Depuis que l’alternance à la Issoufou s’est passée que n’avaiton pas entendu de la part de certains milieux et notamment français qui s’en félicitaient, louant des élections bricolées pendant pour les Nigériens, rien, fondamentalement, n’a changé ? Pour eux, il s’agissait juste d’un changement d’homme, avec un système qui restait le même quand l’ancien devrait continuer à influencer, sinon à faire ombrage au nouveau, à diriger à quelques pas du palais dont il ne s’est pas éloigné pour mieux «téléguider» son successeur. Le même homme, presque inaugurant un troisième mandat atypique, reste à la manoeuvre, dominant l’empire qu’il mettait en place par ses soins et pour un agenda qui ne prépare rien d’autre qu’une dynastie rampante, rêvant de puissance sur le pays. Cela fait plus d’un an que, jouant à l’embouteillage pour obstruer la voie à son prédécesseur, l’empêchant de gouverner librement, Issoufou a créé la confusion pour des Nigériens qui ne savent plus entre les deux hommes qui ils auraient élu. Les Nigériens s’irritent du bicéphalisme autour du pouvoir mais l’homme ne pouvant tirer les leçons et comprendre la légitimité des colères, continue dans le même comportement indigne d’un homme d’Etat et d’un démocrate. Une telle attitude désobligeante de sa part vient montrer qu’il ne quittait pas le pouvoir de bon coeur, et que seule la peur de ce qui pourrait lui arriver pouvait justifier de sa part, la décision de partir, mais croyant s’en servir à faire du marketing politique autour de ce qu’il appelle la « première alternance » du pays. On l’a compris. Il croyait que le bénéfice de son « acte démocratique » pouvait lui ouvrir une carrière internationale. Il en rêvait gros et notamment peuvent dire certains médias, du poste prestigieux de Secrétaire Général des Nations- Unies. Peut-il avoir compris que la communauté internationale pour laquelle il s’est évertué à se montrer comme un modèle, en tout cas comme le plus soumis des valets africains, jouant sur des sujets éloignés des préoccupations de son peuple pour séduire la géopolitique internationale, l’a grugé en lui miroitant, afin de l’inciter à partir, une carrière internationale qui l’éloignerait du pays et d’un peuple dont il a appris à avoir trop peur pour aimer s’en distancer comme il le fit quand il était encore au pouvoir par ses nombreux voyages et par une sécurité qui le sépare à l’occasion d’événement, et de sortie dans la ville, des Nigériens.

Et l’on se demande au nom de quoi, Issoufou se comporte-t-il de cette manière ? Est-il le seul ancien président dans le pays ? Estil le seul à se réclamer d’une région ? Peut-il ne pas voir comment les autres anciens présidents se comportent, humbles, réduits en simples citoyens pour ne pas prétendre à un statut qui les élèverait au-dessus des autres Nigériens, puissent-ils ne pas avoir été présidents de la République. En vérité, on aura compris, hélas, que l’homme n’est pas un homme d’Etat et les Nigériens n’ont pas tort de se plaindre de l’homme, de sa vision du pouvoir et de la nation. Peut-il croire qu’il serait le seul a avoir des enfants qui aient réussi des études pour ne trouver du métier à un des siens que la politique, incapable, venant quand même de Harvard, de s’affirmer professionnellement ailleurs que dans ce qui serait devenu une entreprise familiale, la gouvernance d’un pays qui ne saurait pourtant pas être la propriété d’une famille ni d’un clan . Quand on voit cette image, avec à l’extrême le Fils, et à l’autre le Père, des Nigériens ont dû baisser les yeux. Les Nigériens ne se retrouvent pas dans un tel comportement.

Vacances et mise en scène troublante

Le 27 août 22, comme pour montrer à Bazoum Mohamed et aux Nigériens qu’il reste incontournable, existant toujours au coeur du système, Issoufou Mahamadou qu’on a cru avoir tiré des leçons pour se ranger car invisible depuis quelques temps, réapparait, sort de son isolement, jouant un nouveau numéro qui prouve que son camp n’est pas prêt de se discipliner pour réapprendre à vivre dans la démocratie et la République. Qu’est-ce qui crée cette agitation chez l’ancien président pour ne pas savoir garder sa sérénité, et vivre sa retraite présidentielle, non plus comme un drame insurmontable, mais comme un moment de répit si tant est qu’il a conscience d’avoir servi dignement son pays, sans injustice et sans le mal ? Pendant longtemps, Ali Chaibou, Seyni Kountché et Mahamane Ousmane, sans tintamarre, dans la plus grande discrétion, partaient en vacances auprès des leurs, ayant compris que leur passage, à un moment de l’histoire, à la tête de l’Etat, pour autant, ne change rien à leur statut de citoyens pour se donner les fantaisies que se permet aujourd’hui l’ancien président nigérien, trop imbu de sa personne. Une analyse psychologique peutelle montrer chez le sujet une certaine paranoïa qui lui fait redouter toujours le pire et notamment quand il a conscience de ses injustices, de sa gestion cahoteuse, patrimoniale de l’Etat, de tout le mal qu’il a fait à certains Nigériens ? Veut-il qu’on ne touche pas à la gestion de la SONIDEP ? A celle non moins dramatique du ministère du pétrole depuis plus de dix ans de gestion, hier gardé par l’Ami et aujourd’hui par le Fils ? De la SOPAMIN ? De la présidence pour laquelle le dossier Ibou Karadjé, cache bien de réalités bien plus graves.

Des folies de grandeur anormales

Ce comportement de l’ancien président est dangereux, et le faisant, il doit comprendre qu’il se détruit, marchant sur des chemins dangereux pour la nation et pour la démocratie, et ne rendant pas service ni au fils, ni à son clan, ni même à la démocratie, encore moins à la République. En vérité, Issoufou, tout mathématicien qu’il est, ignore tout ce qui fait une nation par le choix sectaire qu’il a de gérer l’Etat confondu à tous égards à son clan politique qu’il sublime, oublieux de ce que même dans cette région de Tahoua , il ne peut pas s’imposer, ni à des famille, ni à des hommes qui ont connu bien de choses de la vie et de la luxure avant que la démocratie violée, ne le porte sur les oripeaux du pouvoir pour s’en aveugler par la suite.

Extravagances…

Alors que Bazoum va en vacances sans grand bruit, presque dans la discrétion, l’on ne peut comprendre pourquoi, Issoufou, ancien président, gonflé de vanités, s’offre ces extravagances qui ne riment à rien sinon qu’à le discréditer davantage et à nuire à une image déjà gravement écornée dans l’opinion et qu’il ne sait malheureusement pas soigner.

On ne sait pas en quoi les vacances de l’ancien président dans son village, ou s’il veut, dans sa « république de Tahoua », peuvent- elles intéresser les Nigériens pour faire tant de bruit autour d’un tel épiphénomène. Deux avions avaient été affrétés, l’un – Niger Airlines – pour transporter la meute politique qui l’accompagne, parce que peut-être croyant plus à leur idole qu’à Bazoum Mohamed, qui est en principe le président en exercice autour duquel il est bien plus sensé raisonnable de voir tant de mobilisation. De quoi peut-il, lui, être capable alors qu’il n’est plus au pouvoir, pour qu’il soit tant couvert de vénération ? Ceux qui l’accompagnent dans ses théâtralités, peuvent- ils croire qu’ils aient encore plus de pouvoir que Bazoum Mohamed, pour lui devoir ce culte indécent ? Que peut-il faire si ce n’est dans la bonne relation qu’il peut entretenir avec son successeur en l’aidant au lieu de le gêner ? Ce qu’il ne peut avoir par la gentillesse, il ne saurait le forcer par le chantage. L’autre avion – de la compagnie TAmara – transportait le grand empereur pour lequel, par les soins de ses serviteurs zélés, des foules avaient été mobilisées, on ne sait à quel titre pour des populations qui, en cette saison, ont certainement mieux à faire. Peut-il avoir été président pour uniquement ses thuriféraires et autres laudateurs pour ne pas savoir s’élever à la hauteur de la responsabilité qu’il avait occupé et continuer à imposer à des populations une servilité qui n’a aucun sens dans une démocratie moderne.

Gêne et malaise…

Issoufou ne facilite pas les choses à son successeur, le mettant dans l’embarras quand il voudrait éviter avec son « bienfaiteur » des relations difficiles dont ils auraient pu faire l’économie pour préserver le parti et même le semblant de démocratie qu’il y a dans le pays. Mais finalement, lorsqu’un tel comportement devrait s’accentuer, peut-il avoir d’autres choix sinon que de prendre ses responsabilités, parce que quand même, aujourd’hui, lui seul porte la responsabilité politique du destin du pays pour avoir posé la main sur le saint Coran par Lequel, il prêtait serment, jurait de ne pas trahir le pays et le peuple, non Issoufou ni même le parti. Son engagement, en face de Dieu et du peuple, est pris pour le Niger seul.

Savoir raison garder…

Le comportement d’Issoufou Mahamadou n’est pas républicain et par une telle manière l’homme s’isole et tant dans la nation que dans son parti lorsqu’il donne ainsi à croire qu’il ne peut avoir d’existence que parmi les siens, dans un clanisme ordurier, non parmi le peuple du Niger. Pourquoi, en allant à Zinder, à Agadez, à Dosso, à Maradi, à Diffa, à Tillabéri et à Niamey, l’homme ne peut pas avoir les mêmes relents populistes pour s’offrir les bains de foule comme ceux qu’il s’offre à Tahoua ? Pourtant, malgré la mobilisation factice, commandée, rien ne peut donner à croire qu’il serait aimé de tout Tahoua, car d’abord il n’y a pas que des gens qu’il peut croire d’une certaine sociologie pour les croire obligés de l’aimer et de l’adorer. Le Niger est une nation, faite de diversité assumée, non une fédération, et un autre ne peut pas venir pour détruire notre belle compréhension de notre diversité plus qu’elle ne nous divise. Déjà, l’on avait décrié la manipulation des résultats électoraux de la région de Tahoua pour faire croire que toute la région serait acquise à sa cause et à la cause du PNDS, toute chose qui ne peut qu’être un mauvais message à la démocratie quand on sait que si tous les leaders politiques des autres régions devraient se comporter de la même manière, sans doute que la démocratie ne s’en portera que très mal. Y a-t-il une raison pour que chez lui on puisse l’aimer pour qu’ailleurs les autres, dans leur région natale, ne soient pas aimés de la même façon, au nom de la même motivation ? N’est-ce pas une manière de vouloir nuire à la démocratie et de la fragiliser ? Issoufou ne rend pas service à la démocratie et son parti doit dénoncer de sa part le comportement qu’il a aujourd’hui car un tel comportement ne fait pas du PNDS un parti ouvert sur la nation. Le Niger n’est pas et ne sera pas un territoire annexé de quelque homme politique que ce soit, ni même de certains thuriféraires complexés qui, autour d’Issoufou, peuvent croire que le pays est devenu leur jardin privé. En vérité, il ne rend pas service, même à son successeur. Le Niger reste un bien commun. Disons-le, UNE NATION.

L’on sait d’ailleurs que même une première dame n’a pas d’existence légale reconnue a fortiori l’épouse d’un ancien président. Pourquoi donc, si ce n’est pour frustrer les Nigériens, une des épouses de l’ancien doit-elle garder devant la maison de ses parents un détachement de la police ? Quel texte lui donne ce privilège qu’une épouse de Mahamane Ousmane ou de Salou Djibo ne peuvent pas avoir ?

Avertissement à Bazoum ?

Pourquoi donc, Issoufou est allé faire ce one man show à Tahoua ? Quand on regarde de près, l’on se rend compte qu’il y a bien un problème à l’interne, tant au niveau du pouvoir que du parti. Quand on recoupe les propos gravissimes de l’ancien gouverneur de Maradi qui mettrait en garde tous ceux qui se permettraient de trahir la confiance d’Issoufou Mahamadou, avec cette démonstration manigancée pour un objet politique que tout le monde peut comprendre aujourd’hui, il est évident que ça grogne quelque part.

D’ailleurs l’on est tenté de se demander à qui l’homme s’adressait- il, en tenant de tels propos ? Manifeste-t-il ses colères contre Bazoum parce qu’il aurait trahi Issoufou ou qu’il tenterait de le trahir, ou qu’il résisterait à faire ce que voudrait Issoufou, son maître à penser ?

L’homme qui parle effrontément ainsi, on le connait, peut avoir des raisons de rouspéter, d’exprimer enfin des colères laissées en latence quand on se souvient que Bazoum ne l’a pas retenu pour être gouverneur, toute chose qu’une certaine polémique peut justifier. Et l’homme, presque en exil politique, peut trouver refuge auprès de l’homme par lequel il jure et de Pierre Foumakoye Gado, son allié de toujours dont il est plus le haut représentant plutôt que de celui de l’ancien président. La vieille garde du parti pourrait croire que Bazoum serait dans une dynamique d’émancipation politique pour se libérer du dictat du présidium du parti et que ce faisant, il est en train de les trahir pour faire sournoisement cette menace à peine voilée. La manière est trop puérile pour être prise au sérieux. Bazoum auraitil l’intention de poser devant la justice certains dossiers d’inspections d’Etat pour qu’ils soient traités de manière impartiale afin que chacun réponde de son acte, car, avait-il prévenu, « plus personne ne saura d’un secours pour un autre » ? Si c’est le cas, on les comprend bien. Il y a des raisons de s’agiter.

Des panélistes qui en ont discuté la semaine dernière sur une télévision privée en avaient été choqués. Quand un fulmine et dit, « Il n’est pas à ce que je sache, le président en exercice », un autre, s’emportant, crie : « Issoufou n’est pas Dieu ! ». Les partenaires eux-mêmes savent bien que l’homme n’est pas en train d’aider la fragile démocratie du pays, encore moins, un président qui a à faire face à de multiples défis. Issoufou en fait trop. Il faut arrêter ça !

Mairiga