Mais est-ce que ces seules raisons peuvent expliquer qu’en si peu de temps la forte dynamique engagée contre la loi des finances soit, de sitôt, malmenée par ses propres acteurs qui ont déjà commencé à mobiliser les citoyens ? Nombreux sont les analystes qui pensent que la société civile opposée à la loi des finances est victime d’un «concassage» de la part du pouvoir qui remue ciel et terre pour faire passer sa loi. Entre autres faits sur lesquels se basent ces observateurs, il y a la tentative d’exploitation de la violence exercée sur Nouhou Mahamadou Arzika, par certains cercles du pouvoir, ainsi que l’arrestation des trois responsables d’ACTICE et la dissolution de cette association. Lors du point de presse qu’il avait animé quelques heures après la manifestation du 29 octobre, le ministre d’État chargé de l’Intérieur Bazoum Mohamed, parlant vraisemblablement de Nouhou Mahamadou Arzika, s’est dit réjoui que certains acteurs de la société civile engagés dans la lutte contre la loi des finances aient enfin compris qu’ils étaient manipulés par d’autres qui seraient à la solde du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANAAFRICA. En procédant à l’arrestation des trois responsables d’ACTICE et la dissolution brutale de cette association, le pouvoir a sans doute voulu semer la psychose dans les rangs des acteurs de la société civile engagés contre la loi des finances et les démotiver dans leur élan.

O. A. M

11 novembre 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui