Après les pluies, la ville de Niamey offre un visage dégueulasse, une image humiliante pour cette ville qu’on a cru avoir “new-yorkisée” à la suite du fameux programme Niamey Nyalla qui n’a en réalité été que de la poudre aux yeux, des hommes et des femmes s’en étant servis à se réaliser au lieu de travailler à changer la physionomie de la ville. Depuis plus de dix ans, après chaque pluie, et après tant de fanfaronnades autour du Niamey-Nyalla, la capitale n’offre qu’un visage désolant qu’on ne peut trouver dans aucune autre capitale africaine alors même que le discours officiel n’arrête pas de nous faire croire que Niamey n’aurait rien à envier aux autres grandes villes de la sous-région. Faut-il comprendre que pour ceux-là, avoir un hôtel de l’envergure de Radison Blu, ces ponts-secs qui tiennent faussement lieu d’échangeurs, planter sur quelques carrefours des fleurs, suffisent pour rendre belle et moderne une ville ? C’est bien trop facile car pour tout projet d’urbanité, les Etats ont du consentir des sacrifices énormes, souvent des fonds qui n’ont pas toujours fait l’unanimité au regard de leur niveau exorbitant et du caractère pressant de certaines autres priorités.

Quel calvaire que celui que vivent les habitants de la ville – et de tous les quartiers – quand vient la saison des pluies ! Certaines voies même goudronnées, avec les pluies deviennent carrément des ravins gorgés d’eau rouge qui, comme dans une rigole, s’étend comme une rare et coule avec une violence. On se demanderait quels ingénieurs talentueux ont pu réaliser de tels ouvrages, ne pouvant ni tenir compte de l’état du terrain, encore moins du sens de l’écoulement des eaux de pluie pour savoir les contenir par des ouvrages adaptés et les drainer pour mieux concevoir les infrastructures routières dans la ville. Quel calvaire pour des usagers qu’une grosse pluie surprend sur la route menant à Hôtel Moustache, où sur la voie menant au rond-point Wadata, de vraies mares quand tombe la pluie ! Ne parlons pas de la voie menant au rond-point Maurice Delens ou passant devant les Bureaux de la grande Banque Mondiale, à quelques encablures de la présidence du Niger, avec de grosses crevasses sous les eaux boueuses, comme si nous devrons hériter de ce tronçon de la préhistoire et qu’il serait un totem de le reconstruire, de le réhabiliter. Pendant combien déjà, cette voie gêne, sans que jamais l’on ne trouve la solution qui s’impose ? On aurait cru que le gouvernement du Niger attend, parce que se trouvant sous les yeux de la Banque Mondiale, que celle-ci le reconstruise, oubliant que nos routes nous appartiennent, et qu’elles ne peuvent être le bien d’une banque, fussent-elle la Banque Mondiale.

Quand il pleut, qui n’a pas les pieds trempés dans les eaux dans cette ville de Niamey ? Quel est le seul quartier où, après une pluie, l’on n’aurait pas de désagréments ? C’est un spectacle désolant que la ville offre chaque fois qu’il peut, et l’on ne peut imaginer les appréhensions qui s’emparent des populations chaque fois qu’elles voient de gros nuages chargés d’eau s’offrir en spectacle dans le ciel qu’ils encombrent de leurs mouvements. Dans les nouveaux quartiers, on n’en parle pas. Jamais, ni les privés, ni la municipalité, avant de vendre des parcelles, ne viabilisent pour y conduire l’eau, créer des canaux de drainage des eaux de pluie et des eaux usées des ménages, mais les vendant toujours, arnaqueurs, comme telles, comme des espaces viabilisés. Et quand les détenteurs se mettent à construire dans le capharnaüm, c’est le grand désordre avec aujourd’hui des buildings, des immeubles d’un certain standing, au coeur des flaques d’eau, dans un environnement insalubres où même les voitures ne passent que parce que les usagers n’ont pas d’autres choix. Où est l’autorité de l’Etat, quand on laisse des hommes, ne pensant qu’à leurs seuls intérêts, vendre des espaces dans des zones inondables pour laisser des familles s’exposer à des dangers réels ? Tout Niamey est désagréable après une pluie, avec toujours les mêmes scènes désolantes et l’on ne peut que s’en inquiéter quand de manière globale, l’on ne cherche pas à comprendre le problème pour le résoudre définitivement car l’inquiétude est qu’il faut craindre le jour où, par ces dérèglements climatiques avec leurs effets imprévisibles, cette situation ne donne lieu à des déluges qui pourraient être dévastateurs et tragiques. Peut-on vraiment savoir les quantités d’eau qui peuvent, sans qu’on ne s’y attende, tomber un jour ou l’autre ? Il a fallu de peu, il y a deux ou trois ans pour qu’une bonne partie de la rive droite de la capitale soit submergée par les eaux, donnant à naviguer au moyen de canoës dans des parties de la ville où l’on n’avait jamais vu des hommes partir des pirogues pour rejoindre par des parties épargnées par les inondations. Gouverner c’est prévoir et il est dommage que nos dirigeants, depuis des années, ne prennent pas les devants pour mettre les populations à l’abri de tels drames que l’on peut quand même voir, par les médias, ailleurs pour craindre qu’ils ne surviennent chez nous. On sait qu’on ne peut pas régler de tels problèmes qui présentent de grosses anomalies dans l’urbanité de la ville sans des mesures courageuses, demandant de gros moyens, et souvent hélas, de grosses casses dans la ville pour changer profondément la structure urbaine de la ville. Toutes les villes belles ont passé par là et Niamey, ne saurait en faire l’économie pour croire qu’avec quelques bricolages il peut être possible de régler le problème. Il faut pour cela l’expertises d’ingénieurs reconnus, des aménagistes et des urbanistes de haut rang pouvant repenser la ville pour lui donner des allures nouvelles pouvant régler en même temps le problème de sa modernité et de son assainissement, sa beauté et sa viabilité avec les commodités requises pour une ville de notre temps. Est-il normal qu’aujourd’hui, l’on ait dans la ville, des animaux qui errent, appartenant à des familles qui prétendent faire de l’élevage et qui ne peuvent pas les isoler, si ce n’est dans des fermes, au moins dans leurs cours ? Une ville est une idée avant d’être un espace et c’est pourquoi sa conception est d’abord l’affaire de spécialistes, d’ingénieurs réputés, et souvent la forme de nos rêves.

Mais revenons à la ville de Niamey et à ses laideurs en temps de pluie. Alors que toutes les rues, et tous les quartiers sont concernés, nous voudrions ici nous intéresser davantage à une partie de la ville et pour deux raisons. Il s’agit d’abord du quartier aéroport dont la voie principale (RN1) est devenue en ces temps de saison des pluies, la route de tous les dangers, un chemin où la circulation est devenue infernale pour les usagers, en tout cas, à haut risque. D’abord il ne faut pas oublier que c’est une des plus grandes portes d’entrée de la ville par laquelle aujourd’hui, quand les axes venant du Burkina et du Mali, du fait de l’insécurité sont évités, tout rentre dans la capitale, car seule voie sûre suivie par ceux qui, camionneurs et étrangers, viennent dans le pays. Or, de ce point de vue, elle est capitale car de sa qualité, de sa fluidité dépend l’impression que ceux qui arrivent là peuvent avoir du pays. Quand on voit le calvaire – au-delà des habitants qui y passent tous les jours – que vivent les gros transporteurs qui doivent forcément faire escale escale au niveau de la direction des Douanes, avant de déposer leurs marchandises dans la ville, l’on ne peut que craindre pour l’image qu’ils en gardent du Niger. Il se trouve que juste après le virage pour rentrer à l’aéroport, c’est l’enfer qui commence et notamment à la porte de la douane qu’encombrent presque tous les jours les camions qui cherchent à y entrer pour les formalités douanière, risquant des crevasse et des flaques d’eau, et dans la montée de l’entrée boueuses, combien de fois les camions se renversent avec leurs immenses chargements ? Les chauffeurs, chaque fois qu’ils arrivent là, craignent pour leur vie et l’on a l’impression que la douane elle, attend d’encaisser, ne pensant pas au calvaire de leurs « clients », juste à la porte pendant qu’elle est impatiente à compter des millions, voire des milliards. En bordure d’une grande voie comme celle-ci, l’on se demande, quand on voit le désagrément que causse le stationnement sur les bords de la route et les tentatives laborieuses de manoeuvrer pour rentrer dans l’enceinte de la douane, s’il est encore pertinent et rationnel de garder la douane à cette place ? N’est-il donc pas temps de la sortir de là, pour l’amener en périphérie afin de moins gêner la voie et d’éviter ces accidents récurrents sur cette voie ?

Il est aujourd’hui important de voir cette situation pour reconstruire cette voie d’abord pour notre image, et image de notre capitale mais aussi pour notre souveraineté. Il est dommage que la double voie se soit arrêtée qu’au niveau de l’entrée de l’aéroport, alors même que, parce que la voie vient d’un des quartiers les plus populaires avec un trafic important et notamment de faba-faba, et avec un nombre important de véhicule qui y passent, venant de l’intérieur du pays et notamment des six autres régions sur les huit du pays et aussi de l’extérieur du pays, il urge de penser à l’état et à la fonction de cette voie principale. On sait que sous Issoufou déjà, en Conseil des ministres, il avait été décidé, pour utilité publique, de déboulonner les rails de Bolloré afin de continuer la double voie jusqu’à la sortie ainsi que cela avait été initialement conçu, mais Vincent Bolloré avait opposé son véto, nous déniant presque notre souveraineté, interdisant de défaire les rails inutiles, et ce tant que le Niger ne le payera pas, demandant quelques 1.900 milliards, près du budget du Niger de l’époque pour son machin. Le Niger, peut-il continuer à suivre les caprices d’un privé et d’un capitaliste sans âme qui savait que le travail qu’il faisait n’était pas bon et pouvait quand même, à ses risques et périls, s’y engager au nom d’une amitié avec l’ancien président avec lequel il ambitionnait de prendre des parts importantes de l’économie nationale ? Il ne peut donc que se plaindre de ses imprudences et de ses gloutonneries.

Pour la ville de Niamey il faut faire des choix stratégiques. Bazoum Mohamed l’a peut-être compris en renonçant au quatrième échangeur fantaisiste pour lequel Issoufou, vaniteusement, pouvait organiser en grande pompe, avant de s’en aller du pouvoir, une cérémonie de pose de première prière. La ville en trente an s’est exagérément agrandie au point de déborder des frontières de sa région, bousculant des communes de la région de Tillabéri, mais sans que, pour autant, le transport urbain ne soit modernisé et que les routes n’aillent dans tous les nouveaux quartiers dans lesquels aucun taxe ne va aujourd’hui, laissant des motos taxis prospérer alors même que dans les temps qui sont les nôtres, un tel moyen dans la ville pourrait développer la criminalité et le banditisme urbain qui est déjà à une ampleur inquiétante. Le seul fait de penser, dans le cadre d’un vaste projet, la construction de routes qui rapprocheraient les nouveaux quartiers du centre-ville, l’on rendrait un service immense à des populations qui attendent plus de telles réalisations que des hôtels et autres centres de conférences qui ne peuvent les intéresser outre mesure. A répondre à un tel besoin, les populations ne demandent pas mieux….

Gobandy.