans proférer aucune menace. En effet, quand il dit « je ne sais d’où Monsieur Bana tire son assurance », disons ses certitudes, l’on peut comprendre à quel point certaines précisions pourraient le troubler car ne pouvant jamais comprendre que ce qui se serait passé en cercle restreint – si c’en est le cas – puisse être sorti de la discrétion pour vouloir lui faire porter le crime, avec des indices déconcertants ? De ce point de vue, sans doute qu’il pourrait avoir raison d’en vouloir à certains milieux du pouvoir qui voudraient peut-être le sacrifier sur l’autel de l’impunité que Bazoum a des difficultés à mener, effrayé de démolir le socle fragile de l’empire qu’il garde par procuration. C’est terrible !

Très vite d’ailleurs, comme si tout cela devrait être minutieusement synchronisé, un autre acteur de la société civile, Issa Garba, s’invite dans le débat sur la toile, mettant presque au défi, le député Kalla à aller à la confrontation. Ainsi dira-t-il, « Kalla Moutari Maï Twitte, tu te reproches quoi pour ne pas porter plainte comme d’habitude ? Le Rapport MDN est clair, les fonds italiens ont été virés dans un compte privé. Tu répondras de tes actes. Bana ! Je suis avec toi », tranche-t-il. Après ces déclarations chocs l’on pourrait croire que ces acteurs de la société civile ont des sources bien fiables pour oser de telles accusations. Il ne faut pas oublier qu’il y a quelques jours, un journal de la place faisait entendre que des partenaires ne seraient plus d’accord à ce que leurs fonds soient dilapidés et volés impunément, et appelleraient, pour continuer à aider, à avoir un autre regard sur les fonds consentis par leurs contribuables vis-à-vis desquels ils sont redevables pour ne plus accepter qu’un autre se serve de leurs fonds à des fins personnelles. Troublante affaire, s’il en est une pour le sieur Kalla qui a désormais de sérieuses raisons de s’inquiéter.

Ce sont ainsi les passes d’armes de la semaine dernière sur les réseaux sociaux entre l’ancien ministre-député du parti au pouvoir et certains acteurs de la société civile qui semblent ne lui donner aucun répit. Mais, alors que les couloirs sombres de la virtualité ne semblent pas suffire à le mettre hors de soupçons, il fit enfin le choix éclairé d’éviter les médias pour se défendre et l’homme ne bavarda plus, attendant peut-être d’avoir l’opportunité de montrer « l’aveugle » dont il parlait pour montrer que le grand manipulateur de toutes ces manoeuvres pourrait être là où on le croirait moins. En attendant qu’il le touche pour que tous puissent le voir, il peut repenser une nouvelle stratégie communicationnelle…

Cette sortie de l’ancien ministre ne dissuade pas pour autant la société civile qui ne lâche pas du lest. Et peut-être que Monsieur Kalla Moutari n’en doute plus, pouvant saisir désormais le caractère sérieux des griefs de ceux qui le poursuivent aujourd’hui jusque dans son dernier retranchement, criant, impuissant à s’innocenter.

Et à Bana Ibrahim, après la sortie de celui qui avait visiblement intérêt à se taire, de rétorquer avec ces mots encore plus durs : « Malgré le vote des modifications de la loi sur la cybercriminalité, (que taillait bien Issoufou pour traquer ses détracteurs) la diffamation est réprimée dans notre pays. Si quelqu’un estime être diffamé, [il] peut toujours saisir la justice et les débats, les preuves (y compris testimoniale) seront discutés devant le juge. Ou bien alors je peux donner détails, date, jour, montant, celui qui a récupéré l’argent à l’intendance, l’OPJ qui a reçu les fonds, etc… ». C’est accablant et l’homme, sait apparemment de quoi il parle même s’il peut être de ceux qui n’ont plus peur de la prison sous la Renaissance depuis, que sous le règne des Roses, il peut avoir connu la galère des geôles du régime.

Bana n’en démord pas et tient l’os : même s’il faut aller à la confrontation, ou devant le juge ou devant les médias.
Mais il va sans dire que Kalla Moutari ne va pas jusqu’à prendre de tels risques. Et on peut entendre, de ses tréfonds, un séisme qui se réveille, secouant le vieil empire rose en déclin… Comme quoi, le mal rattrape toujours…
Waz-Za