Le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS/Tarayya) vit, probablement, les heures les plus cruciales de son existence trentenaire. En effet, comme vous le savez, la Constitution l’oblige, un président de la république ne peut pas être chef de parti politique, et par conséquent, le parti rose devra se trouver, dans les mois à venir, un nouveau leader. Il en avait déjà été ainsi, lorsqu’Issoufou Mahamadou avait été porté à la tête du pays, avec Mohamed Bazoum comme président par intérim, dans un premier temps, puis président attitré du parti, après le congrès de décembre 2013, à Niamey. Si à l’époque la passation du témoin n’avait guère guère de difficultés particulières au sein du parti, du fait sans doute de la forte cohésion qui semblait dominer dans l’évolution du parti, de nos jours, la situation est toute autre. Car, l’actuel président par intérim du PNDS/Tarayya, Foumakoye Gado, est loin d’incarner le profil du candidat idéal pour présider aux destinées de sa famille politique. Le personnage paraît en dessous des qualités requises pour diriger et mener des hommes et des femmes vers la réalisation d’objectifs communs. Sec comme l’arbre du Ténéré, la mine toujours confite, le regard repoussant, il ne dégage vraiment pas cet enthousiasme naturel et cette chaleur humaine qui caractérisent tant les leaders politiques de l’Histoire. Par contre, s’il y avait un domaine d’excellence pour lui, ce serait sans doute celui de l’obéissance au Chef, en l’occurrence, Issoufou Mahamadou. On raconte méchamment que si Issoufou Mahamadou lui intimait l’ordre de se jeter du Pont-Kennedy vers le fleuve Niger, il s’y exécuterait sans sourciller, pourvu que cela fît le bonheur du Chef ! Il en est ainsi de certains hommes qui ne sont guère destinés à jouer les premiers rôles dans la vie. En cinéma, on les appelle des figurants dont la présence est indifférente au scénario proposé. En politique, on les nomme les seconds couteaux. Foumakoye Gado en est certainement un ! Jusque-là, personne, au Niger, ne lui connaissait d’autres ambitions que celles d’être toujours au service d’Issoufou Mahamadou, son horizon indépassable dans la vie. Aujourd’hui, s’il nourrit l’ambition de s’emparer de la présidence du parti rose, on peut supposer que cela n’est point de sa volonté propre, mais de celle de son gourou personnel qui souhaite toujours garder une mainmise sur la gestion du parti. Au PNDS/Tarayya, il n’y a qu’une seule volonté invincible, à savoir celle d’Issoufou Mahamadou. A vrai dire, s’il y avait, au Niger, une formation politique très personnalisée, ce serait incontestablement le PNDS/Tarayya, régenté d’une main de fer par celui que ses partisans surnommaient ‘’Zaki’’ (le lion). La démocratie n’était qu’apparente dans le fonctionnement du parti, car le charisme naturel du Chef l’a fait plus ressembler à une secte qu’à un véritable parti politique moderne ouvert au débat critique. Issoufou Mahamadou avait beau se revendiquer un démocrate, un partisan de la force des arguments et non de l’argument de la force, il n’en demeure pas moins, dans la réalité des choses, que le personnage fonctionnait souvent aux antipodes des méthodes démocratiques. A cet égard, il est le seul homme politique, au Niger, a avoir réussi à mater toutes les tentatives de rébellion au sein de son parti, durant de nombreuses années. Vous l’aurez sans doute remarqué, le PNDS/Tarayya est le seul parti politique majeur du Niger post-Conférence nationale a avoir gardé une unité interne face aux différentes épreuves de l’adversité politique, pendant que la CDS/Rahama volait en éclats, le MNSD-Nassara se scissiparisait et l’ANDP/Zaman Lahiya se rabougrissait. Si cela avait pu arriver, le parti le devait surtout à la forte personnification qui caractérisait si particulièrement le fonctionnement des instances dirigeantes du parti, soumises à une discipline de fer digne des régimes totalitaires. En homme politique de réseaux, Issoufou Mahamadou avait certainement une longueur d’avance sur ses adversaires politiques internes qui se contentaient du jeu classique de la politique. Lui, le natif de Dandadji avait très tôt, au Niger, compris que pour prétendre commander aux hommes, il fallait se montrer aussi rusé, fourbe et surtout savoir dissimuler le côté sombre des choses, le tout, non pas au service d’un destin collectif, mais bien pour l’accomplissement d’une ambition personnelle.


Comme on le voit, aujourd’hui, le PNDS/Tarayya semble être, sans doute, à la croisée des chemins. Son leader historique l’avait personnalisé pour atteindre ses objectifs politiques. En cela, son destin risquerait de ressembler au sort courant que connaissent tous les partis politiques bâtis sur ce socle mouvant de la personnification du pouvoir, à savoir ne pas survivre au chef charismatique. Il en avait été ainsi, en France, de l’Union des Démocrates pour la République (UDR), un parti politique d’inspiration gaulliste qui n’avait pas pu survivre à son leader historique, ‘’l’homme du 18 juin 40’’ ! Aujourd’hui, Issoufou Mahamadou ne peut plus diriger le PNDS/Tarayya ; Mohamed Bazoum non plus. Mais, qui alors ? Mystère et boule de gomme ! Une interrogation à mille balles, peut-être !

En réalité, ce que l’on découvre, de nos jours, dans le destin présent du PNDS/Tarayya, c’est le manque de relève politique crédible, surtout l’absence criarde de renouvellement générationnel au sein du parti qui semble toujours dominer par un système gérontocratique assumé. En effet, le parti apparaît immuable dans ses instances dirigeantes. Or, pendant longtemps, un certain mythe avait été construit autour du PNDS-Tarayya, qui le faisait pour un parti progressiste et d’intellectuels. Mais, à l’analyse approfondie des choses, l’on pourrait être effaré de découvrir un parti politique fermé, très fermé même, dont les prétendus cadres que l’on lui attribuait n’étaient que de simples diplômés sans grandes expériences professionnelles. Les onze ans de règne rose auront permis de déceler cette contradiction fondamentale, et d’admettre que ce parti politique n’aura pas toujours été ce rose symbolisant l’avenir. Aujourd’hui, on peut rendre un vibrant hommage au MNSD-Nassara pour avoir été ce parti véritable de cadres hautement compétents, consciencieux et dévoués, issus des quatre coins du pays et mus uniquement par le sentiment d’appartenance à une nation commune ! Ces grands commis de l’Etat, dont le Niger de la renaissance est aujourd’hui orphelin, avaient donné la pleine mesure de leurs capacités de concepteurs des plans de développement socioéconomique du Niger contemporain, en sculptant le visage du Niger moderne. Ils ne s’étaient jamais gargarisés (la modestie des savants oblige) du titre de ‘’illimi’’ dont aimaient s’affubler des ‘’Tarayyiste’’ complexés et surtout revanchards. Parti conservateur par excellence, le PNDS/Tarayya n’a guère fait la promotion du renouvellement générationnel nécessaire à la survie du parti, et cela se constate, car il n’y a pas ce que l’on appelle, souvent, les jeunes loups du parti susceptibles de prendre la relève des séniors, un jour. En dehors, peut-être, de l’actuel Ministre du pétrole, Mahamadou Sani Issoufou, qui a la faveur d’être le ‘’fils de papa’’.

Le congrès ordinaire de décembre 2022 s’annonce, d’ores et déjà, crucial pour l’avenir du parti rose. Une chose demeure cependant certaine, c’est que Foumakoye Gado n’a guère les épaules assez larges pour succéder à Mohamed Bazoum à la tête du PNDS/Tarayya. Quant au jeune Abba Issoufou Mahamadou, c’est peut-être prématuré pendant que les ‘’vieux loups’’ sont encore actifs. En ce qui concerne Hassoumi Massaoudou, l’actuel Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères, il aurait perdu la confiance du manitou Issoufou Mahamadou, depuis sa tentative de rébellion pour briguer l’investiture du parti pour la présidentielle de 2021. Les options qui restent ne sont point nombreuses et viables pour le parti. A moins qu’il ne s’agisse d’un come-back d’Issoufou Mahamadou lui-même. Là, c’est une autre !

Sanda