Depuis plusieurs jours aujourd’hui, le débat politique dans notre pays est essentiellement focalisé sur l’échange de propos peu amènes entre le président Bazoum et le Premier ministre P.i de la transition militaire malienne, le colonel Abdoulaye Maïga, à New-York, en marge des travaux de la 77e Assemblée Générales des Nations Unies tenus la semaine dernière. Comme on le sait, à l’occasion de cette rencontre, le président Mohamed Bazoum, a accordé un entretien exclusif à RFI et France 24 sur la crise sécuritaire prévalant depuis pratiquement 2012 au Sahel central, avec comme épicentre le Mali où cette crise a pris naissance pour gagner progressivement les pays voisins notamment le Burkina Faso et le nôtre pour étendre ses tentacules aujourd’hui à certains pays du golfe de Guinée (Bénin, Togo, Côte d’Ivoire). Lors de cette sortie médiatique, le président Bazoum, comme à son habitude, s’en est pris vertement à la junte militaire au pouvoir au Mali une fois de plus. Pour lui, les soldats n’ont pas pour vocation de gérer l’Etat, leur place c’est dans les casernes, c’est au front qu’ils doivent être pour combattre l’ennemi. A ce que nous sachions, notre pays n’est pas le seul pays voisin du Mali qui est gravement affecté par la crise sécuritaire. Il y a aussi le Burkina Faso qui est d’ailleurs plus impacté que nous par les attaques Jihadistes. A-t-on déjà assisté une seule fois à une attaque frontale des autorités burkinabè contre la junte militaire ? Non ! Pourquoi alors le président Bazoum en fait une fixation, en tirant à boulets rouges contre les autorités maliennes chaque fois qu’il en a l’occasion ? Est-ce que les Maliens s’en plaignent pour vouloir prendre leur défense ? Est-ce que les Maliens dans leur écrasante majorité sont pressés de voir les jeunes soldats quitter au plus vite le pouvoir au profit d’un régime civil ? N’apportent-ils pas un soutien sans faille au colonel Assimi Goîta et ses compagnons d’arme ? Pourquoi alors cette obstination de Bazoum à vouloir coûte que coûte présenter les colonels de la junte comme des usurpateurs, des renégats, une clique de soldats qui a pris les Maliens en otage ? Ce sont là autant de mots durs dont se servent Bazoum, Massoudou et consorts pour chercher à accabler la junte. C’est du ‘’karambani’’, comme dirait l’autre. La patience ayant ses limites, la junte a finalement décidé de riposter et il a choisi le cadre idéal, là où son message à plus de portée : la tribune des Nations Unies où à l’occasion de la 77e Assemblée Générale des Nations Unies tenue la semaine dernière à New York, le Premier ministre intérimaire du Mali Abdoulaye Maïga a asséné un coup de massue à Bazoum en le qualifiant purement d’étranger’’, à la tête de notre Niger. Une salve retentissante dont les vibrations de l’onde de choc continuent encore à secouer Niamey.

Pour les soutiens du président Bazoum, c’est un crime de lèse-majesté, une offense grave qui doit être réparée. Certains vont jusqu’à considérer qu’il s’agit d’une insulte à l’endroit du peuple nigérien, feignant d’oublier que ce débat sur la nationalité de Bazoum est parti d’ici, à l’occasion notamment des élections présidentielles 2020-2021, où plusieurs candidats auxdites élections ont ouvertement contesté sa nigérienneté de souche qu’ils ont attaquée devant les juridictions. Nul besoin de revenir sur toutes les péripéties qu’a connues l’affaire. Le PM par intérim malien n’a rappelé que ce qui a fait l’objet de débat intense au Niger. Il n’en fallait pas plus pour que des laudateurs du régime montent sur leurs grands chevaux pour traiter de tous les noms d’oiseaux le jeune colonel Abdoulaye Maïga, certains allant jusqu’à demander le rappel de notre ambassadeur en poste au Mali et d’autres formes de sanctions contre la junte. Ils feignent d’oublier que c’est Bazoum qui l’a cherché et il l’a trouvé. Chaque fois, dans ses interventions relatives à la crise sécuritaire, il s’insurge de manière virulente contre la junte qu’il voue aux gémonies, joue au paternalisme vis-à-vis du peuple malien comme si ce dernier ne sait pas ce qu’il veut, fait des clins d’oeil à la communauté internationale pour réagir contre la junte, etc. Est-ce normal en diplomatie, cette posture qu’il a toujours adoptée ? Assurément non ! Ceux qui s’agitent aujourd’hui en prétextant prendre la défense de Bazoum doivent regarder dans le rétroviseur. Bazoum l’a cherché, il l’a trouvé, point !

Tawèye