A la suite de l’élection de Bazoum Mohamed à la tête du Niger, et par les contraintes constitutionnelles qui l’en défendent, Bazoum ne peut plus continuer à diriger le PNDS, et le parti d’Issoufou Mahamadou n’a d’autres choix que de se trouver un nouveau président pour gérer le parti. Exercice délicat, en principe, surtout quand il s’agit d’un parti qui a géré le pouvoir pendant dix ans et qui, forcément, par des intérêts divergents doit avoir cultivé en son des clans rivaux, des groupes d’intérêt qui ne peuvent pas se faire souvent de coups bas, ne pouvant plus les mêmes visions et les mêmes ambitions.
Dans une adversité irréductible mais sourde, à l’intérieur du parti, grogne un clan qui ne peut comprendre que le parti soit une affaire d’un homme qui peut même le réduire à sa région pour faire croire que tout, vraiment tout, dans le parti et dans ce qui pourrait être les succès du parti ne viendrait que de là et de son leadership. Cette conception personnalisée et personnelle du parti, gêne bien d’autres militants qui croient à la démocratie et surtout à la nation et au socialisme vrai pour ne pas se sentir attachés à une telle perception étriquée du parti et de la politique. Le malaise, quoiqu’on dise, est donc réel, étouffé certes, mais il se vit et ils sont nombreux dans le parti à souffrir de ce que par l’ombre envahissante de l’ancien président, ils n’aient aucune perspective d’émerger, d’avoir accès à la lumière ; l’autre camp damant le pion à tous à l’intérieur du parti pour ériger son côté comme le seul bon. Après tant de spéculations qui annoncent un clash qui ne vient pas et une mise à nue des fissures qui traversent le parti, donnant pour candidats à succéder à Bazoum Mohamed à la tête du parti un certain nombre de responsables du parti, l’on ne peut que lire dans d’autres signes comment le parti gère cette transition, avançant stratégiquement le pion, le seul sans doute qui pourra s’affirmer pour une telle ambition, pour prendre la tête du parti. A la grande gloire d’Issoufou qu’on continue de chanter dans certains milieux du parti.
Premier signe…
Quoi que l’on puisse dire d’Issoufou Mahamadou et de son tandem qu’il forme avec le « grand-frère », le sieur Pierre Foumakoye Gado, l’on ne peut que reconnaitre l’intelligence qu’ils mettent à poser leurs « pièges politiques », et à dérouler méthodiquement leurs stratégies – sinon confisquer aussi – le pouvoir qu’ils découvraient, rutilant, en 2011 et plus qu’ils ne puissent le croire ; pouvoir qu’ils aspirent à domestiquer pour ne plus le perdre, isolé par leurs égoïsmes, dans l’île de leurs démesures. Les deux compères savent donc ce qu’ils font, travaillant à s’imposer au parti et à ranger au rang de marginaux tous les autres qui militent dans le parti pour ne faire d’eux que des sous-fifres, de farfelus sujets politiques dont le rôle se limiterait à applaudir et à vivre du bonheur exposé des privilégiés du ʺmonastèreʺ du PNDS, tenu justement par le tandem. Les observateurs avisés n’avaient donc pas tort de dire, depuis que quittant le confort du Pétrole au profit du Fils, que Pierre Foumakoye Gado nommé à la place de Seini Oumarou devenu Président de l’Assemblée Nationale, est plus le Haut Représentant de l’ancien président de la République que du nouveau. Ce choix millimétré n’est pas innocent et loin d’être le signe d’une cohérence inhérente au parti, est la preuve de la mainmise de Zaki sur le parti pour le gérer à sa guise, et pour le diriger comme une caserne, pour un agenda que les Nigériens finiront par découvrir, et avant tous, le PNDS lui-même. C’est donc un choix mesuré pour les ambitions et les ostentations d’un homme qui a cru qu’il est devenu le surhomme pour penser que le pays est désormais sa « chose ». Par l’Ami Pierre, il plaçait ses pions pour avancer dans le puzzle qu’il mettait en place, prenant l’alibi de se battre pour la démocratie alors qu’il poursuit la mise en place sournoise et impossible d’une dynastie dans le pays « reconquis ».
Brouiller les pistes…
L’homme et son Ami, nous l’avons dit, sont de fins félins qui ne vivent que les intrigues politiques afin de se promouvoir politiquement et socialement. Ainsi, dans la perspective du renouvellement des structures du parti et de la tenue du congrès qui devra choisir un nouveau président au parti, insidieusement, l’on annonce, par une rumeur cultivée à dessein, qu’un tel et un tel serait candidats pour diriger le parti. Quel et quel noms n’avait-on pas entendus, et jusqu’à Hassoumi Massaoudou, cet acteur plein d’avenir par ses vertus de gouvernance cultivés mais souvent annihilés par ses méchancetés politique, à qui, méthodiquement, l’on cassa des ailes pour lui enlever toute ambition politique, mais contenté d’honneurs dérisoires qui font de lui « ministre d’Etat ». En vérité, tout le monde sait que les noms avancés ne visent qu’à amuser la galerie car l’on sait que c’est en haut lieu, en marge du pouvoir, que se tramerait tout pour décider de ce qui devra prendre la direction du présidium du parti.
Deuxième signe…
Qui ne voit pas les arrogances que le Haut-représentant du président de la République – pardon d’Issoufou Mahamadou – peut avoir ces derniers temps, pour concentrer autour de sa personne et de sa « Haute-représentation » une affluence qui pourrait signifier aux yeux des militants qu’il déciderait plus qu’un autre pour le parti et peut-être aussi pour le pouvoir ? Quand on observe l’embouteillage qu’il y a dans son cabinet l’on ne peut que comprendre qu’ainsi l’on voudrait faire croire que le pôle de décision se trouverait à son niveau et que nulle autre personne qui ne se mettrait pas dans les rangs du monde qu’il crée autour de lui ne saurait trouver de place dans le système. Un autre rôle lui facilite la tâche, notamment l’intérim de la présidence qu’il assure statutairement, depuis que Bazoum Mohamed a accédé à la fonction suprême. Répondant désormais au nom du parti pour assurer la période transitoire, l’homme proche d’Issoufou sait ce qu’il a à faire pour honorer une proximité et une amitié séculaire qui a fini par tisser une fraternité d’occasion entre les deux hommes.
Deuxième signe…
Alors que les autres candidats annoncés fortuitement sans doute, sont restés tranquilles, ne pouvant avoir aucune initiative de propagande pour leur cause, l’on a vu le président par intérim et Haut-représentant du président de la République, aller dans diverses activités de différentes régions, évitant soigneusement pour le moment celle de Tillabéri peut-être acquise à Bazoum Mohamed pour y enraciner ses tentacules pour le prochain round qui doit consacrer définitivement, l’emprise de l’ancien clan et son lobby sur le parti et peut-être sur le pouvoir. Pour beaucoup d’observateurs de la scène politique nigérienne, l’intense activité politique que Pierre Foumakoye Gado se permettait alors que son prédécesseur dans le même rôle, ne saurait les initier, n’est autre qu’une campagne pour se faire connaitre au niveau des structures du parti. Qui d’autre, sans la licence d’Issoufou, peut se donner les mêmes extravagances, sans courir le risque du crime et de la déchéance, n’est-ce pas Hassoumi Massaoudou ? Ainsi qu’on peut le comprendre, l’homme de main d’Issoufou, après son « service civique » de la présidence du parti, gérant l’après Bazoum, peut légitimement aspirer à jouer le rôle lorsqu’officiellement le parti l’investira à la suite du prochain congrès.
Troisième et dernier signe…
Ce sont les réseaux sociaux très indiscrets qui apportent le dernier signe qui ne trompe pas. En effet, depuis quelques jours, l’on peut entendre une chanson dédiée au président de la Fédération de Dosso et quand on entend les louanges qui lui sont faits, l’on ne peut plus douter de ce qu’il sera le prochain président investi du PNDS-Tarraya, et ce, contrairement à ce que l’on a entendu jusqu’ici, sans remous, tous ne pouvant que se plier au dirigisme du « Lion » qui garde encore la haute main sur le parti auquel il peut toujours imposer ses choix.
Pourquoi ?
Il n’y aura pas la confrontation annoncée par certains milieux non pas parce que le parti serait le plus discipliné ainsi que certains veulent le faire croire mais parce que, face à la dictature de son « propriétaire », personne ne peut, dans le parti, lever le petit doigt pour broncher et contester ce qu’il décide. Au Niger c’est d’ailleurs, pour bien d’observateurs, le parti dans lequel, socialiste soit-il, il y a moins de démocratie, de contradictions car on sait la règle : dès qu’on ose une opinion contraire, l’on est systématiquement viré du parti. Mais l’on peut, après le purgatoire et la quarantaine imposée pour se discipliner, être réhabilité comme l’a connu amèrement le tout puissant des Finances d’une époque qui avait tort de croire que la démocratie pouvait se jouer dans son parti.
Faut-il alors craindre que ce ne soit qu’une manière pour Issoufou Mahamadou d’ajourner la montée en puissance de son enfant appelé à lui succéder à la tête du parti et de l’Etat ? Rien n’est plus sûr quand on sait que l’homme dont se sert aujourd’hui le Père lui est entièrement dévoué pour comprendre son devoir de gratitude après l’avoir propulsé dans l’Histoire du pays, comme premier ministre du pétrole, position qui lui a permis de sortir du besoin et d’ériger une fortune colossale sur laquelle il trône et qui pourrait d’ailleurs lui servir à conquérir le parti et l’ensemble de ses structures pour, peut-être, davantage gêner le Président Bazoum.
Il ne faut pas oublier, selon des indiscrétions reçues, que le camp Issoufou rêvait de diriger le pays pendant au moins trente ans, mais oubliant par le peu de foi qu’ils peuvent avoir, que l’Histoire est plus des choix incontrôlables du destin, de Dieu donc, que des hommes.
Et Bazoum Mohamed, au risque de s’en agacer, même auréolé de certains atours du pouvoir, pourrait finir par s’en agacer pour prendre ses responsabilités face à l’Histoire et face au peuple, les seuls par rapports auxquels il reste comptable.
Par Waz-za