Depuis le début des vacances présidentielles, à la mi-août, les débats dans les salons feutrés de la capitale étaient dominés par un remaniement gouvernemental en perspective. Selon diverses sources politiques auxquelles le Courrier a pu accéder, le Président Bazoum va procéder à un remaniement de son gouvernement dès son retour de Tesker. Peutêtre même avant, précise- t-on. Aujourd’hui, trois semaines après ce retour annoncé comme étant un tournant dans la gouvernance, rien ne semble indiquer qu’il y a un remaniement dans l’air. Pourtant, la question est toujours d’actualité. Ce qui pose problème, c’est la succession d ’ O u h o u m o u d o u Mahamadou, l’actuel Premier ministre qui, soulignent des sources crédibles, ne pourrait pas continuer sa mission au regard de certaines réalités qui ne laissent pas de place à la spéculation. Le PM, d’un côté, serait vu comme un adepte de l’ancien président, de l’autre, comme un faible de tempérament qui se laisserait faire par le camarade Bazoum. Le titre et la fonction de celui-ci est carrément oublié dans une certaine sphère.

Bref, il faut un remplaçant à Ouhoumoudou. Mais, qui pour occuper le fauteuil de chef de gouvernement ? La question divise profondément le Pnds Tarayya. Selon des sources politiques proches du parti rose, deux candidats potentiels se disputent son fauteuil. L’un est soutenu par le clan Issoufou et l’autre, par Mousac-Hamzari. Autant dire que la confrontation, que l’on a pressenti imminente, notamment depuis la tournée d’Issoufou à Tahoua, en août dernier, est rude.

La situation n’a rien d’un hasard. Derrière chacun des deux candidats se trouve deux dynamiques qui semblent s’exclure, tant la logique et les objectifs qui les sous-tendent sont antinomiques. Selon nos sources, le congrès du Pnds, prévu pour décembre 2022, est dans la ligne de mire. La confrontation pour l’occupation du fauteuil de chef de gouvernement serait un combat d’arrièregarde, ce qui rend le consensus davantage difficile. Il faut dire que depuis quelque temps, les partisans de l’ancien président ne cachent pas leur ressentiment et étalent au grand jour leurs récriminations et leurs menaces vis-à-vis de « quiconque oserait trahir Dan Illéla », comme l’a dit Zakari Oumarou, l’ancien gouverneur de la région de Maradi. Des menaces qui visent en premier le Président Bazoum, accusé de trop s’écarter du sillon que lui a tracé l’ancien président.

Si l’on s’en tient aux dires et considérations des proches de ce dernier, Bazoum Mohamed, en accédant au pouvoir, ne devait toucher à rien, bouger quoi que ce soit et ne rien entreprendre sans la caution d’Issoufou Mahamadou. En face, dans le cercle des partisans de Hamzari, cela fait sourire et on rappelle volontiers le cas du général Djibo Salou qui n’a rien imposé à Issoudou Mahamadou dans la conduite des affaires publiques.

Le choix du Premier ministre, a souligné une de nos sources, sera déjà la clé de la lecture des évènements à venir. Ce choix, a-t-il dit, départagera les Nigériens quant aux perspectives en termes de gouvernance. En un mot, ils sauront si Bazoum Mohamed se bat pour une autre gouvernance ou s’il joue à les tromper.

Laboukoye