L’Opposition nigérienne n’a plus de voix. Voici des mois qu’elle ne peut plus se faire entendre même sur des questions d’intérêt majeur pour le pays, oubliant ses combats et ses engagements visà- vis du peuple. Il n’y a pas un seul leader, un seul parti qui tiennent la route, faisant le choix depuis que sa cohésion a volé en éclats, de se mettre en hibernation, plongée même dans un coma profond dans lequel elle semblent se complaire et se plaire, dégoûtée de la politique peut-être, mais sans doute de ce que, certains en son sein, sont incapables de s’assumer et d’assumer leurs choix politiques. Les attitudes qui frisent la trahison et qui ont eu raison de sa cohésion, n’auront servi qu’à dégoûter certains Nigériens de la politique quand, finalement, ils peuvent se rendre compte qu’on ne peut s’y comporter dignement, soutenant un jour une chose et un autre son contraire. Dans ces comportements des nôtres, peu nobles à la vérité, l’on ne voit aucune dignité à préserver en politique et notamment dans le comportement que l’on s’impose pour y faire carrière. Et depuis, rimant avec lâcheté et trahison, l’on ne peut lire chez les uns et les autres qu’un galvaudage de la démocratie.
Et le ciment de la cohésion nationale a cédé…
Il n’y a aujourd’hui aucune unité de principe et de lutte au sein des opposants, plus que jamais divisés, qui, depuis quelques mois déjà se sont éparpillés, certains, aux ventres plus fragiles, pouvant plus tôt regagner la gamelle rose, oublieux des critiques acerbes qu’ils tenaient contre le système, mais pouvant se discipliner pour se taire désormais pour manger dans le confort des ripailles d’une Renaissance qui se sert de leurs vulnérabilité alimentaire pour les rabaisser et même les humilier quand les Nigériens, peuvent encore se rappeler leurs héroïsmes de paille et leurs ardeurs guerrières d’une époque récente où, trompant sur leurs convictions, ils pouvaient faire croire qu’ils avaient une ligne de conduite qui impose d’avoir de la constance et de la cohérence dans leur cheminement politique. Et les Nigériens se demandent où sont-ils les grands guerriers d’hier qui prétendaient ne jamais accepter qu’on leur vole une victoire ?
Mahamane Ousmane
C’est l’homme qui avait affronté, au nom de l’Opposition, Bazoum Mohamed au deuxième tour de la dernière présidentielle, ferme quand même à l’époque à dire que jamais un autre ne pourra lui arracher sa victoire quand, parcourant le pays en compagnie de ses soutiens, il pouvait voir les foules immenses qui l’accueillait partout, soulevant un grand vacarme qui en dit long sur la volonté de changement d’un peuple las d’un socialisme revanchard qui arrivait au pouvoir sans programme de société viable sinon que de régler des comptes à certains Nigériens. Alors que tout, dans la logique de ce mot d’ordre que donnait toute l’opposition, contre toute attente, alors que d’autres lançaient les hostilités, lui pouvait faire un autre choix qui trahi la ligne directrice de l’Opposition plus acquise à la radicalité, il est partit vers des juridictions dont toute l’opposition contestait l’impartialité, pour faire croire qu’avec ses preuves irréfutables, «banquables» d’un point de vue du Droit, le Juge lui retournerait sa victoire arrachée. L’initiative n’avait jamais fait l’unanimité au sein de l’Opposition mais étant donné que c’était quand même lui le candidat – personne ne pouvant être plus royaliste que le roi ! – beaucoup de ses compagnons avaient commencé par l’abandonné dans sa démarche et dans son errance et ce jusqu’au jour où, enfin débouté par les « merveilleux » juges de la CEDEAO, il finit, en cohérence avec son choix et sa démarche, par en « prendre acte », et renoncer définitivement à revendiquer « sa » victoire. Et depuis, l’opposition ne pouvait plus se rassembler même pour faire une déclaration, chacun des membres marchant solitairement, presque dérouté, perdu sur les chemins. L’homme, pour les plus irréductibles aura trahi un combat et une confiance. Mais pour l’Histoire ça se paie aussi. Cash.
Le Moden fa Lumana et Hama Amadou
Ils croient être les plus trahis et cela peut aider à comprendre leur posture affichée depuis les arrestations à l’issue des troubles consécutifs à la déclaration des résultats électoraux, pour être plus discrets, souvent boudant certains déclarations initiées par le regroupement de l’Opposition dont le Moden Fa Lumana était la tête de proue, ne pouvant plus exprimer de l’intérêt pour les activités que « cette opposition sans âme » pouvait initier. Il y a de quoi quand pendant qu’on arrêtait plusieurs de ses membres – les seuls pour ainsi dire – les autres peuvent ne pas se sentir concernés par l’incarcération des militants du parti et de ses responsables dont le Président Hama Amadou, l’ancien Général Moumouni Boureima dit Tchanga et Saidou Tahirou, presque oubliés quand personne, depuis plus d’un an, ne sait évoquer leur cas, sacrifiant des hommes qui auront eu tort de compter sur l’engagement d’acteurs politiques qui ne jouaient qu’à se servir de la popularité d’un homme et de l’assise de son parti qu’il créait dans des conditions difficiles.
Amadou Boubacar Cissé, et autres…
On ne les entend plus et ils ne sont plus visibles. C’est à croire qu’à l’opposition ce n’est plus leur affaire, abandonnant à son sort un candidat qu’ils soutenaient et qui, par lui-même et par ses choix, mettait fin à ses combats politiques et certainement aussi à sa carrière politique que ressuscitait Hama Amadou. On ne peut d’ailleurs pas voir ceux qui se plaignent d’un certain comportement du parti de Hama Amadou à prendre les devants, et jouer le rôle d’opposants engagés au régime actuel. Les gens, auraient-ils seulement voulu profiter du parti de Hama Amadou que l’ancien régime, en agissant sur un identitarisme suranné, essayait de démolir, poussant certains militants à s’y détourner, fragilisant la cohésion nationale, sur un certain subjectivisme de mauvais aloi qui ne sied pas à l’homme qui a dirigé un peuple et qui pourrait montrer par un tel choix gravement partisan montrer qu’il pourrait ne pas mériter de diriger une nation faite de diversités et de différences qu’on a, en tant que chef de l’Etat, le devoir de réconcilier et de rassembler..
Depuis quelques temps, la seule voix que l’on peut entendre est celle du Président d’Amen-Amin, Omar Hamidou dit Ladan Tchiana et de celle, non moins virulente de Hamma Hamadou du parti de l’ancien chef de l’Etat, le Général Salou Djibo. Cet activisme dans ce rôle assumé devrait, selon certains milieux, coûter à Ladan Tchiana son retrait du capital de la Société d’Exploitation des Eaux du Niger, la SEEN où il garderait 24% des actions. Comme quoi, il n’est que très difficile pour la politique au Niger de s’élever, et de sortir des égouts.
Face à tant de silences, presque trahissant le combat d’un peuple, pour certains observateurs, cette opposition moche, et trop amorphe par ses contradictions internes et les trahisons qui la traversent, n’a que peu d’avenir et l’on se demande à juste titre si cette opposition n’a pas finalement abdiqué.
Mais alors, faut-il comprendre que cette opposition aura capitulé
La question est opportune. Et un tel choix aussi bien pour la démocratie que pour la survie politique des acteurs n’est pas le meilleur. Désormais, on a compris que le seul moyen de survie pour cette Opposition est la relance du dialogue politique qu’elle saisit pour espérer revenir dans le débat national, misant sur les professions de foi du nouveau magistrat suprême qu’elle contestait. Mais la marche du M62 aura montré que les colères restent encore enfouies dans le corps social, la grogne sociale pouvant à tout moment détonner dans un environnement régional devenu potentiellement explosif pour craindre pour le pays à son tour des jours difficiles.
AI