C’est à son corps défendant que la famille du défunt Maman Abou, propriétaire de la Nouvelle imprimerie du Niger (NIN) a décidé de sortir de son silence dans le contentieux judiciaire opposant le frère cadet du défunt à une ancienne épouse du défunt prénommée Tamo relativement à la gestion de la Nouvelle Imprimerie du Niger (NIN). Dame Tamo a décidé d’intenter une action en justice contre le Général Mahamadou Abou Tarka, mandataire de la gestion des biens du défunt, au nom de ses jumeaux. Elle soupçonne notamment le Général Tarka, qui l’a défendue contre sa propre famille à la suite du décès de Maman Abou, de transfert douteux de fonds à partir de l’imprimerie. L’affaire a pris une autre tournure aujourd’hui avec le reniement pur et simple des enfants par la famille Abou, suite notamment à la découverte des dossiers médicaux du défunt et de la dame. Lors d’un point de presse qu’il a récemment animé, Me Souley Oumarou, l’avocat du défunt, a martelé haut et fort que les jumeaux au nom desquels dame Tamo veut faire main basse sur l’héritage de Maman Abou ne le sont pas en vérité. La famille dit détenir les preuves matérielles qu’elle est prête à fournir lors du procès.
De quoi il s’agit ? Dans cette affaire, elle (dame Tamo) met en cause l’intégrité morale de Mahamadou Abou Tarka qui a été nommé de façon consensuelle comme mandataire de la succession de son propre frère. Selon Me Soulèye Oumarou, Maman Abou a épousé dame en 2010 ; il avait 62 ans à l’époque et elle son épouse avait 23 ans. Mais auparavant, Maman Abou avait eu d’autres épouses pendant 31 ans avec lesquelles malgré toutes les tentatives du monde, il n’a pas pu avoir d’enfant.
En 2012, dans l’affaire dite ‘’des bébés importés’’, tout Niamey disait que les enfants de Maman Abou ne sont pas de lui. Et aujourd’hui, je vous dis que Niamey a raison. Les enfants de dame Tamo ne sont pas des enfants de Maman Abou. Nous avons la preuve définitive mais n’en ferons pas étalage ici. Nous avons le dossier médical et de dame Tamo et celui de Maman Abou.
Voilà comment le problème s’est posé : “Lorsque Maman Abou est décédé, ces frères ont contesté la paternité des enfants. La famille en parlait.
Le Général Mahamadou Abou Tarka qui défendait les enfants a dit ses frères et soeurs : ‘’Au stade où nous sommes, nous ne pouvons pas prouver que ces enfants ne sont pas de notre frère. Puisque que nous ne disposons pas de preuves, on est obligé de travailler avec les papiers que nous avons jusqu’à preuve du contraire. En l’état, c’est elle la mère des enfants et ils sont de Maman Abou jusqu’à ce qu’on décide autrement’’. Malgré ça, les autres frères n’étaient pas d’accord, jusqu’à se transporter chez le président Hamid Algabit qui a pu calmer le jeu.
D’après la coutume touarègue, les enfants de cet âge-là, en 2020, devraient être entre les mains de la famille du défunt, surtout que dame Tamo s’est remariée. Elle s’est mariée et elle a divorcé. “Je vous dis qu’elle a laissé les enfants à l’âge de six mois à Maman Abou qui était en chaise roulante, paralysé. Elle lui a dit qu’elle ne pouvait pas rester avec lui puisqu’il ne pouvait même pas la satisfaire au lit”. Elle est partie se remarier avec quelqu’un qui a l’habitude de fréquenter la maison. Elle a eu un enfant avec lui, puis a divorcé. Elle a contracté encore un autre mariage, puis a divorcé. Et à l’heure actuelle, elle est célibataire. D’ailleurs, si vous voulez, demandez- lui où sont les enfants qu’elle a eus avec les autres maris ? Ils sont dans les mains de qui ?
Donc, c’est celui-là même qui l’a protégée, le Général Abou, qu’elle attaque aujourd’hui en justice. La décision familiale dont je parlais a été prise pour protéger les enfants jusqu’en maturité. Pour rappel, tout le système de gestion que Maman Abou a installé, c’est le même qui est en place. Le Général se contente juste d’administrer. Et devant le juge qu’elle nous a convoqués, le Général Abou a comparu pour dire qu’il est prêt à répondre de sa gestion devant les juridictions. Le juge n’a pas voulu l’écouter d’où le problème entre lui et le juge. C’est pourquoi nous avons dit que nous ne sommes pas d’accord avec ce qui s’est passé. Voilà maintenant qu’un autre juge a dit qu’en l’état, le mandataire reste le Général Abou Tarka. C’est à partir de cette décision qu’on a vu toute une batterie d’interventions qui veulent mettre en cause et la mémoire du défunt et l’intégrité moral du Général Abou, qui a aidé dame Tamo à avoir cette position. Mais entretemps, lorsqu’elle l’a convoqué, les autres frères du défunt sont revenus à la charge. Ils ont trouvé les dossiers médicaux de la femme en question dans les valises de Maman Abou. Maman Abou est resté dans un hôpital suite à un AVC, paralysé au lit pendant un an. Et c’est pendant cette période que les enfants ont été conçus. Est-ce que vous pouvez imaginer quelqu’un qui a fait plus d’un an au lit, paralysé, en train de faire des bébés ? Ça n’a pas été possible pourquoi ? Parce que la femme avait voulu avoir des bébés in-vitro par Procréation Médicalement Assistée (PMA). Elle a rencontré un docteur dans un cabinet qui organise la PMA. Ils ont fait un prélèvement sur elle, puis elle a été suivie jusqu’au moment où elle était prête. Elle est partie se faire l’insémination en Espagne. Parce que là-bas, on trouve des cliniques clandestines qui peuvent faire ça. Et elle est revenue à Paris où elle a accouché et faire les pièces d’état civil des enfants qui ont été pratiquement fabriqués en Espagne. On n’a pas de trace qu’il y a eu de prélèvement de spermatozoïdes chez Maman pendant son hospitalisation. Mais par contre, dans le dossier que nous avons retrouvé, c’est un donneur inconnu qui a donné son sperme pour faire ces enfants. Lorsque nous avons voulu en savoir plus, on nous a dit que le donneur inconnu est protégé dans la loi française. Deuxièmement, en France, dès que vous avez 65 ans, la PMA est interdite ; en Espagne, c’est 50 ans. Et dans un couple, ce sont les gamètes du mari qui sont utilisées, pas celles d’un inconnu. On ne voulait pas sortir tout ça au début pour protéger la mémoire de Maman et aussi la protéger. Sans ça, peutêtre qu’elle aurait pu faire main basse sur les milliards qu’elle veut prendre comme elle est pressée. Voilà ce qui s’est passé. Quand il a eu cette affaire, j’ai lu des publications sur Facebook qu’elle a été entendue dans l’affaire des bébés importés, mais ça n’a pas abouti. Et pour les mêmes raisons, l’inexistence de preuves. Pour rappel, des gens ont payé ici au Niger pour les mêmes faits. D’autres ont fait la prison, des enfants ont été placés dans des orphelinats. Parce que, eux, sans même qu’on n’examine les pièces d’état civil alors qu’ils ont reconnu les enfants. Certains ont même des passeports. Malgré cela, le Procureur de l’époque a poursuivi ces familles là et des gens ont été incarcérés. Aujourd’hui, nous avons des preuves. Puisque le Procureur de l’époque s’est autosaisi sans plainte, nous demandons au Procureur actuel de faire la même chose que son prédécesseur. Nous sommes disposés à lui fournir les documents médicaux que nous avons. S’il ne le fait pas, nous sommes prêts à aller vers lui, pour lui porter cette plainte parce que dans cette affaire il y a tentative de captation d’héritage, il y a faux et usage de faux, parce que tout simplement on veut prendre des biens. Les parents de Maman Abou ont le droit de porter plainte. Nous sommes ici en matière de droit coutumier et à ce niveau, la succession est bien définie par la coutume. Au Niger, la loi interdit le don de sperme pour justement faire porter un enfant par votre épouse. Il y a un décret de 2019 qui l’interdit. Vous ne pouvez le faire qu’avec votre mari et avec ces gamètes sinon ce n’est pas possible. Elle veut la vérité, nous la voulons aussi. Il faut que la vérité se manifeste.
Mamoudou Zakari