Alors qu’elle a été annoncée à grande pompe et était attendue avec impatience par de nombreux citoyens, la manifestation de l’opposition prévue pour le dimanche 8 septembre dernier a été reportée à une date inconnue. Intervenant sur des médias privés, le secrétaire général du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANA- AFRICA) Mahaman Sani Malam a tenté d’expliquer le report de cette manifestation par «problème de calendrier», sans en préciser lequel. Comme il fallait s’y attendre, l’annonce du report de la manifestation du dimanche a créé un véritable sentiment de déception chez de nombreux militants de l’opposition et même des simples citoyens rattachés aux principes démocratiques. Tous voulaient, à travers la manifestation reportée, sortir manifester leur désapprobation de la gouvernance du régime de la Renaissance et exprimer leur rejet du processus électoral, tel qu’il est actuellement caporalisé par le principal parti au pouvoir. On comprend donc toute l’amertume ressentie par ces nombreux Nigériens à l’annonce du report de la manifestation de l’opposition. Depuis, certains se demandent si cette opposition est réellement capable de prendre son destin en mains face à un pouvoir qui ne lui manifeste aucun respect. Totalement écartée du processus électoral et incapable de créer les conditions pour un respect normal des règles du jeu, cette opposition semble totalement résignée et réduite à ne publier que des communiqués de presse et des déclarations là des oppositions responsables et courageuses allaient constamment occuper la rue. Le drame de cette opposition est qu’elle manque des leaders aguerris et engagés pour des vrais combats politiques. Sinon, c’est l’une des rares oppositions nigériens qui disposent des militantes et des militants tellement engagés qu’on n’a pas besoin de leur distribuer de l’argent ou les transporter dans des bus pour les faire participer à une manifestation. A l’allure où cette opposition sommeille, il est clair que le pouvoir finira par totalement mettre le processus électoral sous coupe réglée et faire élire n’importe quel candidat qu’il veut. Les recours auprès des instances comme la CEDEAO, en cette ère où même les capitales occidentales ne se soucient plus du respect des normes démocratiques en Afrique, n’est qu’une perte de temps. Le vrai combat pour le respect des textes électoraux doit se faire ici au Niger ou ne se fera pas.
Madougou
19 septembre 2019
Publié le 11 septembre
Source : Le Monde d’Aujourd’hui