La situation politique du Niger, malgré l’accalmie somme toute trompeuse qui s’observe dans le pays, est préoccupante. On se demande depuis quelques années où sont les sages du pays, où sont ces leaders religieux et coutumiers qui ne peuvent oser une parole afin d’appeler les gouvernant et les autres Nigériens à regarder ce pays qui se meurt lentement malgré un certain discours qui donne à faire croire que tout se passe bien dans le pays, prétendant que « tout est le mieux dans le meilleur des mondes possibles ». Il n’en est rien. Il n’y a que trop de silences et de complicités dangereuses qui conduiront inéluctablement, si l’on n’y prend pas garde, le pays à sa perte. Les hommes politiques, à un certain moment, ont opéré des choix qui apparaissent aujourd’hui comme des erreurs politiques monumentales. Dans la sérénité qu’ils peuvent retrouver à travers leur isolement politique, et ce même quand ils sont du camp du pouvoir, chacun rumine aujourd’hui des douleurs, et même des regrets. Tous savent, dans les secrets de leurs silences, qu’ils avaient eu tort de se séparer, de se détruire, d’avoir prêté le flanc pour permettre à un autre de dynamiter leur part – le MNDS – qui leur permettait d’être dans tous les combats et d’être à chaque fois les gagnants ! Notre article de la semaine dernière  sur cette préoccupation avait eu un grand écho au sein de certains milieux politiques, et surtout auprès d’une foule de Nigériens qui reconnaissait qu’il y a urgence à sauver le pays avec pour stratégie ‘le rassemblement de ce que fut le MNSD’ d’une époque. Ce parti ne se battait que pour le pays mais ceux qui l’on animé, au cours de ces dix dernières années, peuvent se rendre compte qu’au lieu de se consolider, le pays s’est gravement désagrégé. Ils sont en effet nombreux à reconnaitre le tort que cet éparpillement a causé au pays et à sa démocratie. Ces échos favorables, que peut susciter notre écrit, témoignent de ce que les Nigériens sont capables de s’élever, et de savoir se mettre ensemble pour l’intérêt général.

S’inspirer des pères fondateurs….

Un parti politique se construit autour d’un idéal pour un pays, non pour servir d’outil dédié à la promotion d’individus, de quelques individus. Ceux qui, les premiers, créaient le MNSDNassara, depuis sa dimension de parti-Etat, savaient pourquoi ils le créaient et les fondations qu’ils mettaient en place pour lui donner une dimension nationale. On comprenait que, le mettant en place, ils se servaient de grandes familles de toutes les régions du pays pour lui donner une assise sociale solide capable de lui tenir longtemps contre les intempéries politiques et les aspérités de la vie. Mais, c’était sans compter avec les capacités de nuisance de socialistes, usant de zizanies et de dénigrements, pour saboter le vieil et gigantesque édifice que des hommes et des femmes, ensemble, dans un esprit de famille, s’étaient évertués à bâtir âprement pendant de longues décennies d’engagement et d’investissement. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Feu Moumouni Djermakoye Adamou, un des premiers grands concepteurs du « mouvement de la Société de Développement », considérait le MNSD-Nassara comme un « héritage commun ».

Il est aujourd’hui un besoin de l’Histoire que d’aller questionner cet héritage pour savoir ce qu’il en reste, et ce après que bien de ses premiers grands combattants aient tiré leur révérence, ne pouvant s’imaginer ce que devenait la belle et grande maison Nassara qu’ils construisaient pour le bien de l’homme nigérien. Qu’est-ce qui a pu arriver aux héritiers pour laisser ce patrimoine s’effondrer ? Ce MNSD d’une époque que l’on connait est un besoin impératif que l’Histoire commande et tous les acteurs, qu’ils soient du parti ou d’un autre qui en est issu ou pas, doivent s’imposer cet examen de conscience pour cerner ce besoin immense de dominer les affects, et de savoir pardonner pour se donner des mains et provoquer rapidement la dynamique qui permettra d’interpeller tous les acteurs afin d’aller dans une rencontre qui consacrera la refondation du parti Nassara. Si, après plus de douze années d’éparpillement, les uns et les autres se rendent compte que leurs aventures ne leur permettaient pas de s’affirmer sur l’échiquier et de prospérer, alors ils peuvent réaliser qu’il y a à faire amende honorable et surtout se regarder pour reconnaitre que ça ne va pas, non pas que pour le parti seul, mais pour le Niger tout entier et pour sa démocratie. Et depuis, tous peuvent voir à quel point ils peuvent être vulnérables et fragiles.

Lors de la tenue la réunion élective de la section MNSD Nassara de la région de Tillabéri, quand même l’on ne vit pas le faste et l’effervescence que l’on reconnait au parti dans la région, il reste que l’ardeur de ceux qui restaient était débordante d’engagement. Peutêtre d’ailleurs que les militants là, comme dans d’autres régions où la même instance se tenait, les militantes et militantes ont pu voir le désastre qui arrivait au parti : quand ce n’est pas le destin qui emportait de fervent militants qui ont connu et fait les temps de gloire du parti, c’est que d’autres, en des moments d’incompréhension, avaient choisi de s’en éloigner et aller ailleurs pour de nouvelles aventures. Se peut-il donc que tous comprennent l’urgence qu’il y a à se parler, à taire les vieilles rancoeurs, et profitant de ce mois béni que la communauté musulmane du pays s’apprête à accueillir pour se pardonner et se réconcilier.

Un bon signe…

Dans l’intervention du président du parti, Seini Oumarou, à Tillabéri, le week-end dernier, quelques mots ont laissé briller dans son discours quelques espoirs que la conscience de la reconstruction du parti mûrissait et prenait forme. En effet, en parlant, évoquant le parti, l’on a entendu le président du parti parler de « renaitre », et le disant, sans doute qu’il ne pouvait ne pas penser à cette option de la rencontre de tous les « enfants » du MNSD pour la renaissance de leur « mouvement », qui reste aujourd’hui, une des meilleures alternatives salvatrices pour un pays en crise.

Tous, avec le temps, ont fini par comprendre que ce PNDS qui les courtisait et les débauchait, en vérité ne le faisait pas parce qu’il les aimait ni parce qu’il pouvait nourrir de nobles ambitions pour le pays. Ce PNDS, après les dix années de gestion réussie sous Tandja, et la confiance recréée par la 5ème République entre les Nigériens et l’Etat d’une part, et entre les Nigériens et la politique d’autre part, comprenait qu’il n’avait aucune chance d’arriver au pouvoir tant que ce MNSD devrait continuer à prospérer et qu’il lui fallait « briser » le parti de Tandja Mamadou en divisant, et même en opposant ses responsables, hélas, en se servant d’arguments de bas étage selon lesquels, il fallait tout faire pour empêcher que le MNSD se maintienne au pouvoir et surtout que Hama Amadou, succède à Tandja Mamadou. Et le PNDS, réussit son coup. Mais qu’est-ce que le MNSD a gagné depuis qu’on le concassait ? Rien. Il suffit de considérer que les plus grands partis, après la stature trafiquée du PNDS, ce sont ceux-là qui sont issus du MNSD : à savoir le MNSD lui-même, le Moden Fa Lumana, le MPR Jamhuriya. Dans cette configuration, le MNSD, reste et restera le plus fort.

Il y a donc à sortir de cet enlisement pour ne pas disparaitre. Tout le monde peut comprendre aujourd’hui que le but poursuivi est de faire du parti d’Issoufou Mahamadou un parti-Etat qui, par la suite, pourrait s’enraciner dans une oligarchie dont les fondements sont en train d’être construits avec une progéniture du patronat socialiste que l’on promeut à la place de militantes et de militants du parti, connus, souvent depuis des décennies, mais aujourd’hui abandonnés à leur triste sort.

Les sages de tous les partis qui en sont issus doivent s’activer à provoquer les rencontres et à imposer le rassemblement, la reconstruction d’un parti qui, seul, peut sauver le pays dans sa configuration ancienne, capable de stabiliser le pays et de réinventer notre démocratie.

Mairiga