Le gouvernement, visiblement, ne veut pas communiquer sur la situation. En dehors du ministre des Enseignements supérieurs Mohamed Ben Omar qui s’est invité dans le 20h30 de télé-sahel, la télévision nationale, pour menacer les scolaires et justifier l’utilisation abusive de la violence contre les scolaires, en particulier, et les citoyens en général – puisque des bombes lacrymogènes ont été tiré dans le centre de santé intégré Dan Gao de même qu’un journaliste de Canal3 Niger a été agression dans l’exercice de son métier –le gouvernement demeure silencieux. Même RFI n’est pas parvenu à arracher une réaction aux membres du gouvernement concernés par les évènements. Mais une chose est sûre, que ce genre de drame arrive sous la Renaissance du président Issoufou n’est guère étonnant. L’on se rappelle que suite aux évènements Charlie-hebdo de 2015, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Hassoumi Massoudou avait publiquement affirmé qu’ils (ndlr, leur régime) prenait entièrement la responsabilité des tirs à balles réelles sur des manifestants et la mort qui s’en est suivie.

Donc rien d’étonnant qu’un Ben Omar ne fasse preuve d’aucun remords après tant de scènes de violence et de désolation. Rien d’étonnant aussi que ceux qui sont à l’origine des bavures policières dorment sur leurs deux oreilles sans aucune crainte de répondre de leurs actes sous le ciel de la Renaissance.

La violence, est-ce la solution ?

L’année scolaire 2016-2017, c’est un secret de polichinelle, est compromise. Aucun maquillage ne pourra lui enlever ses allures de vieille femme. Le volume des cours sans perturbation ne dépasse guère 45 jours à en croire les syndicalistes. Quarante-cinq jours sur un programme de 9 mois, autant dire que c’est dérisoire. Pourtant, l’on est sûr que le gouvernement ne l’entendra pas de cette oreille. Déjà, le ministre des enseignements primaires Daouda Mamadou Marthé parle de programme exécuté à plus de 60% et espère atteindre les 80% d’ici à la fin de l’année. Entre lui, qui est dans son bureau climatisé avec tout le confort dû à son rang, et les enseignants qui sont perpétuellement en grève pour réclamer leur pitance appelée pécule, et qui sont dans la chaleur des salles de classes sans ventilateur, qui connaît les réalités profondes de l’école publique ?

Quoi qu’il en soit, l’année en cours ne sera pas « verte ». Qu’on s’arrange lui trouver une couleur, autre, que le blanc tant redouté, ne sera qu’une question d’artisanat intellectuel. Et les artistes, surtout en matière de peinture, excellent dans l’imaginaire. Mais dans les faits, ce sera et ça restera une année vidée de ses cours, disons, de sa substance, peu importe les résultats des examens de fin d’année qui répondent plus à un souci de statistiques qu’à déterminer le niveau réel des élèves.

Et maintenant, avec la tragédie de ce 10 avril 2017, loin d’apporter un tant soit peu l’apaisement si indispensable pour le sauvetage, ne serait-ce que, de façade de l’année, ça vient enfoncer davantage la situation. A un trimestre des grandes vacances et des examens de fin d’année, difficile d’exécuter le programme annuel dans les conditions actuelles.          

Ibrahim Amadou

13 avril 2017 
Source : Le Monde d'Aujourd'hui