Le 18 mars, le journal Le Courrier a publié un entretien avec Amadou Djidout, membre du mouvement de soutien d’actions citoyennes (MOUSAC/ HAMZARI). Cela fait de longs mois que l’on entend parler de ce mouvement, sans qu’officiellement, quelques voix, ne s’en revendiquent, pour afficher des visages connus des Nigériens qui seraient alors les porte-flambeaux du mouvement. S’il est vrai que certains pouvaient en douter, croyant plus à un certain rigorisme qui impose une certaine discipline dans le parti d’Issoufou, où personne ne peut oser élever la voix pour se mettre en travers du courant du parti tel qu’il est voulu par une certaine direction de son présidium. La vérité est qu’aujourd’hui, l’on parle de cette majorité muette au sein du PNDS qui croit que leurs leaders les ont trahis, et qu’ils ont trahi aussi bien le pays que le socialisme. Ces douleurs, réelles, existent dans le parti. Le PNDS n’est pas le paradis et il n’est que normal de trouver des contradictions en son sein et, notamment, par rapport à la gestion du pays qui, faut-il en convenir, ne correspond à aucune norme du socialisme ? Comment veut-on que pendant que des gens sont restés militer dans le parti, pendant trois décennies, que le parti, alors qu’il arrive au pouvoir, ne trouve rien à promouvoir que des épouses et une progéniture, laissant sur les carreaux tous ceux qui, pendant les années d’oppositions, avaient cru au socialisme et avaient courageusement résisté ? Peuvent-ils, eux, ne se battre que pour se nourrir du vent ?

On oublie trop vite dans ce qui fait le PNDS aujourd’hui, qu’il n’y a des militants qui n’ont rien à chercher avec Issoufou, pas même à Foumakoye, n’ayant que faire d’une fortune qu’ils pourraient avoir amassée depuis les dix dernières années, et peuvent de ce point de vue, être libres de leur conscience, pour croire mieux que ceux-là au socialisme et à un idéal politique par lequel ils nourrissent des ambitions nobles pour leur pays . Hamzari a donc donné de la voix et il dérange. Il dérange parce qu’il fait entendre ce que l’on ne veut pas entendre : la contradiction. Et pourtant le porte-voix de Hamzari que les lecteurs ont pu lire dans les colonnes de notre journal la semaine dernière n’a porté aucun message de haine sinon que de dire qu’il faut aider Bazoum à s’en sortir et à gouverner mieux pour le pays ? N’estce pas ce que veut le PNDS et son président Pierre Foumakoye Gado, du moins dans le discours qu’ils tiennent ? Pourquoi quand un autre dit qu’il voudrait soutenir le président de la République à gouverner mieux pour le bonheur des Nigériens, le parti s’agite, voit en celui qui parle, quand même ne nommant personne, un agitateur, un trouble-fête ? Bazoum, peut-il ne pas comprendre que le PNDS, ne se bat pas pour lui depuis qu’un autre qui voudrait le soutenir pour réussir, y est mal vu, torpillé et voué aux gémonies ? Cet agacement qui vient de certains milieux du parti, montre bien que ce parti, quoi qu’on dise, est divisé sur des intérêts qui ne sont pas les mêmes pour tous : assurer l’impunité pour la pègre du régime Issoufou ou gouverner bien pour le Niger dans la justice et l’équité.

De l’exaspération sortent des paroles qui fâchent…

Amadou Djidout n’a nommé personne mais peut-être que ceux qui, depuis la publication de cette interview exclusive, se mouchent se sentent morveux pour se reconnaitre à travers le narratif que développe l’acteur du mouvement Hamzari. On comprend qu’un certain clan du PNDS s’agite car voyant sortir de ses flancs un mouvement qui renie leur parti tel qu’il est géré et tel qu’il gère le pays. Et c’est d’autant troublant qu’on ne sait pas, alors qu’on s’en inquiète, qui et qui, sont dans ce mouvement qui prend forme et que la presse et certains milieux, annonçaient depuis des mois. Dijdout rassure qu’ils sont en train de travailler « […] d’arrache-pied pour porter dans les plus brefs délais Hamzari sur les fonts baptismaux ». A quoi peut d’ailleurs s’attendre ce PNDS tel qu’il est voulu par Issoufou et par son serviteur Foumakoye, quand ils ne veulent rien entendre des malaises et des plaintes en rapport avec leur manière de gérer le pays et le parti ? Peut-on regarder faire, juste pour le plaisir d’un clan qui prend le pays et le parti en otage ? Et on entend, Amadou Djidout, rassurer que « Hamzari est un mouvement qui finira par assurer un rôle politique », précisant qu’ils sont « […] sur la bonne voie et que rien ni personne ne saurait arrêter, Incha’Allah [leur] élan ». Et on entend des gens dire qu’un tel et un tel ne pèsent rien électoralement parlant, or qui, dans le PNDS pèse ? A Tahoua, n’avaiton pas été obligé de trafiquer les résultats ? A Agadez et en de nombreux autres endroits ? Ceux qui prétendent qu’ils sont les plus forts, ne peuvent pourtant pas le prouver par des élections transparentes et honnêtes ! Sinon, «Ga youka, ga nama !» ». Les Nigériens se savent bien au Niger.

Dans la parole de celui qui parlait, on ne peut entendre que le malaise que les Nigériens expriment tous les jours et que le régime mis en place par Issoufou depuis 2011 se refuse à entendre. Et comment ne pas croire Djidout quand il dit que « Le Niger a payé un lourd tribut des inconséquences des hommes politiques et même de notre part entant que Citoyens » ? Et on ne peut pas comprendre que certains milieux du PNDS souffrent d’entendre dire qu’il s’agit « d’amener les citoyens à savoir et pouvoir décider ensemble, de soutenir des actions loyales et rejeter les actes négatifs de tout bord ou acteur politique ». Qu’est-ce que le PNDS de Foumakoye et d’Issoufou peuvent ne pas aimer et comprendre dans de tels propos pour s’en offusquer tant ?

L’engagement de Hamzari semble d’autant plus assumé que celui qui parle dit que « Hamzari n’est pas en clandestinité mais en gestation. Quand tout sera prêt [finit-il par préciser], vous saurez de quoi et de qui il s’agit ». Ces paroles, il va sans dire, ne peuvent que rajouter à la panique au sein du PNDS qui a oublié que celui qui est fort, quoi qu’on fasse, est celui qui tient les rênes du pouvoir. On ne peut pas avoir le pouvoir et laisser un autre vous écraser. A tort, juste pour ses ambitions. Ainsi, on apprend que « Le mouvement aurait le soutien de « […] tous ceux qui, pendant trente (30) ans, ont vécu dans leur chair les affres de la politique politicienne et qui, au fil du temps, ont constaté à quel point ils ont été abusés et trompés par des individus aux idéaux frelatés ». Le Niger a besoin de changer et on ne peut pas croire qu’un discours qui le dit puisse déranger d’autres Nigériens. Pire, comment comprendre que ce PNDS qui prétend soutenir le président de la République et qui crie sur tous les toits que c’est lui qui a fait de Bazoum roi, se gêne d’entendre qu’un autre voudrait soutenir le Président Bazoum à réussir son mandat ? Hamzari ne dit rien d’autre que ce que pensent tous les Nigériens : Bazoum est dans un piège. Mais étant dans l’inconfort il n’a de cesse exprimé cette volonté de gouverner mieux, au nom du socialisme, et du leadership qu’il voudrait incarner à la tête du pays. Et ça gêne ! C’est pourquoi dira Amadou Djidout, « Si Hamzari soutient le Président Bazoum, c’est et ce sera parce qu’il prône des actions louables pour le Niger et cela mérite d’être soutenu. Il est grand temps que les Nigériens se démarquent de cette situation que tout le monde dénonce et condamne, et qui fait croire que le Président Bazoum est un otage aux mains de cercles vicieux d’hommes politiques sans foi ni loi […] ». On comprend ici certaines colères de la part de personnes qu’une telle parole pourrait heurter. Pourtant, cette situation n’a que trop duré. Et déjà deux ans sur les cinq à obliger un homme au tâtonnement, au surplace. Ça ne peut pas continuer. Si l’on a porté Bazoum au pouvoir, pour Hamzari, il doit gérer le pouvoir ! Il doit surtout réussir !

Un appel qui va au-delà du PNDS… Cet appel, lui aussi, dérange. L’appel du mouvement Hamzari, s’adresse à tous les Nigériens, de quelque bord qu’ils soient pour aider le pouvoir incarné par Bazoum, à sortir des sentiers battus. Aussi dirat- il, « Il faut que les Nigériennes et les Nigériens travaillent à le libérer de cette situation préjudiciable à l’intérêt général, entretenue par des hommes politiques qui, entre l’idéal qu’ils prônent et les actes qu’ils posent, il existe la mer à boire ». Le pouvoir n’est pas le bien d’un clan, mais un mandat du peuple qui « choisit » à qui il peut en son nom le confier pour une durée déterminée. Le pouvoir ne peut donc pas être la propriété d’un clan qui pourrait se croire plus fort et vouloir le manipuler à sa seule guise. C’est pourquoi, insiste-t-il, « Il faut que tous ceux qui pensent ou croient qu’il [Bazoum Mohamed] veut bien faire pour le Niger sortent de leur torpeur pour le soutenir à réaliser son rêve d’un Niger décomplexé de certaines pratiques de gouvernance. Un Niger dans lequel le citoyen n’aura pas besoin de s’identifier à un clan ou à une personne quelconque pour être respecté et servi ». Or, tout le problème du Niger que le clan Issoufou rêve de mettre en place est là : un Niger des inégalités où d’autres ne sont que des parias ! Faut-il donc croire que le PNDS ne fait plus partie de ceux qui veulent sincèrement aider Bazoum pour s’agacer d’une telle parole bienveillante pour l’homme qu’il prétend soutenir et vouloir pour le Niger ? Ça fait bizarre. Panique dans un certain sérail du PNDS…

On comprend qu’une peur panique s’empare de certains milieux du PNDS qui sont incapables de comprendre que, pour la survie de leur parti, il faut gouverner mieux, et donc qu’il faut changer de logiciel dans leur approche de la gouvernance du parti et du pays. Il n’est donc que légitime que le PNDS de Foumakoye panique, car lui, quoi qu’on dise, bosse plus pour l’ancien président que pour Bazoum, non pour le Niger et la réussite de Bazoum qui ne devrait pas servir leur agenda. Or Bazoum n’est pas cet « enfant » qui ne comprend rien à leur jeu. En vérité, le malaise est réel aussi bien dans le parti que dans le pouvoir. Et il faut bien que ce jeu malsain s’arrête pour permettre aux hommes et aux femmes qui sont engagés pour cette cause, pour le Niger, puissent se mettre au travail.

Depuis que cette interview a été publiée, le PNDS a perdu sa sérénité et, courant de réunions clandestines en réunions d’urgence, et notamment de groupes d’intérêt, un certain milieu du parti s’agite, cherche le moyen de contenir la petite bombe qui vient enfin de détonner au coeur des malaises que le sérail d’Issoufou a pourtant provoqués. Le mot d’ordre, on le sait, c’est de contrecarrer le mouvement qu’on voudrait à tout prix étouffer et empêcher l’éclatement, désormais inéluctable.

Or, on a entendu que rien et personne ne peuvent arrêter Hamzari. Et ça panique !

Mairiga